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Etudiant en art et ethnologie, rêveur et grand amateur de surfaces libres.

À tout les visiteurs !

Je m'intéresse particulièrement aux sujets politiques qu'ils soient sensibles ou non, je ne suis affilié à aucun groupe politique. Néanmoins je ne suis pas apolitique car je pense que chaque être humain est politique.

Les articles et documentaires que je partage ici posent des questions mais ne reflètent pas nécessairement mon point de vue dans sa totalité sauf si je suis l'auteur du document partagé.

J'ai créé cette plateforme afin de mettre en avant un certain type de contenu, d'informations qui me semblent pertinentes et je vous encourage à faire le tri à votre guise.

Le débat est ouvert !

Bonne visite !

PS : Vous pouvez aussi me retrouver sur http://99lefanzine.com/

Ne vivons plus comme des esclaves








Disponible également en version grecque intégrale : ΝΑ ΜΗΝ ΖΗΣΟΥΜΕ ΣΑΝ ΔΟΥΛΟΙ (GR) http://youtu.be/neRt6XS05b0


Un film de Yannis Youlountas FR/GR, septembre 2013, durée 89 minutes. Version cinéma en 16/9, définition 1920x1080p (full HD) Son mixé en auditorium par Anne Merlieux et Antonin Dalmasso. Musique : Ta Limania Xena, Cyril Gontier, Serge Utgé-Royo, Jean-François Brient, Χασμωδία, Raoul Vaneigem, Madame Nesia, Martyn Jacques, Μεθυσμένα Ξωτικά, Horror Vacui, Alpha Bang. Traduction : Lisa, Lucas et Yannis Youlountas. Coordination : Maud Youlountas avec le soutien du collectif x-pressed pour les autres versions en cours de traductions (anglais, espagnol, russe, bulgare, allemand...). Site Internet, informatique : Minga, Eric Jousse, Anne Merlieux.

Pour plus d'information rendez vous sur : http://nevivonspluscommedesesclaves.net


Mondialisation : un étrange commerce triangulaire



Source



L'économie mondialisée, le capitalisme total, une vieille histoire ? De tout temps, l'avidité des uns à imposer l'exploitation des autres . De la traite négrière à la sous-traitance sordide au Bangladesh, c'est toujours la même histoire, la recherche effrénée du profit sur le dos de ceux qui créent de la valeur par leur travail, leur habilité et leur génie.
  • XVIII ° SIECLE : LA TRAITE NÉGRIÈRE
"J'entends de la cale monter les malédic-
tions enchaînées, les hoquettements des mou-
rants, le bruit d'un qu'on jette à la mer...
les abois d'une femme en gésine... des racle-
ments d'ongles cherchant des gorges... des
ricanements de fouets... des farfouillis de
vermine parmi des lassitudes..."
Aimé Césaire - Cahier d'un retour au pays natal

Au XVIIIé siècle, il y eu le commerce triangulaire avec l'ignominie de la traite négrière. On échangeait alors des esclaves contre des produits manufacturés ( textiles ) des armes ou des produits de luxe ( cadeaux,vins, etc...). Cette main d’œuvre réduite à l'état de marchandise était alors vendue aux colons du Nouveau Monde essentiellement pour l'exploitation de la terre( sucre de canne ) et de ses richesses minières ( or ), produits qui étaient ensuite rapatriés dans les métropoles européennes au profit d'une aristocratie négrière qui occupait alors le haut du pavé.
  •  XIX ° SIECLE : L'EXPLOITATION DE LA FORCE DE TRAVAIL DANS LES ATELIERS ET LES MINES
"La France capitaliste, énorme femelle, velue de la face et chauve du crâne, avachie, aux chairs flasques, bouffies, blafardes, aux yeux éteints, ensommeillée et bâillant, s'allonge sur un canapé de velours ; à ses pieds, le Capitalisme industriel, gigantesque organisme de fer, à masque simiesque, dévore mécaniquement des hommes, des femmes, des enfants dont les cris lugubres et déchirants emplissent l'air ; la Banque à museau de fouine, à corps d'hyène et mains de harpie, lui dérobe prestement les pièces de cent sous de la poche. Des hordes de misérables prolétaires décharnés, en haillons, escortés de gendarmes, le sabre au clair, chassés par des furies les cinglant avec les fouets de la faim, apportent aux pieds de la France capitaliste des monceaux de marchandises, des barriques de vin, des sacs d'or et de blé."
Paul Lafargue- Le droit à la paresse-1881
Si au XIX° siècle, l'esclavage est aboli ( 1793 et 1848 en France ), les empires coloniaux sont préservés. Avec les progrès de la technique, c'est le développement des manufactures et des mines dans les pays européens et du commerce à travers le monde. Pendant que le pillage de diverses matières premières et des produits agricoles exotiques continue dans les pays colonisés, c'est l'exploitation effrénée de l'être humain, enfants compris, dans les pays de la métropole, pour, d'une part, fabriquer les infrastructures nécessaires aux échanges et pour, d´autre part, le commerce des biens avec la bourgeoisie nationale et les comptoirs et colonies d'outre-mer. Le salaire misérable de l'ouvrier ne sert qu'à reconstituer sa force de travail, simultanément les patrimoines de la bourgeoisie et des grands capitaines d'industries explosent et ce, jusqu'à la première guerre mondiale.
  • XX ° SIÈCLE : LE DÉVELOPPEMENT DU GRAND MARCHE
Mais ce marché est étroit. Avec le développement des luttes sociales et l'élévation des qualifications, les salaires augmentent. Pour reprendre en partie ce que l'on a dû concéder, on passe, dans les pays occidentaux, d'un modèle où la production domine à un modèle consumériste dont le premier symbole, il y a déjà plus de cent ans, a été la construction de la première automobile populaire : la Ford T. L’idée du Fordisme est d’élargir le marché pour pouvoir produire plus et gagner plus, grâce à la technologie et à l’énergie fossile, le pétrole, disponible à bon prix. Depuis, les travailleurs ne sont plus seulement des producteurs cantonnés derrière les murs de l’usine ; avec plus de pouvoir d’achat, ils deviennent aussi des acteurs de la consommation, comme les bourgeois ! La politique keynésienne mise en œuvre après la crise de 1929 fait des salariés des consommateurs de masse. La machine est lancée et avec l'ouverture des frontières « le Grand Marché » se développe. Tout semble fonctionner à merveille : le progrès scientifique et technique met à la disposition de l’homme de plus en plus d’objets qui l’assistent et le distraient au quotidien ; le pouvoir d’achat des travailleurs augmente ce qui leur permet d’avoir accès à tout ce dont l’industrie est capable de produire, et ainsi d’anesthésier les douleurs que le travail à la chaîne engendre.
Pour produire plus on joue sur l'augmentation de la productivité du travailleur. Il faut automatiser le plus grand nombre de manipulations possibles, pour limiter l'intervention humaine dans le processus de production ; il faut aussi encadrer au mieux les gestes de l'ouvrier devenu opérateur et en conséquence dépersonnaliser son action et faire en sorte que ses gestes soient reproductibles à l'infini partout dans le monde. Les cadences de production ne cessent d'augmenter et il faut vendre pour réaliser ce capital toujours plus abondant.
Cette augmentation de la productivité aurait pu conduire à une libération progressive par la machine du travail humain, pour aller vers une société conviviale et sobre en consommation des ressources de la Terre, tout en allant vers le bien être du plus grand nombre. Mais, c'était sans compter sur le développement d'une société de consommation, qui tout au long du XXème siècle, n'a eu de cesse d’exiger du salarié de travailler plus pour gagner plus et ainsi dépenser plus jusqu'à l'endettement. L'aliénation du travailleur envahit progressivement tous les aspects de sa vie et son aveuglement supposé autorise tous les excès.
Avec le capitalisme de la production, se développe alors un capitalisme de la distribution et de la communication. Il faut produire en masse, informer et mettre à la disposition du consommateur, partout dans le monde, des produits toujours renouvelés, magnifiés par la publicité. Dans la société de consommation, la distribution prend peu à peu la main sur la production. Avec la suppression des frontières, pour offrir des produits à prix réduit tout en préservant les marges, on n'hésite pas à mettre en concurrence les sous-traitants du monde entier. Peu à peu les ateliers de production se délocalisent. L'ouvrier des pays occidentaux, qui après un siècle de luttes et d'avancées sociales avait réussi à gagner un peu plus de pourcentage dans le partage de la valeur ajoutée, lâche à nouveau prise à partir des années 1980 et le triomphe de l'économie libérale. Si, après des mois de chômage et de galère, il ne se décourage pas ( voir l'article : " Où sont passés les travailleurs américains"), il se retrouve trop souvent condamné au déclassement, à accepter des emplois de service, des "mini jobs" ou des temps partiels contraints, dans la grande distribution ou dans les chaines internationales des grandes marques. Son pouvoir d'achat stagne, pour maintenir son niveau de vie, il est contraint à l'endettement et à acheter de plus en plus de produits dits low-cost, creusant ainsi sa propre tombe par les délocalisations et la pression sur les salaires et les conditions de travail que cela induit.
Simultanément, dans les anciennes colonies, dans des ateliers sordides, des hommes, des jeunes femmes, voire des enfants, travaillent jusqu'à l'épuisement pour quelques euros. Le 19° siècle de Zola est ainsi de retour à l'autre bout du monde.
  • DES OBJETS SANS AUCUNE VALEUR HUMAINE
Aujourd'hui la plupart de nos objets du quotidien, s'ils continuent à avoir une valeur marchande, n'ont plus aucune valeur humaine. Lorsque en échange de quelques dizaines d' euros on achète un objet ; mises à part quelques caractéristiques techniques et quelques précautions d'usage, on sait peu de chose de lui, de son mode de fabrication, du lieu d'assemblage ou de conception, de la valeur réelle qu'a perçu celui qui a participé à son élaboration. Dans ce formidable jeu de cache cache à l'échelle du monde, le grand gagnant à la fois sur l'ouvrier d'un pays du Sud-Est asiatique ou des "maquiladoras" de la frontière mexicaine et, sur le consommateur des centres commerciaux et boutiques des centres urbains, c'est celui qui se positionne en distributeur ou en créateur de marques.
Dans le prix d'un vêtement par exemple, la valeur du travail pour sa conception dans des ateliers au Bengladesh ne représente que 2 à 3 % du prix payé par les consommateurs, quand le distributeur et la marque se partagent plus de 85 % du chèque final.
Il en est de même pour des objets techniques haut de gamme. Ainsi pour un Ipad de chez Apple vendu 400 euros, la valeur du travailleur chinois qui assemble les composants n'est que de 8 euros alors que le bénéfice net, sur chaque tablette, de la marque à la pomme est de 120 euros !
Distribution de la valeur en % pour un Ipad :
Le succès de la marque à la pomme a permis aux financiers de l'entreprise d'accumuler un trésor de guerre de 137,1 milliards USD de cash dont les 2/3 sont placés non pas aux Etats-unis, berceau de la marque, mais à l’étranger dans divers paradis fiscaux.( 1)
En réalité, avec le commerce mondialisé de tous ces produits de consommation standardisés, ce sont deux types de victimes qui sont dépouillées de la richesse que devrait leur procurer le travail. L'un directement à Dacca , sous-payé, dans les ateliers des quartiers industriels de Gazipur et Savar, l'autre dans les centres commerciaux des grandes métropoles où les marques dictent leur prix à des consommateurs avides.
  • XXI ème SIECLE : UN COMMERCE TRIANGULAIRE BIEN ETRANGE
Ainsi au fil du temps la plupart des biens nécessaires ou superflus se sont inféodés à des marques mondialisées contrôlées par des méga entreprises multinationales qui imposent au monde un commerce triangulaire bien singulier.
Les usines des sous-traitants de ces grands groupes se déplacent au gré du moins-disant salarial dans divers endroits du monde où jadis on pouvait vendre des esclaves pour ensuite, quelques milliers de kilomètres plus loin, par la magie du marketing et du transport en conteneurs, dans une débauche d'énergie fossile et de matières premières.mettre à disposition du consommateur des produits labélisés. Marques qui permettent au passage d'extorquer des poches d'autres travailleurs, transformés pour l'occasion en consommateurs, de la richesse péniblement acquise par le travail qui se fait rare et se dévalorise. Les profits démesurés de ces marques internationales s'évadent ensuite vers des îles mystérieuses au nom exotique comme les îles Caïmans ou les îles Cook., pour les intérêts de quelques-uns. Ce trésor, plus de 600 milliards d'euros ( 2 ) accumulé par ces pirates des temps modernes, qui se cachent sous des logos prestigieux, est autant d´argent prélevé dans la poche des consommateurs. Autant de richesses qui ne servent pas les trésors publics et ne permettent pas de combler les déficits des budgets des États de plus en plus sollicités pour soigner les dégâts collatéraux de ce funeste manège et dont la charge de la dette pèse aussi de plus en plus lourd.
Comme au XVIII éme siècle, un nouveau commerce triangulaire s'est ainsi mis en place. Mais cette fois-ci au lieu d'enrichir les puissances coloniales aux dépens des terres conquises et de leur population, il dépouille à la fois les anciennes colonies devenues pays émergents et les anciens empires, pour monétiser une grande partie de la richesse et l'engloutir dans ces " trous noirs" de la finance internationale que sont ces paradis fiscaux, comme le font avec la lumière les trous noirs de l'univers des astrophysiciens.
Dans cette régression mondiale, il ne faut pas compter sur les élites politiques et les nouveaux oligarques des pays "émergents" pour inverser cette marche funeste vers l'appauvrissement généralisé au profit de quelques-uns tant ils ont les yeux rivés sur des indices boursiers ou économiques qui ne signifient plus rien.( Comme le taux du chômage de ce mois d'août en France. )
Seuls, ceux qui disposent de cette capacité à créer de la richesse par leur travail, sont capables d'enrayer ce trafic pervers, que ce soit dans les pays de production ou de consommation.Il ne faut pas désespérer, et prêtons attention aux signes précurseurs de cette reprise en main de leur destin par la masse impressionnante et diverse des travailleurs du monde entier. En voici quelques exemples récents dans divers endroits du monde :
  • Il y a peu, les employés des fast-food de chez Mac Donald aux États-Unis ont refusé de travailler pour exiger le doublement de leur salaire (3) (15 dollars pour un salaire actuel de 7,25 dollars de l'heure (5,4 euros), 40 heures de travail hebdomadaire pour les mieux lotis pour un revenu mensuel inférieur au seuil de pauvreté ).
  • Ce lundi 23 septembre, à Dacca, Les syndicats ouvriers demandent le relèvement du salaire minimal à 77 € par mois au lieu de 28€ actuellement, quatre mois et demi après le drame du Rana Plaza, qui avait coûté la vie à 1 129 personnes (4).
  • A Paris, place Vendôme c'est la grève des femmes de chambres et des valets du luxueux hôtel Park Hyatt pour des contrats de travail sécurisés et un treizième mois.
Soyons conscients et vigilants. Continuons ce nécessaire travail de réflexion, échangeons, dialoguons, nourrissons-nous de la pensée des autres, des expériences menées, pour qu’un jour, ces idées que nous portons en germe, ces combats encore minoritaires, la majorité se les approprie et trouve le bon moyen de métamorphoser l’ordre établi avant qu’il ne s’effondre et nous anéantisse.
__________________
(1) Voir l'article sur Apple.
(4) Voir l'article du Monde du 24/10/2013 et de La Croix

Le Coaching : sa définition, son origine funeste, sa pseudo-doctrine issue du New Age, ses buts inavouables et son utilisation par les mouvements sectaires


Source

Anthony Robbins, pape du coaching américain, exhortant son public à conserver sa "positive attitude" de "winners" au milieu de l'Enfer (tableau de Gustave Doré inspiré de l'Enfer de Dante)

 Il n’est désormais plus possible de ne pas avoir entendu parler du coaching tant cette discipline s’est développée en France au cours des trente dernières années. Et Pourtant, beaucoup semblent ignorer les tenants et les aboutissants d’une pratique qui a vocation à toucher de plus en plus de personnes, et ce dans le monde entier.


Il nous est donc apparu absolument nécessaire de traiter - de manière certes trop succincte pour un sujet qui mériterait un ouvrage entier -, dans un même article, de la définition, de l’origine et de la « philosophie » ou « doctrine » de cette nouvelle forme de « thérapie de l’âme ». De surcroît, nous ne pouvions ne pas évoquer son utilisation par les mouvements sectaires, et qui servira d’illustration à notre propos. En effet, le coaching (ou développement personnel) doit être envisagé sous tous ses aspects afin de pouvoir être appréhendé par le profane qui pourrait être tenté d’y voir seulement un moyen de « se sentir mieux », sans être en mesure de percevoir, derrière l’apparence inoffensive et positive du phénomène, sa profonde dangerosité.


Définition du coaching


Le coaching, vocable emprunté au domaine sportif mais avec lequel il ne se confond nullement, consiste en un accompagnement personnalisé visant à améliorer les performances et le « bien-être ». Les termes de développement personnel ou DevPers recouvrent la même réalité et devront être tenus, dans le reste de notre démonstration, comme parfaitement synonymes.
Circonscrit dans un premier temps au domaine du management et de l’entreprise, le coaching a désormais tendance à investir l’ensemble des activités humaines (ce que certains auteurs ont appelé « l’extension du domaine du coaching »).


Il est en effet possible de louer les services d’un coach afin de faire face à de multiples problématiques des plus courantes : arrêter de fumer, surmonter un deuil ou un divorce, séduire, vaincre sa timidité, préparer un entretien, appréhender une reconversion professionnelle… La liste n’est évidemment pas exhaustive. Le praticien ne se contentera pas alors de résoudre la situation de manière ponctuelle, mais délivrera un enseignement visant à la réalisation de soi et au bonheur dans tous les aspects de l’existence.


Enfin, il convient de bien avoir à l’esprit qu’il n’existe qu’une forme de Devpers même si celui-ci peut revêtir différentes apparences de surface. La « philosophie » coaching a un succès phénoménal auprès des professions paramédicales par exemple, c’est pourquoi il n’est pas rare qu’une multitude de disciplines, telles que la psychothérapie, l’hypnose, la médecine chinoise, le yoga, la chiropractie, le bouddhisme, le sport ou tout autre chose encore puissent servir d’accroche à son enseignement. Le corps de la pseudo-doctrine du coaching, que nous envisagerons dans un instant, se cache sous des apparences diverses et variées et il n’est pas possible de comprendre cette unité dans la multitude lorsque l’on ignore que le développement personnel procède en réalité d’une origine unique.


Figure emblématique de la discipline coaching : le cadre dynamique et épanoui


Ici, la figure du de l'homme successfull, récompensé de son attitude par l'argent

Archétype de l'imagerie coaching dans sa variante "totale harmonie avec son corps"

Utilisation par le DevPers de la représentation d’une méditation de type « bouddhique »

Origine du coaching


Le coaching est une pure émanation de la mouvance New Age. Cette « nébuleuse » mystico-sociale, née dans les années 60 à Esalen en Californie, peut se comprendre comme une fusion de mouvements « spirituels » épars, parmi lesquels le Théosophisme d’Helena Blavatski ou bien encore Le jardin écossais. Préside également à l’édification de cette pensée la récupération des travaux de Carl Gustav Jung, dont les théories vont servir de fondement au développement personnel actuel[1] (se connaître, valoriser ses talents et potentiels, travailler à une meilleure qualité de vie et à la réalisation de ses aspirations et de ses rêves).


Dans la grande ferme de Big Sur, siège de la mouvance, se croisaient pèle-mêle psychothérapeutes, artistes et scientifiques, principalement spécialisés dans l’étude des comportements et du cerveau. Tous se passionnaient pour les écrits d’Alice Bayley et la consommation effrénée de LSD (entre autres). Parmi eux, Richard Bandler et John Grinder, inventeurs de la programmation neurolinguistique (ou PNL)[2] que chaque coach se doit de maîtriser. Etaient également présents à ces réunions Abraham Maslow (la pyramide de Maslow est un must dans l’univers du management) et Carl Rogers, références incontestables pour la profession coaching.[3]


Il ne nous est malheureusement pas possible d’étudier plus en détails les origines de la mouvance New Age, ce qui ne manquerait certainement pas d’intérêt pour en démontrer la malhonnêteté, néanmoins, le lecteur désireux d’aller plus loin trouvera en annexe tous les éléments nécessaires.


Helena Blavatsky, fondatrice de la théosophie

Carl Gustav Jung, notamment inspirateur de la mouvance New Age

Pseudo-doctrine du coaching


Les initiateurs de la « philosophie  » New Age se proposaient de changer le monde, en transformant la psyché des individus (la création d’un « homme nouveau » est une constante de toutes les pensées totalitaires), afin de préparer la transition entre l’ère du poisson et l’ère du verseau[4]. Ce faisant, nous pouvons déjà constater qu’ils maniaient d’une manière profondément maladroite des données traditionnelles inspirées de l’astrologie dont ils ne connaissaient absolument rien, sur lesquelles nous ne pouvons nous permettre de revenir, préférant renvoyer le lecteur aux excellents ouvrages de René Guénon, Le théosophisme etL’erreur spirite[5], dans lesquels sont détaillées et démenties par le menu les élucubrations de ces occultistes de pacotille.


Il faut comprendre qu’il s’agit d’une « religion », centrée sur l’individualisme, parfaitement compatible avec la modernité et plus particulièrement avec le modèle ultralibéral.


Trois principes fondamentaux irriguent l’ensemble de la pensée New Age en général et celle du développement personnel en particulier : la transformation de soile syncrétisme et le relativisme.


La transformation de soi consiste à se mettre au diapason de la transformation globale. Les techniques permettant d’opérer cette mutation sont dites de « subjectivation ».


Le syncrétisme, constante absolue de toutes les spiritualités dites « postmodernes », est une conséquence du passage de la croyance de la sphère publique à l’intimité de la vie privée. Il s’agit pour l’individu de composer sa propre spiritualité en piochant çà et là les éléments qui semblent lui convenir. Ainsi le New Age consiste en une habile articulation entre données scientifiques (principalement physique quantique, cybernétique et psychologie mais on pourrait en trouver bien d’autres) et concepts spirituels (méditation, yoga, bouddhisme, christianisme… là encore tout est possible). C’est pourquoi le New Age se prête à toutes les techniques en accord avec cet holisme syncrétique telles que la PNL, la relaxation, la méditation, le rebirth et l’hypnose pour ne citer que celles-là. C’est aussi en raison de ce syncrétisme que le coaching peut prendre des formes si variées : sport, management, psychologie, techniques de communications interpersonnelles… Cette utilisation de données traditionnelles par ceux-là mêmes qui étaient les moins aptes à en saisir le sens (soit l’américain jouisseur des années 60) est à l’origine d’interprétations purement fantaisistes qui pourraient éventuellement être comiques si elles n’avaient pas une telle influence.


Le relativisme enfin, qui est à notre avis le nœud du problème (et qui a semble-t-il conquis la planète entière), est l’idée selon laquelle chacun de nous aurait sa propre réalité, mais encore que chacun de nous serait en mesure de créer sa propre réalité et d’en poser arbitrairement les critères et les lois. De ce relativisme personnel découle un relativisme moral, qui consiste en une acceptation inconditionnée des systèmes de réalité que chaque individu se sera créés (une absence d’esprit critique sur laquelle nous allons revenir). D’où l’impossibilité, pour un adepte du New Age, de se poser en juge d’autrui (le fameux : « comment oses-tu juger les autres ? » que l’on entend tout le temps) à une exception notable et systématique : il est obligatoire de juger négativement celui qui se refuse à adopter une telle posture ; cela explique pourquoi les gens censément tolérants sont en réalité les plus intolérants qu’il soit possible de concevoir.


De l’articulation de ces 3 principes fondamentaux du New Age - et donc par extension duDevPers - découlent deux corollaires dont l’étude ne peut-être ignorée : la tendance à undéterminisme absolu et l’exhortation à quelque chose que nous nommerions volontiers positivisme si l’expression n’était pas déjà prise et que nous appellerons par défaut « la positive attitude ».


Le déterminisme absolu pour commencer : L’Etre étant invité à se transformer pour s’adapter au monde et chacun étant en mesure de créer sa propre réalité, dès lors, il n’existe plus de problème en soi et ne subsistent que des problèmes personnels que le coaché devra résoudre en éloignant de lui les pensées « déviantes » qui le bloquent dans son développement et donc l’éloignent de la réussite, envisagée uniquement comme le succès dans le domaine professionnel. Afin de parvenir à cet objectif démentiel et égoïste de réussite au rabais, le « patient » devra répéter un certain nombre de formules, dont le fond est toujours ultra déterministe (« réussir, c’est croire en sa réussite » ; « échouer, c’est la peur d’échouer » ; « fais de ton rêve un objectif et il se réalisera » ; « il est possible de réaliser ses rêves par la seule force de sa volonté », etc.), empruntées aux papes du coaching américain et que ces derniers déclament devant des foules toutes acquises à leur cause à l’occasion de représentations démesurées (les coachs français ne sont jamais que des représentants de ces vedettes du DevPers). La justification de cette pensée magique s’appuie sur le modèle Switch ou la méthode Coué et s’inspire très largement des mantras, méthode dérivée de l’hindouisme permettant d’accéder à la béatitude, là où le coaching permet seulement d’atteindre, à notre avis, la « bêtitude » la plus profonde.


La « positive attitude » enfin est là encore une conséquence du relativisme et de la transformation de soi en ce sens que le sujet doit faire abstraction des conditions de sa réalisation et appréhender la réalité de manière à être « heureux ».
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Anthony Robbins, super star du DevPers (il prétend avoir guéri d’une tumeur au cerveau par la seule force de sa volonté), nous gratifiant d'un discours lénifiant et sans aucun sens. Image qui se partage beaucoup sur Facebook entre adeptes du coaching

Autre monstre sacré du coaching et exemple de discours ultra déterministe. L'homme est connu pour ses liens d’amitié avec Donald Trump

Non content de répéter comme des mantras les phrases creuses des gourous du DevPers, les coachs aiment également reprendre des citations d'hommes célèbres afin de s’approprier leur aura. Il s’agit en général de phrases creuses et sorties de leur contexte. Ici Mohamed Ali, musulman, ultra engagé politiquement, objecteur de conscience durant la guerre du Viêt-Nam. Apprécie-t-il de servir de porte drapeau au syncrétisme et au relativisme du New-Age, la réponse est évidemment non.

Même chose avec Albert Einstein. Lui qui en son temps remit en cause l'ordre de l'univers, est-il un bon exemple de développement personnel ? L'acceptation d'idées toutes faites n'étant pas à notre avis sa passion, il convient de répondre encore une fois par la négative.



Interrogeons-nous désormais sur le mystérieux succès de cette sous-spiritualité confuse, dans une époque où la transcendance est rejetée de toute part ; et les raisons de son incroyable popularité, par l’étude de ses objectifs.



Les objectifs du coaching


Il apparaît d’ors et déjà que le New Age, et son bras armé le coaching, sont en totale adéquation avec le système ultralibéral comme nous l’avons vu précédemment. Son objectif est donc de créer un être qui parvient à s’accommoder au capitalisme de marché, trouvant en celui-ci les moyens de sa réalisation personnelle et de son bien-être, et tenant cette pseudo-réussite pour un accomplissement d’ordre spirituel.[6]


Afin de bien comprendre ce que nous entendons par là, nous évoquerons deux aspects négatifs du monde moderne et les moyens par lesquels le coaching se propose de les appréhender, à savoir, la perte de sens des « métiers » et la misère des relations humaines.


Sur les conditions de travail pour commencer.


Le travailleur ancien était appelé au Moyen-Âge l’artifex. Il est une constante des civilisations anciennes que le métier permettait de participer à la Tradition à tel point que l’on a pu dire que « chaque occupation est un sacerdoce ». Le métier est conçu alors comme la manifestation et l’expansion de la nature de celui qui l’exerce, qui est tout à la fois l’artisan et l’artiste[7]. A l’inverse, le travailleur moderne doit faire face à un « désenchantement du monde », pour reprendre l’expression du sociologue allemand Max Weber. Les phénomènes de technicité accrue, de spécialisation et de taylorisme dépossèdent le travailleur du sens de son activité. Ce constat est encore plus vrai dans le cadre d’une économie postindustrielle ou le domaine du tertiaire explose. Les individus sont devenus des unités numériques parfaitement interchangeables.


Cette situation, à l’origine d’un profond mal-être, et dont les suicides anomiques ne sont que l’illustration la plus éclatante[8], doit être absolument niée par le sujet coaché. De tels questionnements sont pour le New Age des comportements totalement négatifs. Le coaché devra se transformer lui-même afin de s’adapter au monde extérieur, lever ses appréhensions en modifiant la manière dont il perçoit la réalité. Il faudra donc faire abstraction de cette perte de sens réelle afin de la remplacer par une nouvelle quête de sens qui est, sempiternellement, dans le cadre du DevPers, la réussite et la fortune. Peu importe les circonstances externes, il faut se réaliser (dans un sens purement matériel évidemment) à tout prix.


Concernant les relations humaines.


Le monde moderne est profondément individualiste. La disparition d’une certaine forme de solidarité et le culte du Soi sont à l’origine d’une grande misère affective et amoureuse. Pour le coaching, là encore, nos déceptions dans ce domaine proviennent non pas des autres mais de nous-mêmes. Il s’agira dès lors d’envisager l’autre comme un moyen de parvenir à nos fins. C’est d’ailleurs toute la philosophie du PNL : en observant le comportement de notre interlocuteur, il est possible d’influencer ses réponses et d’obtenir ce que nous voulons de lui, c’est-à-dire toujours notre réussite professionnel et le « bonheur ». Si la manipulation psychologique ne fonctionne pas, il suffira d’écarter cet autre de ses projets, de la même manière qu’il faut éliminer toutes les pensées et tous les discours « déviants » qui entravent la « réussite », graal absolu du coaching. De là des relations humaines totalement calquées sur le modèle du marketing et de la vente, et entièrement dénuées de spontanéité et de vérité.[9]


Nous constatons que cet état d’esprit parfaitement novateur, comme il n’en a absolument jamais existé, fondé sur des formules toutes faites et une macédoine de techniques disparates pseudo-scientifiques, est en définitive un processus de déshumanisation permettant à l’individu d’être en conformité aux besoins de l’entreprise moderne. Il constitue une médicalisation et une professionnalisation de l’existence. C’est pourquoi certains commentateurs n’hésitent pas à parler, à juste titre, de « bien-être totalitaire »[10]. L’humain doit augmenter sa rentabilité comportementale.


Profitant de l’absence de repères spirituels et moraux, le coaching s’insinue dans la société, et lui substitue une vision amoindrie du bonheur et de l’accomplissement. Sur le modèle du sportif, animal humain ayant développé au maximum sa force musculaire et qui est le héros éternel des mondes décadents, chacun de nous doit désormais rayonner du soir au matin, comme si la vie était une compétition. Il n’est d’ailleurs pas anodin de constater que l’archétype de l’Homme accompli, s’il est encore possible de parler d’Homme (sous-homme serait plus adapté), est celui du « winner » : costume impeccable, muscles bodybuildés et sourire carnassier.


Pour résumer, le coaching tend à l’avènement d’un être dénué d’esprit critique, devenant parfaitement adapté à une superstructure déshumanisée, niant toute espèce de Réalité autre que la sienne et qui n’envisage l’interaction humaine que comme un moyen de parvenir à ses fins, que sont le bonheur et l’argent. On comprend dès lors mieux le succès d’une telle religion dans un monde néolibéral. On comprend aussi pourquoi, dans une société dont l’objectif est de crucifier toute forme de spiritualité, le New Age est porté au pinacle et fait tant d’adeptes parmi les chefs d’entreprise, les hommes politiques et en règle générale toutes les professions particulièrement destructrices pour le vivre-ensemble, comme la spéculation boursière, la télévision… Mais au-delà de cette clientèle fortunée, le New Age séduit beaucoup de petits étudiants tendance baba cool, de jeunes cadres et de chômeurs.


Le DevPers est une aliénation de l’humain, une religion ultra-simpliste, qui ne dit pas son nom et qui fait logiquement le bonheur des mouvements sectaires de toutes sortes.


Chaîne de montage de l'Iphone 5. Illustration de la "machinisation" de l'être humain. L'idéologie New Age et le recours aux méthodes de coaching de l'entreprise Apple ne sont plus à démontrer (que l’on songe seulement aux présentations de produits de Steve Jobs, surdoué du marketing et du management élevé au rang de prophète).

Image symbolisant le mal-être de l'employé du tertiaire face au "désenchantement du monde".


L’utilisation du coaching par les mouvements sectaires.


Nous tenons, avant d’aller plus avant dans notre démonstration, à opérer une distinction entre sectes religieuses au sens premier du terme et sectes New Age.


Les sectes religieuses, quelle que soit la forme traditionnelle qu’elles singent, ont toujours deux objectifs : le schisme[11] ou l’enrichissement personnel, ou un subtil mélange des deux. Dans tous les cas, ces sectes ne peuvent faire l’économie d’une hérésie, c'est-à-dire d’une déviance des doctrines dont elles s’inspirent, et qui sont souvent des vérités ésotériques incomprises.


Pour les sectes New Age, nul besoin de créer une hérésie, leur pseudo-doctrine et déjà un prêt-à-penser pour toutes les structures d’aliénation et le coaching est un moyen extrêmement efficace de s’assurer des adeptes serviles.


Parmi ces mouvements sectaires les plus célèbres nous pouvons citer la Scientologie, lesRaëliens, le Mandarom (et son messie cosmoplanétaire), la Grande Fraternité Blanche et toute une constellation de mouvances sur le mode psy. Nous renvoyons le lecteur désireux d’en savoir plus au rapport des commissions d’enquête parlementaires sur les sectes en France datant de 1995[12] qui, bien que d’une médiocre qualité au regard des moyens mis à la disposition des parlementaires, a le mérite d’exister et ouvre en tout état de cause de nombreuses pistes de réflexions.


Claude Vorilhon, alias Raël, grand adepte du New Age. Sa secte (parfait exemple de syncrétisme) est un mélange d'ufologie, de religion et de sciences (on connaît sa passion pour le clonage) et a fait sa fortune. La plupart de ses adeptes sont américains, population entièrement acquise à la religion du coaching.

Tom Cruise, célèbre scientologue, parfait exemple de l'homme accompli selon la définition du DevPers.

Gilbert Bourdin, messie cosmoplanétaire du Mandarom. Là encore un mouvement dans la plus pure doctrine New Age.

Si le caractère sectaire de ces mouvances ne fait aucun doute et est d’ailleurs considéré comme tel par les pouvoirs publics et la justice, il en est d’autres qui, de par leur nature, sont beaucoup plus pernicieuses et sournoises, preuve encore que le DevPers peut se cacher partout et nourrir tous les desseins.


Pour exemple le MLM (multi-level marketing), ou marketing par palier, plus connu sous le nom de vente pyramidale et dont Wikipédia donne la définition suivante : « forme d'escroquerie dans laquelle le profit ne provient pas vraiment d'une activité de vente comme annoncé, mais surtout du recrutement de nouveaux membres. Le terme pyramidal identifie le fait que seuls les initiateurs du système (au sommet) profitent en spoliant les membres de base. »


Outre le fait de faire miroiter des profits que 99,9% des participants n’atteindront jamais, les systèmes de MLM motivent leur force de vente par les méthodes du DevPers. En effet toute personne saine d’esprit comprend aisément que le fait de recruter à l’infini de nouveaux membres en faisant remonter les gains au sommet de la pyramide est non seulement une escroquerie, mais n’a également aucun sens, sinon l’enrichissement (puisque le produit que ces entreprises sont censées vendre n’est qu’un prétexte à l’édification de la pyramide), si bien que 3 situations doivent être envisagées  :


-  1ère situation : la personne se laisse convaincre par les démonstrations fumeuses des représentants de la vente pyramidale, débourse la somme nécessaire pour devenir à son tour vendeur, ne convainc personne, réalise qu’il s’est fait arnaquer et s’arrête. C’est grâce au nombre considérable de ces personnes abusées que le système prospère. Ils constituent le socle de la pyramide.


- 2ème situation : le vendeur se rend parfaitement compte que le système est une escroquerie, il est donc par définition lui-même un escroc et est complice des initiateurs de la pyramide. Il est certes malhonnête mais n’est pas dupe de ses agissements et demeure conscient de transgresser une norme fondamentale, à savoir l’interdiction du vol.[13]


- 3ème situation : et c’est là que l’analogie avec les mouvements sectaires prend tout son sens, le vendeur ne cherche même pas à savoir si le système est une escroquerie ou pas, mais voit seulement son intérêt et croit à l’argumentaire de la société, systématiquement basé sur les présupposés totalement délirants du coaching.


Pour mieux s’en convaincre, il suffit de se rendre sur les sites des revendeurs d’Organogold, entreprise supposément de vente de café aux vertus thérapeutiques exceptionnels (prévention du VIH , d’Alzheimer… ) et de lire leur argumentaire dont nous avons sélectionné quelques extraits probants (ces extraits proviennent de revendeurs indépendants mais ne varient pas d’un vendeur indépendant à l’autre, il est en effet impossible d’accéder au site sans faire partie du « réseau ») :



« Tout d’abord, il faut savoir qu’au début je ne connaissais rien au « Développement Personnel » jusqu’à ce qu’on me dise que c’est indispensable pour progresser au niveau du MLM »


« J’ai rapidement compris que le Marketing de Réseau est, de tout ce que l’on connait, le business dans lequel s’appliquent le mieux ces principes, parce que tous les revenus sont basés sur soi-même, sur le mérite et la création de valeur. Avec le Marketing relationnel, nous sommes payés en fonction de ce que nous valons mais pas obligatoirement en fonction de ce que nous faisons. » 


«  Dans le marketing de réseau, si nous avons un rêve, un objectif et si nous sommes prêts à travailler pour le réaliser, rien ne peut nous arrêter, sauf nous-mêmes. Pour ceux qui se sont construits avec une attitude pour se faire gouverner et qui ont choisi des solutions de facilité sans ambition : vous faites partie de ce groupe de personnes pour lesquelles il est préférable de passer votre route le marketing de réseau n’est pas pour vous » (note de l’auteur : c’est-à-dire tous ceux qui n’ont pas la même religion, les « loosers »)


- « Le markéting de réseau est une véritable profession (…) qui n’est pas ouverte à tous les esprits mais qui fait partie du monde que nous construisons, du monde de demain. Contrairement à « l’ordre mondial », à ses réductions d’effectifs, à cette compétition ou tout le monde se marche dessus, le Marketing de Réseau offre l’occasion d’entretenir et de renforcer des talents naturels et innés. Dans ce type d’affaire, qu’est le succès ? C’est la chance de se développer spirituellement, intellectuellement, émotionnellement et financièrement tandis que nous contribuons d’une façon positive au développement des autres. »



Les sites de MLM sont truffés de ces discours absolument délirants destinés à contredire les accusations d’escroquerie. Mais ce qui est inquiétant, c’est que le vendeur d’une chaîne pyramidale n’a plus conscience de faire quelque chose de profondément malhonnête et inutile, il est bien au contraire convaincu de « changer le monde », de s’accomplir et de former des leaders en appliquant à la lettre les injonctions du coaching. Voilà en quoi les entreprises pratiquant le MLM sont des sectes. Il faut bien comprendre qu’il n’y a là dedans rien d’anodin, le MLM détruit des familles et isole les individus. Le vendeur MLM convaincu, adepte du DevPers, éloignera de lui ceux qui essaieront de lui expliquer qu’il est engagé dans une arnaque et très vite, il ne sera plus qu’entouré des membres du réseau qui seuls le « comprennent », et qu’il considérera très vite comme une « nouvelle famille ».

Illustration du montage financier frauduleux de la vente pyramidale. Le MLM emploie massivement les méthodes de DevPers pour trouver de nouveaux vendeurs et escroquer de nouvelles victimes.

Enfin, en guise de conclusion, nous nous posons la question de savoir pourquoi de telles pratiques, destructrices pour la société et les individus, ne sont la plupart du temps réprimées que sur le fondement d’une très timide disposition du code de la consommation (L 122-6 et svt) qui prévoit une peine de seulement un an de prison. Pourquoi le juge français doit-il se contenter de la qualification de publicité mensongère pour punir les responsables d’ACN[14], plus grand groupe de MLM au monde ? Pourquoi la France, si prompte à engager des réformes pénales à chaque nouveau fait divers ne donne-t-elle pas les moyens aux juges de réprimer efficacement ces pratiques en adoptant une législation ad hoc ? Pourquoi permet-on à ces criminels de monter des structures toujours à la limite de la légalité lorsque l’objectif frauduleux ne fait absolument aucun doute ? D’où vient cette immunité si scandaleuse ? Serait-ce parce que le grand magna de la vente pyramidale n’est autre que Donald Trump, multimilliardaire américain et très proche de la mouvance DevPers, pressenti un moment pour l’investiture à la présidence des Etats-Unis ? La réponse à ces questions donnerait encore lieu à de multiples questionnements qui sortiraient largement de notre propos, qui touche maintenant à sa fin, et qui aura, nous l’espérons, ouvert les yeux du lecteur sur ces réalités omniprésentes mais malheureusement trop peu souvent comprises.


Couverture d'un des ouvrages coécrits par Robert Kiosaki, grand gourou du DevPers américain, et Donald Trump, magna incontesté du MLM.
Raphaël M.






[1]  L’archétypologie néo-platonicienne de Jung — avec, au centre du dispositif, la figure (védantique) du «Soi» et le «processus d’individuation» — est en effet une donnée majeure des idéologies politico-religieuses du New Age. Carl Gustav Jung fut fasciné par le nazisme de 1932 à 1940 ; il y voyait «l’expression de l’âme créative et intuitive.» (Revue «Cultures», N° 24),  L’Institut International de Psychologie jungienne n'a reconnu ces faits qu'en 1999. 
Luc Mazenc, Docteur en sociologie a soutenu, à l’université Pierre Mendès-France de Grenoble II en 2001, une thèse dont le titre complet est : « Les nouveaux mouvements religieux (NMR) et les nouveaux mouvements sociaux (NMS) dans le procès de mondialisation. Pour une phénoménologie sociologique des mutations de la modernité. (XIX-XXème siècles)." Il dira : « L’impact de la pensée de Jung sur la dynamique d’émergence du New Age est fondamental »

[2]  Richard Bandler et Paul Grinder,  Les secrets de la communication, les techniques de la PNL, Montréal, Broché, 1982.

[3] Pour plus d’informations : Rappin Baptiste « « Le talent du coach » le new age et son influence dans le coaching comme nouveau mode de régulation de la déception sociale »,Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements, 2011, 41 Vol. XVII pp. 157-170.

[4] Le changement d’ère dans le symbolisme zodiacal n’est jamais qu’une autre manière d’appréhender la théorie des cycles (âge d’or, âge d’argent, âge d’airain, âge de fer ouKaliyuga). Croyant être les tenants d’un retour  à l’âge d’or (ère du verseau), les tenants du New Age sont en réalité la représentation ultime de l’humanité de la fin de l’âge de fer. Cela est la conséquence de la profonde méconnaissance du Bouddhisme et de l’Hindouisme dont le Théosophisme se fit l’écho.

[5] Quasi introuvable à la vente mais disponible en PDF.

[6] Là encore, pour aller plus loin : Roland Gori et Pierre Le Coz L’empire des coachs, une nouvelle forme de contrôle social, Albin Michel, 2006.

[7]  Voir René Guénon, Règne de la quantité et signes des temps Chap. VIII Métiers anciens et industries modernes.

[8] Voir Emile Durkheim, Le suicide, 1897, traitant des causes de la multiplication des suicides anomiques dans les sociétés industrialisées.

[9] Pour s’en convaincre : Petit traité de manipulation a l'usage des honnêtes gens de Joule et Beauvois aux éditions PUG. Des ouvrages traitant de ce sujets et dévoilant les techniques de la PNL sortent périodiquement et sont presque à chaque fois des best-sellers.

[10] Nous n’hésitons pas à affirmer que le coaching est la version libérale des hôpitaux de redressement psychiatriques de l’ex URSS.

[11] C’est-à-dire la division religieuse.

[12]  Disponible sur le site de l’Assemblée nationale

[13] Qualification pénale de l’escroquerie,  Art 313-1 du code pénal : « L'escroquerie est le fait, soit par l'usage d'un faux nom ou d'une fausse qualité, soit par l'abus d'une qualité vraie, soit par l'emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice d'un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consentir un acte opérant obligation ou décharge.
L'escroquerie est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 375000 euros d'amende. » Le fait de la commettre dans le cadre d’un mouvement sectaire constitue une circonstance aggravante.

[14] ACN a été condamné en 2007 pour publicité mensongère par la 31e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris à 15 000 euros d'amende. ACN n’a pas interjeté appel de ce jugement. Les faits reprochés sont d'avoir laissé entrevoir par le biais de publicités dans le quotidien Metro et dans l’hebdomadaire Télé 7 Jours renvoyant au site Internet, une indépendance financière, sans mentionner les efforts nécessaires et la non-garantie du succès.

Surface Libre ?

Un liquide dans un récipient, en prend toujours la forme, il n’a donc pas de forme propre.
Lorsqu’il est au repos, sa surface est toujours plane et horizontale : on dit qu’il a une surface libre.
Mais là n'est pas la question...