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Etudiant en art et ethnologie, rêveur et grand amateur de surfaces libres.

À tout les visiteurs !

Je m'intéresse particulièrement aux sujets politiques qu'ils soient sensibles ou non, je ne suis affilié à aucun groupe politique. Néanmoins je ne suis pas apolitique car je pense que chaque être humain est politique.

Les articles et documentaires que je partage ici posent des questions mais ne reflètent pas nécessairement mon point de vue dans sa totalité sauf si je suis l'auteur du document partagé.

J'ai créé cette plateforme afin de mettre en avant un certain type de contenu, d'informations qui me semblent pertinentes et je vous encourage à faire le tri à votre guise.

Le débat est ouvert !

Bonne visite !

PS : Vous pouvez aussi me retrouver sur http://99lefanzine.com/

« 12 Years a Slave », le film sur l’esclavage qu’on ne peut oublier


Article écrit par Fatizo


L’histoire :
Solomon Northup est un jeune noir libre de l’Etat de New York. Il gagne sa vie en tant que charpentier et joueur de violon. Il vit avec sa femme et ses deux enfants lorsqu’il est approché par deux artistes qui utilisent ses services puis le saoulent. Il se retrouve enlevé et vendu comme esclave. Sa vie d’homme libre n’est alors plus qu’un lointain souvenir remplacé par les coups de fouets, les humiliations, et le travail dans les plantations de cannes et de coton pendant 12 longues années en Louisiane.

Il faut le dire, "12 Years A Slave" n’est pas un film facile à regarder, il s’agit d’une fureur qui contamine chaque plan sans jamais s’extérioriser totalement, avec des séquences de torture presque en temps réel.
Ce film est un véritable choc, un véritable uppercut qu’on vous file dans la tronche. Il vous prend à la gorge dès les premières minutes et ne vous lâche plus. Ici l’esclavage nous est montré à l’état brut. Très rapidement on souffre pour Solomon Northup, on souffre avec Solomon Northup, on devient Solomon Northup.
Les coups pleuvent, les plaies saignent, les humiliations s’enchaînent, et les larmes coulent. Toutes les souffrances qu’endurent Solomon sont plus insupportables les unes que les autres, et deviennent celles de chaque être humain.
Lorsqu’on est devant le grand écran, on se dit que Solomon Northup n’est plus seulement cet esclave victime de la barbarie, de la lâcheté, et de la folie de riches propriétaires du Sud des Etats-Unis, mais qu’il devient le symbole de toutes les atrocités présentes et passées faites par l’homme sur l’homme au nom d’une idéologie, d’une religion ou d’un pouvoir.

Oui, il y a dans "12 Years a slave", des scènes d’une violence insoutenables, et ceci dès le début du film.
Mais la scène la plus forte du film est à mes yeux celle où après s’être opposé à un contremaître blanc qui voulait le tuer, Solomon Northup est laissé pendu à une corde, avec juste un écart suffisant avec le sol pour que, sur la pointe des pieds, dans la boue, il ne meurt pas tout de suite. Au début, Northup occupe seul le centre de l’écran, où il se débat au prix de sautillements insoutenables, puis en arrière plan, on voit apparaître petit à petit les autres esclaves qui vaquent à leurs occupations comme si de rien n’était, en prenant bien soin de ne pas jeter un regard vers celui qui est devenu l’esclave Platt. A un moment on voit même des enfants jouer et rire, comme pour mieux nous souligner que de telles scènes étaient d’une grande banalité à l’époque de l’esclavagisme. Seule une jeune esclave viendra à un moment lui apporter un peu d’eau.
Tous les enjeux du film sont contenus dans cette scène-clé, qu’il s’agisse de la cruauté des blancs considérant les noirs comme des biens périssables, ou de la passivité d’une population soumise à la pire exploitation de l’homme par l’homme.
Steeve Mac Queen nous fait réfléchir également sur les différents "propriétaires" de Platt.
Ainsi le premier maître de Solomon, William Ford, se révèle être un humanisme. Mais on le voit à plusieurs reprises manquer de courage lorsqu’il faut s’opposer aux pires cruautés des excès de salauds blancs qui l’entourent. Le second est l’horrible Epps, ce malade hyper-violent attirée par sa « meilleure ouvrière », Patsey ?
Outre les violences physiques, Solomon doit subir les pires humiliations de la part de ce malade d’Epps. Quel pire supplice en effet pour Solomon que de se retrouver obligé de fouetter la pauvre Patsey, tout cela encouragé par la jalousie excessive de l’épouse d’Epps.

On retiendra, bien sûr, la performance de Chiwetel Ejiofor dans le rôle de Solomon Northup. Avec force et justesse, il réussit une performance étonnante et captivante. Autant dans la maîtrise de silences, la profondeur de son regard que par l’impartialité de son jeu. Et que dire de Michael Fassbender tant la perfection de son jeu dans ce rôle d’esclavagiste fou et sadique est impressionnante.
A signaler également la performance de la jeune Lupita Nyong’o, qui est bouleversante de détresse dans le rôle de Patsey.
On n’oubliera pas les quelques mémorables scènes de gospel et les magnifiques décors naturels de la Louisiane.
Quant à Steve McQueen, il signe ici un film sur l’esclavage comme on n’en a rarement vu. De plus, il nous oblige à regarder en face les atrocités dont l’homme est capable.


Noam Chomsky, Coluche, et l’autodéfense intellectuelle


Article source d'Agoravox écrit par Gruni


Les livres de Noam Chomsky et pourquoi pas certains textes et citations de Coluche, l'histoire aussi, voilà déjà un bon début d'autodéfense intellectuelle. Hélas, pour les téléspectateurs de TF1 et les lecteurs de Closer, c'est déjà presque trop tard tellement le décervelage est déjà avancé. Moi-même étant incurable, je sais de quoi je parle.

Coluche disait qu'on ne peut pas dire la vérité à la télévision car il y a trop de monde qui la regardent. Si Chomsky avait rencontré l'enfoiré, le philosophe et l'humoriste seraient probablement devenus des potes. Car les médias sont également une des cibles privilégiées, avec l'Empire, de Noam Chomsky et cette citation, "L'endoctrinement n'est nullement incompatible avec la démocratie, il est son essence même" peut parfaitement s'appliquer à quelques exceptions près à l'ensemble de la machine médiatique qui en principe devrait nous informer objectivement. Coluche avec sa plume quelque part et sa gouaille n'a jamais non plus ménagé le monde politico-médiatique et dénoncé à sa façon le conditionnement généralisé de l'électeur-consommateur. Souvenez-vous de son sketch sur les lessives avec l'une qui lavait plus blanc que blanc, l'autre qui était soi-disant anti-redéposition, sans oublier la poudre capable de laver à l'intérieur d'un noeud. C'était drôle, l'artiste était génial mais surtout il réveillait par le rire l'esprit critique du spectateur, il l'éduquait mais ne faisait qu'effleurer la gravité de l'escroquerie intellectuelle. Et puis lorsque le clown décida d'aller plus loin en se présentant à la présidentielle, on, ou plutôt eux, lui firent comprendre que le jeu avait assez duré et qu'il devait rester à sa place d'amuseur public. Chomsky va beaucoup plus loin, est-il menacé, peut-être, dénigré sûrement. 
Vérité de La Palice me direz-vous, voyons tout le monde le sait que les États, les multinationales et la finance sont liés, d'ailleurs quelle est la différence entre une démocratie et un régime totalitaire. "La propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures" selon Chomsky, ce qui ne veut pas dire que la propagande n'est pas utilisée par les dictateurs, au contraire, et que la guerre n'est pas utilisée en démocratie pour le profit des uns au détriment des autres. D'ailleurs au sujet de la guerre ne faut-il pas donner la parole à un expert mort dans sa cellule après avoir croqué une capsule empoisonnée pour échapper à la pendaison. 
"Bien sûr, le peuple ne veut pas la guerre. C'est naturel et on le comprend. Mais après tout, ce sont les dirigeants du pays qui décident des politiques. Qu'il s'agisse d'une démocratie, d'une dictature fasciste, d'un parlement ou d'une dictature communiste, il sera toujours facile d'amener le peuple à suivre. Qu'il ait ou non le droit à la parole, le peuple peut toujours être amené à penser comme les dirigeants. C'est facile, il suffit de lui dire qu'il est attaqué, de dénoncer un manque de patriotisme des pacifistes et d'assurer qu'ils mettent le pays en danger. Les techniques restent les mêmes, quel que soit le pays."
Hermann Goering
Cette déclaration de Goering, même si elle date du procès de Nuremberg est toujours d'actualité car rien n'a changé. "Les techniques restent les mêmes", un savant mélange de mensonges avec quelques vérités évidentes, du sophisme. Des médias souvent subventionnés qui ne disent pas tout, tirent des écrans de fumée, divertissent le peuple pendant que d'autres pillent, massacrent et épuisent les ressources de la planète en toute impunité. Dans ce jeu de dupes, fort logiquement les lanceurs d'alertes sont considérés comme des illuminés, des traîtres ou des complotistes et certains le sont réellement ce qui complique encore la perception de la réalité.
Pour terminer une dernière citation d'une brûlante actualité de Noam Chomsky, un enfant ou descendant des Lumières comme il le prétend lui-même. Une phrase qui ravira les fans de Dieudonné et tous ceux nombreux qui s'inquiètent pour la liberté d'expression.
"Si l'on ne croit pas à la liberté d'expression pour les gens qu'on méprise, on n'y croit pas du tout"

Dieudonné, Taddeï, la LICRA : le jour où la liberté de pensée vacilla


Article écrit par Nolive Roip sur Agoravox

Le 10 Janvier 2014, dans l'émission "Ce soir ou jamais" présentée par Fréréric Taddeï sur France 2 s'est tenu un débat sur l'humoriste controversé Dieudonné. Étaient présents Alain Jakubowicz, Président de la LICRA, Agnès Tricoire, avocate de la Ligue des droits de l'homme, Jean-François Kahn, éditorialiste et écrivain, Jean Bricmont, essayiste, Emilie Frèche, écrivain, Gerald Garutti, metteur en scène et auteur, Hector Obalk historien et critique d'art et Eduardo Rihan-Cypel Député et porte-parole du PS.

Dans le dernier tiers de l'émission un dialogue surréaliste a alors eu lieu entre Jean Bricmont et Jean-François Kahn au sujet de la phrase suivante de Voltaire : "Pour savoir qui vous dirige vraiment il suffit de regarder ceux que vous ne pouvez pas critiquer". Ambiance :
Jean Bricmont : Il y a une phrase de Voltaire que de plus en plus de gens répètent et si j’étais vous, je ferai attention à ça , ils disent « si vous voulez savoir qui a réellement le pouvoir, demandez vous de qui on ne peut pas parler "…( silence)… sans commentaire !
 Brouhaha général
-J-F K. : Cela dit ça, c’est une phrase antisémite ! 
-Rihan-Cypel : Oui !
Jean Bricmont : Pourquoi elle est antisémite ? 
-J-F K. Bah vous savez pourquoi… (rire de fond) … alors là faut pas quand même faire un dessin …ha ha ha.
-Jean Bricmont : Mais je dis simplement qu’ elle n’était pas antisémite chez voltaire.
- J-F K : Ah là bah oui ,parce que …heu…en même…a…ca dép… c’est une phrase … mais parce que ça dépend … à partir ....
-Jean Bricmont : Pourquoi elle devient antisémite ? Parce que qui essaie d’ empêcher qu’on parle d’eux ?
- J-F K : Aaaaah
 
Voilà où nous mène le système de la lutte antiraciste tel qu'il est organisé depuis plus de 30 ans en France. Car oui, je le pense, cette situation de fait est sans aucun doute liée à l'influence que peuvent avoir sur la société et le débat public , des associations telles que la LICRA, autorisées à se porter partie civile dans une affaire liée à la lutte contre le racisme et à poursuivre toute personne tenant des propos contraire à sa définition du racisme. Etant donné qu'elle seule choisi de poursuivre ou de ne pas poursuivre.
Retour sur un moment de télévision mémorable tant le contenu de l'émission sur la liberté d'expression, que sur la forme et la tolérance des intervenants vis a vis de ceux qui n'auraient pas la même opinion qu'eux... Accrochez-vous ce sera long car le sujet mérite qu'on s'y attarde réellement, nos libertés fondamentales étant cette fois en jeu et pas simplement la "simple" liberté d'expression d'un humoriste.
Le mensonge au service la lutte contre l'antisémitisme. 
L'émission de Frédéric Taddeï commence donc par une tirade de l'avocat et président de cette "institution" de la lutte contre les propos antisémites qu'est la LICRA, Mr Alain Jakubowicz. Aucune coupure lorsque cette personne parle. Silence religieux. Les propos attribués à Dieudonné sont pourtant incomplets, voire mensongers (cf l'excellente analyse de Robin des villes sur Agoravox). Mais personne n'interrompt, personne ne dit rien. En tant que simple téléspectateur, donc a priori moins bien renseigné que les personnes sur le plateau, je me pose donc la question suivante ? Les gens ont-ils peur de contredire cet homme ? Ou ne savent-ils pas que les propos rapportés sont tronqués, voire faux ?
Serait-ce risquer d'être taxé associé à Dieudonné et donc taxé d'antisémitisme d'oser dire à Mr Jakubowicz qu'il se trompe, voir qu'il ment effrontément ?
Je m'interroge. L'émission continue. A peine l'essayiste Jean Bricmont commence-t-il à parler qu'il se fait descendre par Emilie Frèche sur la photo de son facebook , que Alain Jakubowicz lui sort grosso merdo qu'il ferait mieux de ne pas parler du tout et enfin le député socialiste Eduardo Rihan-Cypel , qui apparemment se rêve professeur de philosophie tout au long de la soirée lui assène sèchement , vulgairement que ses réflexions ou opinions philosophiques sont complètement erronées et qu'en gros il a toujours été et restera un imbécile sur le plan philosophique et donc que son avis ou ses opinions on s'en balance...

Incroyable mais vrai, la suffisance, le mépris avec lesquels un élu du peuple, prétendument de gauche, qui dit avoir étudié la philosophie ose s'exprimer dans une émission de débat public. Car dois-je le rappeler il s'agit bien d'un débat. On est donc supposé attaquer les idées et non lâchement les personnes. Belle image de tolérance, du "camp des justes" comme il semble falloir les appeler. Je ne comprends pas, abasourdi devant mon écran, le "débat" commence bien.

Ou l'on s'aperçoit, invraisemblablement que tenter de définir l'antisémitisme est... antisémite.
Qu'a dit cet homme pour mériter autant de mépris de la part de ses interlocuteurs ?
Il a tenté de poser la question de l'antisémitisme, ou plutôt de sa définition. Question que je pose à mon tour aujourd'hui ? Qu'est ce que l'antisémitisme ? De quoi peut-on et ne peut-on pas parler ? Je veux savoir.
Est ce un affront au peuple juif que de demander une définition de ce concept, afin que peut être, on puisse , en sachant exactement de quoi il s'agit éviter de choquer les personnes concernées, en évitant donc certains propos ou réflexion ou qu'au moins l'on nous dise ce qui est permis de ce qui ne l'est pas. Vous l'avez noté je parle de peuple juif. Mais est-ce déjà une vision raciste que de parler de peuple juif et non simplement de juifs ? Doit-on parler de juifs, de personne de confession juive, israélite ou de peuple juif ? On ne sait pas.
On en vient déjà à se demander si se poser la question est malvenu. Fichtre.
Et pourtant la LICRA semble avoir la réponse dans son acronyme. Lutte Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme. On distingue donc le racisme classique du racisme anti-juifs donc. Que dire de cela ? Se poser la question de cette différenciation, voire de cette hiérarchisation est-ce de l'antisémitisme ?
Si l'antisémitisme est une forme particulière de racisme alors peut être doit on parler des juifs en tant que peuple juif, que race même ?
Mais alors si l'on parle du peuple juif, pourquoi reproche-t-on aux gens de faire un amalgame entre les juifs et l'Etat juif d’Israël ? Vu qu'en théorie un peuple habite son pays soit Israël en l'occurrence si l'on parle des juifs. Est ce antisémite de se poser cette question ?

Si l'on parle d’Israël comme étant l'état qui représente les juifs, en tant que peuple souverain, critiquer cet état, est-ce donc une critique antisémite ? S'opposer aux idéologies pro-Israel serait-ce également de l'antisémitisme ? Je m'interroge, moi aussi. Et cela depuis le lycée, et j'ai 33 ans aujourd'hui... Mais vu que cela est impossible d'en parler sereinement. Pas de réponse.

Si l'on parle d’Israël dans un débat sur l'antisémitisme, ou sur Dieudonné vu que les deux notions sont étroitement liées. Si, si, lisez la presse à son sujet depuis son sketch sur un colon juif chez Fogiel en 2003... On va alors sûrement parler de la Palestine comme Mr Bricmont. La Palestine, État, ah non excusez moi , déjà évoquer la Palestine en tant qu'état c'est de l'antisémitisme peut être ? attention ? Mais donc citer simplement la Palestine quand on parle des raisons de l'antisémitisme, c'est être antisémite alors ? Mazette ! 

Mais alors si l'on commence à évoquer le fait que peut-être le sionisme est la cause d'une (grande ?) partie de l'antisémitisme dans le monde, ou seulement si on s'interroge sur cette possibilité, c'est antisémite également ?
Si l'on parle de la Palestine et d'une éventuelle contestation de la politique d'Israël, certains vont aussi être tentés, comme a justement essayé de le faire Mr Bricmont chez Frédéric Taddeï , d'évoquer le droit au retour des Palestiniens. Si comme a avancé assez logiquement je crois ce dernier, si des personnes chassées d'une terre il y a 2000 ans, peuvent demander a retourner sur ces terres, qu'en est-il de celles qui ont été chassées de chez elle il y a 50 ou 100 ans ? Est-ce de l'antisémitisme que de parler de ces sujets ?

Enfin, réflexion plus personnelle, Monsieur Jakubowicz a été présenté en début d'émission comme celui qui pourchasse la bête infâme. L'antisémite. Dieudonné. Mais alors si on en vient a se demander si cet acharnement de la LICRA ( de Jakubowicz ?) sur Dieudonné n'a pas été au final contre-productif et finalement source de sa "radicalisation" et de son antisémitisme supposé, ce raisonnement est-il antisémite lui aussi puisque qu'il remettrai en cause Alain Jakubowicz dans sa propre intelligence alors que lui seul semble pouvoir dire ce qui est ou n'est pas antisémite. L'antisémitisme ne serait alors pas ce que l'on croit ?

Et Voltaire arriva...et se fit traiter d'antisémite.
Après moult échanges, creux pour la plupart, puis finalement inutiles puisqu’aucune définition claire n'est finalement retenue sur le sujet qui nous intéressait à la base... arrive l'épisode surréaliste ou Jean Bricmont cite Voltaire et est immédiatement repris par Jean-François Kahn qui lui assène que la phrase qu'il vient de prononcer est antisémite. Heureusement j'étais déjà assis dans mon canapé. La chute aurait pu être violente autrement.
Quand on en vient finalement à dire que lorsque Voltaire affirme "pour savoir qui vous dirige il suffit de voir qui vous ne pouvez pas critiquer" alors que cette critique de l'époque visait incontestablement le roi de France, et que cette phrase est antisémite car cela voudrait dire que l'on sous entend aujourd'hui que l'on ne peut pas critiquer les juifs, donc qu'ils nous dirigent, donc que nous sommes des affabulateurs, infâmes supporteurs paranoïaques de la théorie du complot et donc antisémites, on a perdu la raison. Excusez moi du peu. 
Car ce n'est même plus de la liberté d'expression dont il est question ici. Bienvenue dans la science fiction. Minority Report vous a plu ? Vivez le ! 

On s'immisce maintenant dans notre raisonnement. On cite une phrase, simple, verbe, complément, sujet, aucune référence aux juifs, au judaïsme ou quoi que ce soit. Boum, le verdict tombe : antisémite !
Suis-je le seul à voir cette incroyable ineptie ?
Evidemment non, quand je regarde les réactions ou autres commentaires en bas des articles de la presse mainstream sur l'affaire Dieudonné, une énorme proportion, très souvent au moins équivalente à la moitié des interventions sont dans le même état d'esprit. On tente par tous les moyens de nous imposer comment penser. Ainsi on diabolise, les gens qui osent parler de Dieudonné sans commencer par "je n'aime pas ce type", "j'exècre ses propos", ou "cet ex-humouriste antisémite notoire" sont tout de suite catalogués "fans", et donc sans cervelle, incapables de juger le bien du mal, antisémites pour la plupart, des animaux presque. On y verrai presque du racisme si on était malhonnête.

Mais aujourd'hui que l'on aime ou pas Dieudonné, que l'on soit en mesure de comprendre ou pas son humour, que l'on aime ou n'aime pas les juifs...ce n'est même plus la question. 
C'est terminé. C'est très simple a dit notre cher représentant du Parti Socialiste, élu du peuple (non élu ?). Vous n'avez plus le droit de vous interroger, de penser ce que vous voulez. 

Le jour noir où la Liberté de pensée commença à vaciller...

Non vous ne rêvez pas, non je n'exagère rien. Reprenez les articles de presse ou reportages de ces dernières semaines, dans le Monde, BFM TV, Libération, Le Point et autres. C'est bien la liberté de pensée que l'on va enterrer bientôt avec ce type de raisonnement. On doit penser correctement. Comme il faut. Dans les clous. Sinon on devient un cerveau malade. Antisémite.


Mais excusez-moi de poser encore des questions car je ne suis bon qu'à ça : qui décide de cela ?

Monsieur Patrick Cohen, neurologue amateur à ses heures et amateur de liste de cerveaux non homologués ?

On ne fait pas la quenelle car c'est un geste de sodomisation des victimes de la Shoah. Mais qui a définit cela ? Monsieur Jakubowicz, sociologue patenté et lutteur antiraciste diplômé ?

Ou bien encore la quenelle est un salut nazi inversé dixit Mr Rogier Cukierman, président du Conseil représentatif des institutions juives de France ?

Depuis quand doit-on écouter les associations religieuses nous dire ce qui est bien ou pas ? N'a-t-on pas fait une révolution pour que chacun reste à sa place dans notre société ?

Qu'a-t-on donc encore le droit de penser ? Quels sont encore les sujets sur lesquels ont peut avoir une opinion en France en 2014 ? Je vais même plus loin que la simple opinion, mais sur quoi peut-on encore s'interroger sans être taxé d'antisémite ?
Exemples. En désordre .
Les musulmans acceptent les caricatures du prophète mais les Juifs aucune dérision sur la Shoah , est-ce normal ? Antisémite . 
Les chrétiens doivent supporter les actes blasphématoires des Femen ou les blagues sur les anti-mariages pour tous mais les juifs pas les blagues sur les chambres a gaz ? Pourquoi ? Antisémite .
Notre ministère de l'intérieur aurait-il mis autant d'énergie a combattre la haine en la personne de Dieudonné, si comme il l'a dit et répété il n'était pas lié à jamais aux juifs et a Israël , sa femme étant juive ? Cette situation personnelle l'empêche-t-il d'avoir le détachement et l'objectivité nécessaire dans ce dossier ? Antisémite .
Les propos de Dieudonné sur le journaliste , juif effectivement , Patrick Cohen, font suite a une série d'attaques de ce dernier qualifiant l'humoriste de "cerveaux malades" et de personne à mettre et à laisser sur une liste noire d'invité. Se demander si ce comportement d'exclusion de l'autre , d'appel a la censure est digne d'un journaliste ou si finalement cette personne n'est pas en partie responsable de la réponse cinglante que Dieudonné lui a réservé dans un de ses sketchs , c'est antisémite également ? Pourquoi ne peut on pas au moins poser la question ? Aucun média n'a osé le faire ? Antisémite ?
Quand on se demande pourquoi on laisse dire devant des millions de téléspectateurs que Dieudonné a demandé la libération sans condition de Youssouf Fofona, raclure de son état, tueur et tortureur de juif, alors que l'on sait pertinemment que cet énième acte de provocation pour dénoncer selon lui le 2 poids 2 mesures en France a été réalisé suite à l'affaire Saïd Bourarach, veilleur de nuit maghrébin retrouvé mort dans un canal parisien et dont les agresseurs présumés, tous de confession juive ont été remis en liberté et qu'aucun journaliste ne prend la peine de donner l'information complète ? Antisémite.
Lorsqu'on entend Arnaud Klarsfeld, membre du Conseil d'Etat, affirmer impunément pendant des jours dans les médias, et alors qu'il appelle aux troubles à l'orde public en direct (je l'écris mais n'y crois toujours pas) que Dieudonné a regretté qu'il n'y ait pas plus de juifs tués dans les chambres à gaz et que ses spectacles sont en réalité des meetings anti-juifs et que l'on se demande comment les journalistes en face de lui le laissent mentir de la sorte à des millions de gens, puis qu'on en vient à se demander si les médias sont libres ? Antisémite.
Le juge des référés au Conseil d'état, qui a interdit le spectacle de Dieudonné à Nantes est apparemment issu d'une famille juive, dont au moins une partie serait quand même assez impliquée sur la défense des intérêts dits sionistes, et que l'on vient a se demander vu l'importance du revirement de jurisprudence si il aurait dû se révoquer ou si l'on peut douter de l'indépendance de la justice ? Qu'aurait-on dit si un juge catholique ou musulman avait rendu une décision que l'on aurait pu interpréter à un moment ou à un autre comme une censure en fonction de ses idées et ou de ses origines ? N'aurait on pas posé la question ? Antisémite.

Quand on regarde, atterré, des personnes comme Ruth Elkrief et Bernard Henry-Lévy ensemble sur le plateau de BFM TV, déblatérer sur Dieudonné M'bala M'bala, en connaissant très bien les relations que ces personnes ont avec la communauté juive ou leurs positions sur le sionisme et qu'on se demande pourquoi seules ces opinions sont représentées dans les médias et si cela est juste ? Antisémite.

On nous concocte des débats avec une dizaine d'intervenants qui ont tous les même avis sur un sujet ? La pensée est-elle unique dans notre pays ? Mais alors qui la contrôle ? Antisémite.
 
Le réveil des consciences dépassera la seule contestation "internet".
Pour autant lorsqu'on regarde ces simples réflexions, seul le bon sens interpelle , aucune notion de racisme n'est utilisée et malgré tout ces questions sont déjà considérées pour certaines comme de l'antisémitisme par des gens comme Jacubowicz puisque essayer d'y répondre, publiquement, c'est une mise à mort sociale assurée par la LICRA et consorts étant donné que nous serions obligés de nous aventurer sur le terrain si glissant de la définition de l'antisémitisme comme nous l'avons vu plus haut .Quelle est cette malhonnêteté intellectuelle ? Cela devient véritablement oppressant, étouffant même.
On ne peut plus s'interroger, même en privé finalement, entre amis même, car la pensée du moment est devenue antisémite et on devrait s'en culpabiliser, s'autocensurer. Rendez vous compte. Que reste-t-il de la France ? De son insoumission intellectuelle ? Philippe Tesson ?
Il faut vous contrôler Mesdemoiselles, Mesdames, Messieurs, vous sentir coupable. Ne pas toucher aux tabous. Ne pas toucher a la Shoah que l'on vous enseigne comme moi depuis le collège et que Roger Cukierman parle de faire apprendre en primaire voire même a la maternelle dans un interview apparemment donné à Judaïque FM .
Arrêtez donc de vous interroger, de penser ou sinon... Sinon vous finirez comme Dieudonné , paria de la société pour avoir fait trop de sketches sur les juifs, posé trop de questions, antisémite. Pour avoir répondu sur scène a un journaliste qui l'a traité de cerveau malade, que quand il l'entendait parler ainsi, il pensait alors en tant que cerveau malade, les chambres a gaz...dommage. Antisémite a jamais. Vous direz au revoir le bras tendu à vos fans, et un élu du peuple osera dire devant des millions de gens que vous avez fait un salut nazi, oui vous, l'antisémite. Vous ferez un bras d'honneur détendu, en mimant ainsi le "fourrage" jusqu'à l'épaule, et on souhaitera impunément devant la France entière que vous soyez fusillé.
Comment peut-on s'aveugler à ce point au nom de la lutte contre l'antisémitisme ? Comment surtout peut-on ne pas voir les effets dévastateurs d'une telle censure non pas seulement de l'expression mais bien de la pensée ? Est-on à ce point aveuglé par la morale religieuse d'aujourd'hui pour voir que l'on fabrique ainsi l'antisémitisme et le communautarisme de demain ?
Aujourd'hui 16 Janvier 2014, journée de manifestation de la Ligue défense Juive contre "l'humoriste anti-juif Dieudonné", organisation jugée terroriste aux Etats-Unis mais pas en France... aujourd'hui donc nous ne sommes même plus dans la provocation, ou pendant les spectacles de Dieudonné, petit entrepreneur de la haine selon Mr Valls qui nous impose lui aussi sa façon de penser, mais bien dans la vie réelle , celle de tous les jours.
Nous ne parlons plus défendre un humoriste.
Nous ne parlons plus de la définition de l'antisémitisme.
Non. Le combat que nous devons mener, car c'en est un, est bien plus fondamental que cela.
Nous jouons notre futur.
Notre liberté.
Nous nous opposons à l'obscurantisme, à l'arbitraire, à la caractérisation de la pensée et à ses conséquences sur une société dite démocratique.

Or ce combat, que je soutiens de toute mes forces, avec mon libre arbitre, avec mon intelligence en tant qu'être humain appartenant à ce monde, mais aussi avec ma liberté chèrement acquise de citoyen français, reste et restera toujours, je l'espère, vital pour le pays de Descartes et pour la nation française une, entière et indivisible.

Une contre-histoire de l'internet


BUMIDOM - Des français venus d'Outre Mer




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Fukushima, l’illusion d’une solution


Article source d'Agoravox écrit par Olivier Cabanel

Le nucléaire va-t-il faire tomber l’un des pays les plus puissants de la planète ?
A la lumière du chantier pharaonique de Fukushima, et des milliards dépensés afin de tenter de sauver ce qui pourrait l’être, la question de la survie du Japon pourrait se poser.

Au-delà d’un problématique démantèlement programmé sur 40 ans, ce qui au fil des jours, semble un délai assez optimiste, le chantier du nettoyage de la région souillée par les rejets radioactifs est devenu vrai un casse tête.
Il faudrait dépolluer au moins un territoire de 2000 km2, (lien) soit plus que la superficie département de l’Essonne mais devant l’ampleur de la tache, le gouvernement japonais a limité à 1000 km² la surface à dépolluer (lien) même s’il est admis que les zones dépassant 1 millisievert par an représentent13 000 km² réparties sur 8 préfectures, soit la superficie de l’Ile de Francelien
La méthode consiste principalement à décaper 10 cm de terre qui seront mis dans des sacs en plastique, sauf que la durée de vie de ces sacs n’excède pas 3 ans.
Bien sur, il est possible aujourd’hui de fabriquer des sacs imputrescibles, mais la loi destinée à défendre l’environnement ne permet pas cette fabrication, et pris par l’urgence, les japonais n’avaient d’autres alternatives que d’utiliser des sacs putrescibles.
Il faudra donc, avant le délai de 3 ans, recommencer l’opération.
Il s’agit aussi de laver le tronc des arbres…de ramasser les feuilles polluées par la radioactivité avec comme but final de permettre à une partie des populations en exode de revenir un jour dans leurs habitations.
Ça, c’est la théorie…en pratique, ca semble un peu plus compliqué.
D’abord parce qu’il parait assez illusoire d’affirmer que la pollution radioactive s’est limitée aux 5 ou 10 cmde surface, laquelle très probablement, avec les pluies, a pu s’enfoncer bien plus profondément, et qu’il serait alors quasi impossible de creuser si profondément sur une telle surface, même si par endroit, la décision de le faire a été prise.
Ensuite parce que déjà, avec seulement 10 cm de terre à décaper, le volume qui serait extrait défie l’imagination : pour 13 000 km², ce qui correspond à la surface réellement polluée, cela représenterait un volume de déblais de 130 milliards de m3, soit 18 500 fois la grande pyramide, et pour les 1000 km²finalement retenus, cela représente tout de même 10 milliards de mètres cubes, soit près de 1500grandes pyramides.
Pour se donner une idée de la surface de stockage que représente toutes ces déblais de terre radioactive mises en sac, lorsque toute la terre des 1000 km² aura été « empaquetée », cela représentera une surface de 27 km de coté, les sacs étant posés les uns à coté des autres.
Enfin, sur les zones rocheuses, il n’y a d’autre solution que de laver, rendant impossible la récupération de l’eau souillée, laquelle rejoindra un jour ou l’autres les nappes phréatiques, déjà largement polluées dans la zone de la centrale.
De plus, au-delà de cette zone, il reste des poches de terre radioactive..
En effet, une mesure récente à fait apparaitre dans un jardin public d’un quartier de Tokyo, à 230 km deFukushima, une radioactivité de 92,335 Bq/m²lien
Rappelons que Tchernobyl, catastrophe nucléaire considérée largement par les experts comme 2 à 3 foismoins grave que Fukushima, avait pollué une superficie de 200 000 km² en Europelien (page 7)
Le plus étonnant c’est la décision de ceux qui tentent de gérer la catastrophe d’acheter des terrains pour entreposer les déchets radioactifs, estimant qu’ils seraient de l’ordre de 28 millions à 55 millions de m3, (pour une superficie de 19 km²) bien éloigné de la réalité qui, comme on l’a vu, est d’au moins 10 milliards de m3Lien (voir date du 14 décembre)
Il faut aussi aborder la question financière, sachant que la note sera bien plus salée que prévue, et atteindrait, en ce qui concerne la dépollution, les 44 milliards d’euros, soit 5 fois plus que prévu initialement. lien
Sauf que cette somme ne concerne qu’une partie de la zone sinistrée, et qu’il faudra aussi dédommager les victimes.
C’est pour cette raison que Tepco vient de demander à l’Etat 7 milliards d’euros supplémentaires.
C’est en effet la 6ème fois que l’exploitant appelle l’état à son secours, la dernière fois remontait à mai 2013, ce qui porte le total des fonds demandés à plus de 33 milliards d’euroslien
L’IRSN (institut de radioprotection et de sureté nucléaire) a mis en ligne l’étude sur le cout d’un accident nucléaire en France.
Celle-ci avait été publiée le 6 novembre 2012, lors d’un forum à Bruxelles.
Dans ce rapport, c’est dans une note en bas de page que l’on pouvait découvrir un autre rapport, celui de laCour des Comptes qui estimait qu’un accident nucléaire majeur pourrait couter à la France jusqu’à 1000 milliards d’euroslien
L’IRSN se limite pourtant à écrire que les conséquences financieres dépasseraient les 400 milliards, mais l’institution ajoute que « le pays serait durablement et fortement traumatisé (…) l’histoire garderait pendant longtemps la mémoire de la catastrophe  », ce qui à la lumière de Tchernobyl ou deFukushima n’étonnera personne. lien
On voit donc bien que, dans le cas du Japon, les conséquences financières sont aujourd’hui largement sous-estimées, et si on commence à additionner les sommes destinées aux dédommagements, à la décontamination, en y ajoutant le prix global du démantèlement, on devine aisément que la facture sera lourde.
Question assurance, selon « Assuratome », le Japon ne disposait que de 728 millions pour couvrir le risque « responsabilité civile »… en France ce montant se limite à 522 millionslien
Il faut pose maintenant la question de l’éventuelle date de retour des populations dans leurs habitations, une fois la dépollution effectuée.
Le gouvernement assure que dans ou 4 ans le chantier de décontamination sera terminé, ce qui parait bien optimiste, car pour permettre cet éventuel retour à la normale, un autre chantier titanesque s’ouvrira : nettoyer maison par maison, nettoyer les toits, les murs, gérer les boues issues des eaux usées évacuées, et trouver de l’eau potable, car il est probable que les nappes soient largement polluées…lien
Et puis, depuis le temps, la nature a repris ses droits, les animaux domestiques laissés à eux même se sont croisés avec des animaux sauvages, et d’après les observations, ils se seraient multipliés.
Chiens, chats, cochons, bovidés, abandonnés à eux même survivent comme ils peuvent, comme on peut le voir dans cette courte vidéo, et avec google, il est possible de faire une visite du territoire abandonné. lien
Combien reste-t-il d’animaux vivants sur les 30 000 porcs, les 600 000 poulets, les 10 000 vaches ? lien
Quant au chantier de la centrale elle-même, rien ne vaut les témoignages de ceux qui, bravant la loi d’interdiction, racontent leur vie de liquidateur, depuis le jour de l’accident.
Ils s’appellent Happy et Sunny.
Extraits :
Happy : « dans le réacteur n°4, ils ont commencé à extraire des combustibles usés, mais pour les trois autres réacteurs, ils n’ont pas de plan. On ne sait pas dans quel état sont ces produits nucléaires qui ont fondu ».
Sunny : « c’est surtout devant le réacteur n°3 que la radioactivité est intense, car à l’intérieur s’est produite une fusion de combustible MOX, un mélange de plutonium et d’uranium. Immédiatement après l’accident, des travailleurs ont été exposés à 70 millisieverts de radioactivité pendant 3 jours ». (Pour information, c’est l’industrie nucléaire française qui l’a fabriqué).
Happy : « …sur le site vivent de gros rats et des serpents  ».
Sunny : « nous proposons que les conduites d’eau à travers lesquels s’écoule l’eau contaminée soient en métal, mais Tepco tarde à le faire, disant qu’il n’y a pas d’argent pour cela. Ces tuyaux ont été installés immédiatement après l’accident, donc si enchevêtrés qu’on ne sait pas à quoi ils sont reliés. Si une fuite se produit la nuit, on ne peut pas en connaitre la cause ».
Happy : « même de jour, on ne peut pas (…) on n’examine pas les choses d’assez près, donc tout se délabrera et il pourra s’ensuivre des accidents irréparables. Si la compagnie Tepco à l’intention d’utiliser ces installations et ces dispositifs pendant plus de 10 ans, elle doit construire non pas du temporaire, mais du durable ».
L’intégralité de leur témoignage est sur ce lien.
Plus grave, c’est avec la complicité des mafias japonaises que les entreprises sous traitantes emploient des sans-abri (vidéo), en gardant les 2/3 de leurs salaires, sous prétexte de frais. lien
En résumé, il a fallu une fois de plus un concours de circonstances pour que « l’énergie la plus saine et la moins dangereuse pour l’environnement » devienne d’un seul coup la plus dangereuse et la plus polluante. lien
Comme dit mon vieil ami africain : « rouler les mécaniques, c’est une maladie humaine ».
L’image illustrant l’article vient de « mondetdg.blog.tdg.ch »
Merci aux internautes de leur aide précieuse
Olivier Cabanel

Révolution 2.0 : quenelle, mémétique et démocratie


Ecrit par Taïké Eilée (son site) et aussi disponible sur Agoravox




Le phénomène de la quenelle a pris, ces derniers temps (et plus encore depuis ce samedi, avecle geste de Nicolas Anelka), des proportions que nul n'aurait pu imaginer. Le pouvoir politique en fait l'une de ses priorités, à traiter en 2014, et Dieudonné semble être devenu l'ennemi public numéro un ; c'est un peu le Ben Laden français, que François Hollande et Manuel Valls se sont choisis pour cible. Vouloir défier la finance était probablement trop présomptueux pour l'actuel locataire de l'Elysée, "monsieur 15 %". On a les ennemis qu'on peut... 
Au-delà de sa signification originelle, ce qui importe aujourd'hui dans la quenelle, c'est qu'elle a échappé à son créateur (sans doute le premier surpris de son succès) et que des milliers d'individus se la sont appropriés, comme d'un geste d'insoumission au "système", plus ou moins potache, loin de toute référence à une lutte contre le sionisme. C'est un peu l'esprit de Coluche, qui voulait "leur foutre au cul", qui renaît ici. La quenelle est devenue un mème contestataire parmi les plus performants sur la Toile.
Son succès doit nous interroger sur la difficulté que rencontrent, a contrario, les "gentils virus" sur lesquels Etienne Chouard comptait (et compte toujours) pour propager son idée de "vraie démocratie". D'un côté, un "mème comportemental", méchant et drôle, qui cartonne, de l'autre, un "mème verbal", gentil et sérieux, qui progresse, certes, mais beaucoup plus lentement. La quenelle, par son travail de sape, pourrait-elle alors (sans même s'en douter) préparer le terrain pour les "gentils virus" et leur travail autrement plus constructif ? A moins que ces derniers ne doivent se résoudre à une action de très longue haleine...

Crédits illustration : Slo
Commençons par une brève digression sportive. Lorsque Jean-Pierre Papin mit fin à sa carrière de footballeur, on attendit fébrilement le nouveau JPP. Et les observateurs de l'époque crurent le voir arriver en la personne de Florian Maurice, voire de quelques autres jeunes talents. Mais tous déçurent, et JPP n'eut pas vraiment de successeur. Le nouveau grand joueur français n'aurait pas son profil de numéro 9, mais un profil de numéro 10 : c'était Zinédine Zidane. Quand Zidane, à son tour, prit sa retraite, on guetta le nouveau Zidane. Et on crut le reconnaître en la personne de Yoann Gourcuff, ou de quelques autres (Hatem Ben Arfa, Samir Nasri...). Mais aucun ne confirma au plus haut niveau, et Zidane n'eut pas de successeur. On ne peut guère s'empêcher de plaquer nos anciens schémas pour envisager le futur.
De même, avec l'arrivée d'Internet, l'interrogation de certains fut de savoir si un homme politique de premier plan allait percer uniquement grâce à ce nouveau moyen d'expression, et gagner la Présidentielle. Nicolas Dupont-Aignan sortit certes de l'anonymat grâce au web, et prit sa place sur la scène médiatique traditionnelle ; François Asselineau se fit aussi une réputation grâce au web, qui ne s'étendit cependant guère hors du Net. Mais en tout état de cause, aucun homme politique français susceptible de gagner une grande élection n'émergea grâce au web. Beppe Grillo, en Italie, aurait pu faire mentir cette règle, dont le parti obtint lors des élections de février 2013 entre 23 et 25 % des suffrages pour chaque chambre du parlement. Grillo avait fait campagne sans passer par les grands médias, uniquement en se servant d'Internet et en allant rencontrer les gens directement. Mais l'homme était déjà une célébrité (grâce aux grands médias et au cinéma) avant cette campagne. Là encore, nous interrogeons le futur avec notre expérience politique passée, et nous restons aveugles à ce qui se passe vraiment, à la nouveauté qui vient.
L'émergence du courage de penser
La nouveauté, nous l'avons déjà explorée depuis longtemps (nous tous), dans nombre d'articles parus ici même. La nouveauté, c'est l'émergence de citoyens adultes (ou, du moins, en voie de le devenir), qui prennent conscience du décalage entre le discours (simpliste, orienté, biaisé) de leurs tuteurs (politiques, médiatiques) et la réalité (plus subtile et complexe) qu'ils peuvent commencer à appréhender, certes en tâtonnant, grâce au web. Exemple caricatural : les montages télévisés qui, lorsqu'ils touchent à des sujets "sensibles", ou marginaux, sont presque toujours manipulateurs, ce que les rushes mis en ligne par les personnes interviewées mettent désormais parfaitement en lumière (voir ici ou ). J'emprunte le mot "tuteurs" au philosophe Emmanuel Kant, qui va nous aider à comprendre en quoi le Net peut permettre la réalisation du projet des Lumières :
"Qu'est-ce que les Lumières ? - La sortie de l'homme de sa minorité, dont il porte lui-même la responsabilité. La minorité est l'incapacité de se servir de son entendement sans la direction d'autrui, minorité dont il est lui-même responsable s'il est vrai que la cause en réside non dans une insuffisance de l'entendement mais dans un manque de courage et de résolution pour en user sans la direction d'autrui. Sapere aude, "Aie le courage de te servir de ton propre entendement" telle est la devise des Lumières."
Kant, Réponse à la question : "Qu'est-ce que les Lumières" ?, le 30 septembre 1784.
Et voici ce qu'il écrit au sujet des "tuteurs" :
"Que la grande majorité des hommes (y compris le beau sexe tout entier) tienne pour très dangereux de faire le pas qui mène vers la majorité - ce pas lui est d'ailleurs si pénible -, c'est ce à quoi veillent les tuteurs qui, dans leur grande bienveillance, se sont attribué un droit de regard sur ces hommes. Ils commencent par rendre stupide leur bétail et par veiller soigneusement à ce que ces paisibles créatures n'osent faire le moindre pas hors du parc où elles sont enfermées. Ils leur font voir ensuite le danger dont elles sont menacées si elles tentent de marcher seules. Ce danger n'est pourtant pas si grand : après quelques chutes, elles finiraient bien par apprendre à marcher."
Le Net n'a pas permis l'émergence d'un énième représentant du peuple, d'un énième tuteur, mais de citoyens apprenant à s'en passer pour penser. Certes, parfois, nous pouvons "chuter", penser avec maladresse, nous tromper... et sitôt les tuteurs rappliquent pour nous condamner, et nous ramener dans notre enclos ! Les anathèmes pleuvent, la peur nous gagne, et nous redevenons mineurs. L'accusation de "conspirationnisme" est, de ce point de vue, fondamentale à décrypter, comme Etienne Chouard, ce si vaillant démocrate, vient récemment de le faire, le 26 décembre 2013 (fichier PDF ici) :
"Je déplore ce mot de "conspirationniste" qui est une véritable agression contre l'intelligence critique : je note d'ailleurs que les mots "conspirationniste" et "complotiste" sont systématiquement utilisés pour discréditer un donneur d'alerte (institution FONDAMENTALE dans une démocratie digne de ce nom), et ces mots eux-mêmes sont devenus pour moi un révélateur, un indicateur : ceux qui utilisent les mots "conspirationniste" et "complotiste" sont des flics en civil du système ; consciemment ou inconsciemment, ils le sont DE FAIT. (...)
Ceux qui se laissent intimider par cette insulte ("complotiste") sont des trouillards. Chacun son truc. Moi, je n'obéis pas aux injonctions de penser, je pèse les arguments sur une balance avec mes valeurs, honnêtement, et je tiens à la pluralité (à la biodiversité politique) de mes informations.
Là comme ailleurs, chacun doit se déterminer tout seul, en conscience."
Et, plus spécifiquement, dans le cas de la réflexion sur le 11-Septembre :
"Mais là encore, il y a un marqueur, regardez bien : la plupart des gens qui diabolisent ReOpen911 sont des chiens de garde du système. Diaboliser les sceptiques, ça leur sert de marqueur entre eux, entre collabos : si tu ne diabolises pas ReOpen, tu seras persécuté à ton tour par le système. Et ça fait peur aux autres.
Et inversement, le simple scepticisme sur cette affaire devient un signe d'indépendance intellectuelle (et de courage) pour les autres : les résistants. 
Étonnante régularité de cette observation."
Ces propos ne sont-ils pas une mise en application très concrète des injonctions de Kant à sortir de la peur, à faire preuve de courage ? Dans la novlangue actuelle, qui détourne (voire inverse) le sens des mots, un "conspirationniste" se révèle souvent être un citoyen vigilant, un défenseur de la démocratie. Certes, il peut parfois s'égarer, mais ce n'est pas un argument suffisant pour le condamner. Ou alors c'est l'idée même de citoyen adulte que l'on condamne. Et c'est le projet des Lumières lui-même que l'on condamne. Allons au bout de la logique.
Quand la quenelle échappe à son créateur
Et la quenelle dans tout ça ? Elle est un geste de courage précisément, dirigée contre nos tuteurs. Quels qu'ils soient. Dieudonné désignait certes initialement un ennemi bien précis : le sionisme. Mais les quenelleurs qui ont pris la relève - par milliers - ignorent souvent tout de ce combat premier, et leur geste est plus universel, contre tous les tuteurs possibles : le gouvernement, les médias, tous les pantins du pouvoir et les directeurs de conscience. Si le geste reste ambigu, il ne fait guère de doute que la grande majorité des quenelleurs (souvent très jeunes) ne sont pas des militants antisionistes ; ils expriment - en dépit même des intentions de Dieudonné - le message, déjà vulgaire mais si populaire, de Coluche lors de la campagne présidentielle de 1981 :


C'est justement parce qu'elle a été détournée de sa signification originelle que la quenelle a acquis un tel pouvoir de contagion. Qui peut honnêtement croire que les sportifs Nicolas Anelka, Tony Parker, Boris Diaw, Teddy Riner, Mamadou Sakho ou Pierre-Ambroise Bosse (qui se sont tous affichés en train de faire la quenelle), sans parler de Yannick Noah qui s'est laissé photographier en train d'effectuer un autre geste dieudonnien (le doigt levé), sont les disciples d'Adolf Hitler ?
Nos politiques, étrangement, semblent parfois le penser... Il suffit de lire les réactions hallucinantes qui ont suivi la quenelle d'Anelka : "Le geste d’Anelka est une provocation choquante, écœurante. Pas de place pour antisémitisme et incitation à la haine sur terrain de foot", a ainsi tweeté la ministre des Sports Valérie Fourneyron, avant que l'ancienne ministre des Sports, la sénatrice UDI Chantal Jouanno, nous explique que "l’antisémitisme [n’était] pas un sous-racisme" et qu’"il ne [fallait] pas baisser les bras, surtout face à la montée du Front National". Anelka serait donc antisémite et ferait le jeu du Front national ? Est-ce bien cela qu'il faut comprendre ? Le député UDI Meyer Habib, ami de Benjamin Netanyahou et vice-président du CRIF, a annoncé à la télévision israélienne qu'il allait préparer, pour la rentrée parlementaire, un projet de loi pour que soit pénalisé "le nouveau salut nazi et antisémite" que serait la quenelle, et dont les praticiens seraient des "nostalgiques du IIIe Reich", à l'image, selon lui, de Nicolas Anelka. Le délire a atteint son paroxysme dans un tweet de David-Xavier Weiss, secrétaire national de l’UMP chargé des médias (et journaliste à Sud Radio), qui a estimé que le geste de l’attaquant français révélait, de manière "flagrante", l’existence d’un lien entre immigration et antisémitisme.


On imagine le tollé qu'une telle déclaration aurait provoqué si elle avait émané d'un élu du Front national... Le Lab d'Europe 1 a eu la bonne idée de rappeler les origines de nos soit-disant immigrés : "Né dans les Yvelines, Nicolas Anelka est originaire de Martinique. Quant à Dieudonné, il est né à Fontenay-aux-Roses, dans les Hauts-de-Seine, d'une mère bretonne et d'un père camerounais."
Voir Manuel Valls, ministre de l'Intérieur (qui réclamait jadis plus de Blancs, de White, de Blancos dans sa bonne ville d'Evry), et François Hollande lui-même, président de la République (qui, rappelons-le, a rendu hommage à Jules Ferry, selon lequel "les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures"), prendre solennellement la parole pour promettre de venir à bout de la quenelle a quelque chose de surréaliste. Le chef de l'Etat s'était certes déjà abaissé à prendre la parole dans l'affaireLeonarda... Après le "mariage pour tous", il semble donc que la nouvelle priorité de ce gouvernement soit la lutte contre les outrances d'un humoriste qui, officiellement, "ne fait plus rire personne". Heureusement que nous ne sommes pas en situation de crise économique, et que le plein emploi règne en France. Sinon, on aurait de quoi s'inquiéter...
Naissance d'un mème révolutionnaire
La classe politique se discrédite donc à vitesse accélérée, et les quenelles se répandent d'ailleurs sur le Net à proportion que ce discrédit grandit. La quenelle peut être considérée comme un mème, cette "unité d'imitation" qui se multiplie dans "la soupe de la culture humaine", selon la définition de Richard Dawkins, et dont le web est un lieu de propagation privilégié :
"Dans sa forme la plus sommaire, un mème internet est une idée simple propagée à travers le web. Cette idée peut prendre la forme d'un hyperlien, d'une vidéo, d'un site internet, d'unhashtag, d'un personnage récurrent ou simplement d'une phrase ou d'un mot. (...)
Un mème internet peut parfois changer avec le temps, par hasard ou du fait d'un commentaire, d'imitations ou d'une parodie. Les mèmes internet peuvent évoluer et très vite se répandre sur Internet, atteignant souvent une popularité mondiale et disparaissant quelques jours après leur publication. (...)
L’élément humoristique est un facteur très important pour les mèmes. Une communication décalée par rapport à un contexte, en combinaison avec des images, est la base des mèmes sur internet. Chaque membre de la communauté cherche à se faire une place en introduisant ou modifiant des mèmes."
Pensons, plus précisément, au Gangnam Style et au Harlem shake qui, tous deux, derrière leur apparence loufoque, avaient un message politique - contestataire. Dans le premier cas :
"Psy fait notamment une critique de la débauche consumériste des jeunes femmes de ce quartier [Gangnam-gu, à Séoul], et met en scène différents lieux de défoulement de la société sud-coréenne étouffée sous la pression sociale (...). La carrière d'entraînement des chevaux, la salle de sport, le métro, le supermarché sont transformés en discothèque, et des « ajoumas » (littéralement « dames d’un âge certain ») traversent le pays en bus en chantant et en dansant.Symbole du réveil d'une Corée décomplexée face à la morosité de la société que met en scène Psy, ces femmes commencent à s'amuser après une vie à subir un mari artisan du « miracle économique coréen »."
Dans le deuxième cas, on peut déceler derrière l'absurde, comme le fait le sémiologue Nicolas Jung, un appel à la révolution : 
"Ce mème internet est né en hiver, quelques jours avant mardi gras, pendant le carnaval. On en retrouve les différents éléments : un fou élu roi des festivités, des déguisements et des masques qui autorisent la transgression, un exutoire collectif qui rompt l’ordre établi pour mieux mimer le chaos, un rituel enfin créé ici par la répétition des mêmes gestes et de la même formule dans toutes les vidéos liées au phénomène. "The Harlem Shake" ne serait-il pas, en somme, un gigantesque carnaval organisé à l’échelle de la planète ? Et le buzz autour de cette vidéo ne répondrait-il tout simplement pas à ce besoin que nous ressentons cycliquement de déconstruire pour mieux reconstruire ?
"The Harlem Shake" semble ainsi s’inscrire dans la croyance ancestrale selon laquelle le désordre généré, la fin du monde symbolique permettra le renouveau de toute chose et lacréation d’un nouvel ordre."

Comme le note encore Jung, ce défoulement rappelle "le carnaval et sa fonction d'inversion des valeurs qui permet de renverser le monde, la société à la fin d'un cycle (fin de l'hiver) pour mieux reconstruire et repartir sur des bases solides (le début du printemps)". Le succès du Harlem Shake repose ainsi, au-delà d'"une formule particulièrementsimple à reproduire", sur "un côté ludique et fédérateur" et un message "qui peut être jugésubversif et appeler à la transgression, ce qui trouve souvent de l'écho, notamment auprès d'un jeune public". Ces caractéristiques ne correspondent-elles pas très exactement à celles de la quenelle ?


Dans un monde médiatique jugé mensonger, dénoncé pour son inversion constante des valeurs, n'y a-t-il pas une aspiration dans le peuple à inverser ces valeurs pour les remettre peut-être à l'endroit ? Ne sent-on pas confusément que nous sommes en fin de cycle ? Et la quenelle, telle que le public s'en est emparé, n'est-elle pas le signe, ludique et fédérateur, que l'on souhaite mener le carnaval à son terme ? Telle est peut-être bien l'inquiétude que le pouvoir ressent, et qui justifie qu'il veuille sévir : que le carnaval actuel ne constitue pas une simple parenthèse dans le cours normal des choses, mais traduise un réel désir de révolution. Le philosophe Francis Cousin n'a sans doute pas tort, lorsqu'il dit que les gens qui rient dans les spectacles de Dieudonné "sont sur un terreau qui est extrêmement dangereux pour le système capitaliste, parce que ce rire a produit une distance entre la vérité officielle et la vérité réelle, et ce qui est décisif c'est la distance", car elle peut être le prélude à un "mouvement de lutte de classes offensif".
La conscience de cette "distance" (ce que certains appellent "sortir de la Matrice") est surtout produite par la pratique intelligente du web, qui finit par rendre plus que pénible, indigeste, la consommation de médias traditionnels. Sans que nous ne ressentions forcément tous les choses avec une telle intensité, l'expérience décrite par Piero San Giorgio face à Gilles Lartigot peut sans doute nous parler à tous : "Ça fait maintenant sept ans que je n'ai plus de télévision. (...) Dans le temps, quand j'allais dans un hôtel (...) la première chose qu'on fait c'est d'allumer la télévision, on écoute les nouvelles, ça fait un bruit de fond... Aujourd'hui, si j'essaie d'allumer les nouvelles, je t'assure, en trois secondes j'éteins tout de suite, tellement ça me dégoûte, tellement je me rends compte que c'est du mensonge, et tellement je me rends compte que c'est de la merde." Depuis l'époque, il y a plus de trente ans, où Coluche se moquait des journalistes et des "milieux autorisés qui s'autorisent à penser", les choses n'ont pas vraiment évolué dans le bon sens... mais certains citoyens se sont eux-mêmes autorisés à penser et à se passer un peu des journalistes, surtout lorsqu'ils prétendent remplacer les curés. Mieux que toutes les quenelles du monde (qui risquent de mal vieillir, dans le grégarisme et le conformisme), tel est l'acte le plus subversif.
Le principe de Gulliver
Mais une question se pose alors : peut-on traduire politiquement cette nouvelle indépendance de l'esprit ?Etienne Chouard a commencé à montrer la voie, il a même conçu un mème, non pas comportemental mais verbal, en synthétisant à l'extrême son message : "Ce n’est pas aux hommes de pouvoir d’écrire les règles du pouvoir". Un site, créé par un "gentil virus", est venu en renfort pour dire l'essentiel de ce qu'il y avait à retenir : "Le Message". Le voici justement, le fameux message :
Parce que ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir
“Nous voulons une Assemblée Constituante démocratique, donc tirée au sort.”
Et une association a même vu récemment le jour : Les Citoyens Constituants, pour porter ce projet. Pourtant, force est de constater que les "gentils virus" n'ont pas la viralité de la quenelle. Ce qui est bien normal : la contestation est toujours plus facile et populaire que la construction, le rire que la réflexion. Et si Dieudonné est un provocateur, Chouard est dans la douceur, dans l'écoute respectueuse de l'autre, le refus du conflit (qu'il abhorre) et la promotion de la discussion, en digne continuateur de Montaigne :



L'ennui, c'est que personne n'a jamais accédé au pouvoir en étant à ce point vertueux. Et les idées elles-mêmes, qu'on le veuille ou non, sont portées par des hommes. Certains rient avec la quenelle de Dieudonné ; on ne rira jamais avec le message de Chouard. Certains ont la rage avec la quenelle (et cette passion est mobilisatrice) ; mais on n'aura jamais la rage en écoutant Etienne Chouard. Il faudrait alors que la sagesse soit contagieuse... mais qui peut le croire ? La bêtise l'est, la colère l'est ; mais on n'a jamais vu la sagesse contaminer l'esprit d'un peuple.
Peut-être peut-on alors espérer que lorsque le pouvoir aura fini d'être discrédité (avec 15 % d'opinions favorables on n'en est plus très loin), les Français seront accessibles à une parole juste et claire, sans qu'elle n'ait besoin de s'enrober de rire et de spectacle. Ou alors il faudra se creuser la tête pour inventer un mème plus performant (un geste). Ou il faudra tout simplement être patient... Il se peut que le changement de paradigme - s'il advient - prenne nécessairement beaucoup de temps. D'ici là, il faudra cultiver les micro-résistances, comme l'évoque par exemple dans ce texte Michel Onfray :
"La politique que je propose suppose ce que je nomme le principe de Gulliver : chacun connaît l’histoire de Swift qui montre comment un géant peut être entravé par des lilliputiens si, et seulement si, le lien d’une seule de ces petites créatures se trouve associé à une multiplicité d’autres attaches. L’histoire de Gulliver illustre à ravir la leçon de La Boétie : « Soyez résolus de ne plus servir et vous voilà libres. » La domination n’existe que par le consentement de ceux qui ne la refusent pas. Si l’on refuse l’assujettissement, et que l’on est assez nombreux pour cela (leçon de l’association d’égoïstes de Stirner…), alors ce pouvoir s’effondre de lui-même, car il ne tient sa force que de notre faiblesse, il n’a de pouvoir que de notre soumission."
La révolution commence sur soi-même (c'est la seule sur laquelle nous ayons prise), et elle se poursuit par coopérations lilliputiennes, jusqu'au jour, peut-être, où les liens tissés immobiliseront Gulliver...
Courage et patience : deux vertus à cultiver assurément en 2014. Bonne année à tous !

Surface Libre ?

Un liquide dans un récipient, en prend toujours la forme, il n’a donc pas de forme propre.
Lorsqu’il est au repos, sa surface est toujours plane et horizontale : on dit qu’il a une surface libre.
Mais là n'est pas la question...