Sortir du Nucléaire, une catastrophe pour l’emploi ?
Article source de Fiscalité Environnementale
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Vous avez probablement dans votre entourage, des enseignants. C'est normal, ils sont plus d'un million, il est donc naturel que chacun d'entre nous en connaisse quelques-uns. Vous avez aussi probablement dans votre entourage autant de personnes qui travaillent dans le nucléaire. Non ? Inexact ? Pourtant EDF nous dit qu'un million de personnes travaillent dans ce secteur !
Dans les médias, ces derniers jours, les chiffres de l'emploi dans l'industrie nucléaire ont fluctué. On a entendu, et lu, 700 000 personnes, puis le PDG d'EDF, Henri Proglio, nous a dit un million, on a avancé aussi le chiffre de 400 000 personnes. Que faut-il comprendre ?
EDF compte dans son million, 500 000 emplois dans l'industrie "gourmande" en énergie. Le raisonnement est le suivant : si on sort du nucléaire, l'énergie devient trop cher, ces entreprises vont se délocaliser. Ce raisonnement est très discutable : d'abord, il est parfaitement contestable que l'énergie nucléaire soit moins chère à l'avenir. Ensuite, le faible coût du kilowatt français est une exception typiquement hexagonale, presque partout ailleurs, l'énergie est plus chère. Pourquoi les industries partiraient pour retrouver les mêmes tarifs ailleurs ?
Ensuite, EDF compte 100 000 emplois que la filière nucléaire espère créer à l'avenir en se développant : EDF rend responsable par avance les anti-nucléaires d'emplois qui n'existent pas encore !
Reste 400000 emplois mais ceux-ci comprennent les emplois directs, les emplois indirects (sous traitant, entreprise à l'activité associée) et les emplois induits (les commerces et activités de service pour la population travaillant dans le secteur). En réalité, la filière n'emploie directement que moins de 150 000 personnes en comptant la recherche, le traitement et le stockage (qui resteront quoi qu'il arrive !) et probablement les emplois liées à la défense nucléaire.
On mesure la vaste fumisterie que représente ce chiffre d'un million. Plus sérieusement, regardons les emplois perdus par la fermeture d'une centrale. Prenons l'exemple de Gravelines. Avec ses 4 réacteurs, il s'agit de 1600 emplois, soit 400 par réacteur ! Or la France dispose de 59 réacteurs réparties dans 19 centrales. L'accord PS-verts prévoit la fermeture de 24 réacteurs d'ici 2025, soit la perte directe de ... 10000 emplois en 13 ans !
On est loin du catastrophisme des pro-nucléaires. Les 408 térawattheures produites par le Nucléaire représente un ratio de 60 emplois par térawattheure, si on ne compte que l'entretien des centrales.
Tournons-nous maintenant vers les énergies renouvelables. L'Allemagne emploie, en 2010, plus de 350 000 emplois dans les ENR. Un quart seulement de ces emplois sont pérennes car ils correspondent aux opérations d'entretien et de maintenance ; le reste des emplois provient de l'installation de nouvelles centrales solaires, éoliens ou au biogaz. Mais la filière ENR allemande produit plus de 100 térawattheures par an. Le ratio des ENR est donc de 700 emplois par térawattheure, en ne comptant que les emplois stables de maintenance et de gestion des centrales.
On peut donc dire que le secteur des ENR représente douze fois plus d'emplois que le nucléaire. Et cela sans compter tous les emplois que va créer la filière pour voir monter en puissance les ENR avec toutes ces éoliennes et ces centrales solaires et au gaz qu'il va falloir construire.
Tous le discours autour du nucléaire, industrie de l'avenir et de l'emploi s'écroule devant l'évidence : les énergies renouvelables ont des avantages indéniables pour l'emploi. En ces temps de crise, il faut seulement trouver la méthode qui va permettre de financer leur développement.
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