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La nomination bâclée de Mario Draghi et l’étouffement de la falsification de la dette grecque


Article source d'Agoravox écrit par Jarreth


Sharon Bowles (lien) est la présidente du comité des Affaires Economiques et Monétaires (ECON) du parlement de l'UE (lien). A ce titre, elle est responsable du rapport (lien), datée du 16 Juin 2011, évaluant la nomination de Mario Draghi. Ce rapport de 36 pages, qui a été transmis aux députés en préalable au vote, a conclu à « un avis favorable de nommer Mario Draghi en tant que président de la BCE », pour un mandat de 8 ans, mais sans seulement mentionner les fortes réserves de certains membres du comité. Ces réserves étaient les soupçons quant à la responsabilité du candidat dans le maquillage de la dette grecque, alors qu'il était directeur éxécutif (Managing Director) à Goldman Sachs pour l'Europe, de 2002 à 2005. Sa défense lors d'une audition précédant le vote a été jugée obstructive et peu plausible, et un nouvel élément est venu la discréditer. Ces défaillances nous ont amené à regarder ce que fait concrètement ce comité, au sujet de la falsification de la dette grecque.



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Mario Draghi


Première partie : La nomination du Président de la BCE



Les réserves au sein du comité ECON

Le soupçon sérieux de la connexion Mario Draghi à la controverse a été connu publiquement en Mars 2011. Il est venu de Simon Johnson, dans un blog intitulé Mario Draghi et Goldman Sachs, Again (lien). Il est professeur au MIT, et l'ancien chef du département de recherche du FMI et cotoye le monde des banquiers centraux. Deux membres du comité ECON ont écrit conjointement un appel solennel, publié dans le journal Le Monde le 14 Juin 2011 (lien), demandant à Mario Draghi de clarifier son rôle. Le premier était le prédécesseur de Sharon Bowles comme présidente du Comité, Pervenche Berès (lien). La deuxième était Pascal Canfin (lien), qui avait réitéré l'appel directement à Mario Draghi lors d'une audience tenue le 15 Juin 2011, en ​​présence de Sharon Bowles. La réponse de Mario Draghi était incohérente et dite sur un ton irrité (lien) [1]. Pascal Canfin a donné son impression le 15 Juin 2011 dans une webdiffusion du Parlement Européen (lien). Il a averti de l'épée de Damoclès planant sur ​​la tête du président de la BCE (lien).

La communication du comité ECON au parlement


Le rapport présenté par Sharon Bowles ne fait aucune référence à ce que l'audience contenait. Il est seulement mentionné de nom : "considérant que le comité a ensuite tenu une audience de deux-et-un-demi-heure avec le candidat, le 14 Juin 2011". Le reste du rapport contenait la biographie de Mario Draghi et un long questionnaire ayant trait à la politique monétaire mais aussi la gouvernance de la BCE. Dans cette deuxième catégorie, on peut citer, par exemple, la parité des sexes (il est contre) et la proposition de faire en sorte que le parlement ne soit pas seulement consulté mais confirme les nominations, comme aux Etats-Unis (il est contre). En outre, le comité ECON a publié un communiqué de presse (lien) , le 15 Juin 2011. C'est pour qui veut le lire, contrairement au rapport qui a été spécifiquement adressé au Parlement. Il reconnaît les réserves existant au sein du comité. Cependant, il l'exonère l'intéressé comme suit (traduit de l'anglais) : « Des eurodéputés ont demandé à M. Draghi de clarifier son implication passée avec Goldman Sachs. M. Draghi a défendu son intégrité avec véhémence. Il a dit qu'il n'était pas impliqué dans les relations de la banque avec les gouvernements et que son attitude [comme régulateur] depuis lors envers le secteur bancaire prouve qu'il ne serait pas dans la poche de l'industrie financière. ». D'abord, ce qui lui était reproché était beaucoup plus précis : son implication dans la falsification des comptes publics grecs. Ensuite, la déclaration traite Mario Draghi comme juge et partie. Enfin, le 23 Juin 2011, Sharon Bowles a publié un soutien personnel (lien) dans lequel elle a dit : « J'ai été impressionné par les réponses qu'il a données à mon comité [...] Beaucoup d'autres réponses ont également été intéressantes et stimulantes, il a le respect de la commission et du Parlement [...]. ». On pourrait arguer, au contraire, que le Parlement avait le respect de Mario Draghi, car les données gênantes en étaient absentes. Un député qui aurait voulu savoir plus que le rapport aurait probablement lu le communiqué de la commission économique et monétaire. Ce dernier présente la défense de Mario Draghi comme si elle avait fait évaporer les soupçons de ceux qui les avaient initialement. C'est le contraire qui s'est produit.

Hypothèses sur le déroulement de l'opération


L'exonération de Mario Draghi était probablement motivée par un intérêt que la nomination se déroule le mieux possible. Ça a fonctionné merveilleusement bien. Aucun journal influent ne s'est inquiété de son mensonge présumé, jusqu'à un temps très court avant qu'il ne prenne ses fonctions le 1er Novembre 2011. Le 29 Octobre, le NY Times a donné un compte rendu fidèle de l'audience (lien). La preuve ultérieure du parjure a été rapportée par El Tiempo, le 16 Novembre 2011 (lien). Cet article cite des documents émanant de la Banque Centrale d'Italie invalidant son affirmation selon laquelle il n'a pas eu de contacts avec les gouvernements. Cette révélation est commentée par Pascal Canfin dans une webdiffusion (lien). Afin de mesurer la responsabilité de Sharon Bowles, voici la mission du comité ECON (lien) : « le principale rôle de cette commission est une forme de contrôle de la BCE (lien). Car si la BCE, de par le traité qui prévoit sa création, est indépendante, elle est tout de même responsable devant cette commission ». Elle est appuyée dans son rôle par quatre vice-présidents, José Manuel García-Margallo y Marfil ( lien ), Arlene McCarthy ( lien ), Theodor Dumitru Stolojan ( lien ) et Edward Scicluna ( lien ).

On peut se faire une idée de l'ambiance qui a prévalu au sujet de ce vote parmi les députés en lisant leurs explications (lien) sous la rubrique « Rapport Sharon Bowles (A7-0229/2011) ». Sachez que c'est seulement un échantillon des députés. Prenez, par exemple, Alfredo Pallone ( lien ), qui est un membre du comité ECON. Son explication de vote est un éloge lyrique de Mario Draghi. Sharon Bowles a-t-elle donné le ton juste afin que le minimum d'impartialité que l'on attend de ce groupe d'eurodéputés dans l'exercice de cette mission particulière soit de mise ? Nous ne pouvons que spéculer sur les motifs de Sharon Bowles. Elle a suivi la recommendation du Conseil européen, c'est à dire, en réalité, les poids lourds, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, parce qu'elle n'est pas du genre à faire des vagues. Appelée à interagir avec Mario Draghi régulièrement, elle voulait éviter un précédent déplaisant. Enfin, Sharon Bowles a peut-être répondu à ce qu'elle voyait comme l'appel du devoir, dans un contexte de détérioration de la crise de l'euro.
Deuxième partie : la falsification de la dette grecque

Les audits de Eurostat

La question qui dérange certains, au sujet de Mario Draghi, n'a pas surgi à la dernière minute. Nous avons déjà mentionné la grave accusation de Simon Johnson en Mars 2011. La question de la falsification de la dette grecque, avec la complicité active de Goldman Sachs était connue, au moins de ceux qui lisent la presse économique et financière. Pour être précis à ce sujet, et afin de comprendre le point de vue de Sharon Bowles, nous allons nous concentrer sur les audits de l'office statistique de la Commission, Eurostat ; un institut avec lequel elle a nécessairement des contacts. Dans le jargon d'Eurostat, « une visite méthodologique » est un audit qui est "entrepris dans les cas où Eurostat détecte des risques importants ou des problèmes potentiels avec la qualité des données ». Les visites méthodologiques des finances publiques de la Grèce ont commencé en 2009 et se sont poursuivies jusqu'en 2010. Trois importants rapports ont été produits, l'un le 29 Octobre 2009, la deuxième le 8 Janvier 2010 et le troisième en Novembre 2010 ( lien ). Selon le dernier, une « série de manquements dans les arrangements institutionnels et la compilation des données concrètes du grec des finances publiques » ont été constatés.

Il semble que seul le rapport de Novembre 2010, dans cette série, traite des transactions de swaps grecs (nous avons lu le dernier et survolé celui de Janvier). Il a conclu comme suit : « Prenant en compte [les rectifications éffectuées], comme décrit dans le présent rapport, la dernière représentation de la dette et des données du déficit pour la Grèce est maintenant fiable, [y compris pour les ] les années 2006-2009 ». Il est, par conséquent, un rapport important car il représente un avis final et fiable sur le plan comptable. Le résumé d'Eurostat de ses relations avec la Grèce en rapport avec la transaction controversée des swaps grecs contredit l'affirmation allègrement rapportée qu'elles étaient légales. Goldman Sachs donné la version optimiste dans un communiqué publié en Février 2010 ( lien ) : "Le gouvernement grec a déclaré (et nous sommes d'accord) que ces opérations étaient conformes avec les principes d'Eurostat qui régissent leur utilisation et leur application à l'époque [2000 et 2001]. ». Premièrement, Eurostat affirme que « Au début de l'année 2010, on a appris que la Grèce avait conclu en 2001 des accords de swap de devises hors marché avec Goldman Sachs, en utilisant un taux de change différent de l'endroit qui prévaut un. ». Chaque mot est important dans la détermination de la légalité, car il faut tout de même se souvenir que la controverse était connue dès 2003 grâce à une article de Risk.net intitulé face Méga Deal de Goldman Sachs avec la Grèce ( lien ). Cet article a dit que la recherche d'une meilleure notation de la signature grecque était parmi les motifs. Cette année-là, sa cote est passée de A à A +. Deuxièmement, Eurostat indique que la Grèce l'a manifestement trompé en 2008 en affirmant que son agence du trésor n'était engagé ni dans des contrats de « swaps FOREX, ni dans les swaps hors marché ». Or, ce sont exactement le type de transactions convenues entre la Grèce et Goldman Sachs en 2001 et ultérieurement, FOREX signifiant taux de change.

La communication de Goldman Sachs


Le fossé entre les interprétations des différentes parties reste une question en suspend : il y a du tri et des recoupements qui restent à faire pour y voir clair. En attendant, on peut déjà relever les intriguantes tournures de language du Directeur Général de Goldman Sachs, Gerald Corrigan ( lien ), dans son témoignage devant la Chambre des Communes en Février 2010. Incidemment, nous ne pouvons pas trouver la retranscription à parliament.uk alors que d'autres impliquant le même individu (qui a l'oreille du parlement britannique) sont retournées par les moteurs de recherche. De ce qui est rapporté dans le journal financier en ligne Finfacts Irland ( lien ), il a essentiellement placé le blâme sur l'UE pour ne pas avoir des règles strictes, admettant ainsi que le contrôle faible. Il a également déclaré que l'activité de la banque était monnaie courante dans l'industrie, un cas de rationalisation. La transaction aurait généré des centaines de millions de dollars pour l'entreprise ( lien ) [2]. En passant, la commission d'enquête fédérale sur la crise, la FCIC ( lien ), a révélé que Goldman Sachs fait entre 25% à 35% de ses revenus de l'activité de produits dérivés ( lien ). Revenant à la falsification de la dette grecque, l'acteur clé, Antigone Loudiadis, a fait une fortune considérable grâce à ces transactions. Et elle a connu ensuite une progression de carrière fulgurante ( lien ). Elle a fait à nouveau l'actualité, controversée, il n'y a pas longtemps, en tant que PDG de Rothesay Life, avec les "produits dérivés macabres" ( lien ). Les critères que nous avons énumérés a) contrôle défaillant, b) rationalisation des errements, et c) le gain financier ou la promotion de carrière comme mobiles, définissent le Triangle des Fraudes ( lien ). Ce sont les « trois facteurs qui sont présents dans toute situation de fraude », qui sont enseignées dans les cours d'introduction en juricomptabilité. Rappelons que Goldman Sachs a versé un demi-milliard de dollars pour régler des accusations de la SEC que Goldman a trompé les investisseurs dans un produit hypothécaire à risque, alors que le marché immobilier américain était en train de s'effondrer ( lien ). Et il y a plus à déplorer ( lien ). Une information que révèle l'audit d'Eurostat est que "en août 2005 une importante restructuration du contrat de swap a eu lieu". Sur la base de notre connaissance limitée de la déposition de Corrigan devant le parlement britannique, il a ommis ce fait très important. En effet, il en a résulté une augmentation du montant de la dette grecque non divulguée, de € 2,830 milliards en 2001 à € 5,125 milliards en 2006, soit un accroissement de 81%. Le second montant a persisté jusqu'en 2009, selon Eurostat, qui l'a régularisé dans les comptes nationaux de la Grèce en 2010 [3]. Or, Mario Draghi a été nommé à la tête de la Banque en Italie en 2006, marquant ainsi la fin de son mandat chez Goldman Sachs. Ce dernier avait commencé en 2002, lorsque Goldman Sachs était le chef de file, en jargon lead manager, du marché primaire de la dette de la Grèce.

Le degré d’alerte du comité ECON

En tant que membre du Royaume-Uni du parti Libéral Démocrate, Sharon Bowles est de facto affiliée à l'Alliance des Libéraux Démocrates de l'Europe, abrégé ADLE ( lien ). Guy Verhofstadt est un député européen et chef de groupe de l'ADLE. Ce parti politique a publié une déclaration le 14 avril 2010, intitulé "Grèce : le moment de vérité", dans lequel il appelle Sharon Bowles à demander : « au directeur général d'Eurostat d'expliquer comment les comptes de la Grèce auraient pu être légalement modifiés et quelles mesures ont été prises pour prévenir de tels actes. » ( lien ). Ceci devait être discuté lors d'une audience le même jour, mais nous n'avons pas retrouvé la retranscription. En revanche nous avons trouvé la déposition (que nous avons seulement survolée pour l'instant), de Gerald Corrigan ( lien ) qui était invité au débat. On se souvient qu'il était dèjà le représentant de Goldman Sachs devant le parlement britannique. Le sujet a refait surface dans un débat au parlement de l'UE le 15 Juin 2010 ( lien ). Pour le cadrer Sharon Bowles avait affiché le 4 Juin 2010 la question de savoir « si toute [Etats membres] ont soumis des falsifications ou des données fausses ou de statistiques soit intentionnellement ou par négligence ? » ( lien ). Cette question paraît floue compte tenu des preuves disponibles à l'époque. Souvenons nous : ce débat faisait suite à celui du 14 avril 2010, intitulé « La Grèce : le moment de vérité ». De plus, Eurostat avait publié un audit en Janvier 2010, comme indiqué plus haut. Il déplorait « une representation frauduleuse (misreporting) généralisée du déficit et de la dette par les autorités grecques au cours de Novembre 2004, [...] et à cinq reprises entre 2005 et 2009 ». Incidemment, le Commissaire Olli Rehn Ilmari ( lien ) a fait deux longues réponses lors de ce « débat de fond », mais nous n'avons pas trouvé de réponse claire et précise à la question. Il nous semble que le comité ECON était en retard par rapport aux progrès des audits réalisés par Eurostat. Quant à l'audit de Novembre, il aurait fallu en tirer la substance avant l'audition de Mario Draghi et la comparer aux déclarations des parties en présence, comme nous avons tenté de le faire. Le puzzle est encore très incomplet.

L’obstruction de Jean Claude Trichet

Bloomberg a déposé une demande d'accès aux archives détaillant ces transactions auprès de la BCE en Novembre 2010. Elle a été refusée (lien). Bloomberg a contesté la décision au Tribunal de l'UE au Luxembourg (lien) en Décembre 2010 (lien). La BCE a demandé à la Cour générale de rejeter la plainte, en mai 2011, un mois seulement avant la nomination de Mario Draghi, apparemment en utilisant une prérogative de veto (lien). Bloomberg a réagi en Juin 2011 par ces mots : « La Banque centrale européenne n’a pas vu la crise grecque venir. Et maintenant, elle refuse de faire la lumière, au mépris des citoyens européens, sur les détails de ce montage frauduleux. Le secret et l’opacité ont été un facteur de la crise de l’Euro. Il faut maintenant faire preuve de transparence ». (link).

Que fait la police ?

Essayons de comprendre en regardant ce qui s'est passé dans un cas comparable, aux Etats-Unis, où le lobby financier est pourtant puissant. Les sénateurs américains de la commission d'enquête sur la grande crise financière, dirigée par Carl Levin ( lien ), ont sollicité une enquête criminelle en avril 2010 ( lien ). Cela a incité le ministère de la Justice et plusieurs agences gouvernementales, telles que la SEC, à prendre des mesures juridiques peu après ( lien ). En d'autres termes, pour que l'application des lois prennent effet, s’agissant de fraude systémique ( lien ), il doit être initié par l'exécutif ou le corps législatif. Est-ce que la chaîne des responsabilités est différente en Europe ? Non, ce n'est pas le cas. L'équivalent de la SEC, dans l'UE, est l'ESMA ( lien ), anciennement le CESR. Bien que depuis peu, il est doté d'un pouvoir exécutif, connu comme le niveau 4 de ses prérogatives. Au besoin, il peut « émettre une recommandation à une autorité nationale [pour mener à bien une action légale]", comme l'AMF en France, ou Bafin Allemagne. Pour ce faire, l'ESMA doit d'abord mener une enquête sur l'opportunité d'une telle action. Selon la même disposition (niveau 4), le Parlement européen, par le biais de Sharon Bowles, ou la Commission, par l'intermédiaire de Olli Rehn ( lien ), peuvent chacun demander à l'ESMA de faire une telle démarche. Tout est en place, et sur ce point, il est probable que Sharon Bowles ou son prédécesseur ait eu quelques mérites. La question c'est : est-ce que c'est utilisé ?

La falsification de la dette grecque, basée sur ce qui a été dit jusqu'ici, et le fait que Goldman Sachs l'a tenue secrète ( lien ), constitueraient, de prime abord, une violation évidente de leur obligation fiduciaire d'intermédiare entre le marché et les gouvernements. Rappelons que ce statut, appellé spécialiste en valeur du trésor (SVT) en France, et dans le monde anglophone « primary dealer » est en général accordé par décret officiel. Il faut pour l'obtenir, en principe, satisfaire des obligations déontologiques et des conditions techniques. Quelqu'un est-il au courant si le comité ECON ou la Commission a mis en oeuvre la démarche présentée ci-dessus ? Essayons de le découvrir. En Octobre 2011, un nouveau directeur exécutif de l'ESMA, Verena Ross ( lien ), a été nommé, avec l'approbation —qui vaut ce qu'elle vaut, comme on l'a vu avec Draghi— du comité ECON. Elle a prononcé un discours à cet effet dans lequel elle a donné sa vision de « l'orientation future du travail [de l'ESMA] » ( lien ). Il y est principalement question de l'harmonisation des règles et des procédés à travers les États membres [4]. Rien de tout cela traite de la priorité flagrante de traduire en justice les auteurs présumés de crimes financiers. Toutefois, pour rendre compte de façon équilibrée de la situation, il était question d'une éventuelle démarche allant dans ce sens, de la part de certaines autorités nationales au sein de l'Europe, à savoir le FSA du Royaume-Uni ( lien ) et Bafin en Allemagne Bafin ( lien ), dans la première moitié de 2010. Mais depuis, c'est le silence. Si les enquêtes étaient au point mort ou ont été discrètement remisées au tirior, les cyniques diraient que c'est tant mieux, sachant que le nom de Mario Draghi pourrait éventuellement en surgir.

Notons que, comme indiqué au début, nous nous sommes restreints aux données produites par la Commission européenne. Il y des analyses, par des experts financiers, alléguant une machination qui rappelle des pratiques déjà condamnés dans le cadre de la crise des subprimes. Ils peuvent être trouvés dans la note [5]. 
Conclusion

Nous savions déjà que le processus de nomination pour les postes importatns à la BCE était une entorse à la démocratie. Sous la pression de Jacques Chirac, le premier président, Wim Duisemberg, a démissionné à mi-parcours de son mandat, pour que Jean-Claude Trichet puisse le remplacer. Le plan, cependant, a été retardé à cause du procès pour fraude de l'intéressée, dans le cadre du scandale du Crédit Lyonnais (lien). Sans que le comité ECON soit mis en cause, nous supposons, par défaut. Plus maintenant, avec cette nouvelle nomination. La ligne de conduite juste aurait été de fidèlement relayer les réserves, avant, et juste après l'audition, exprimées par certains eurodéputés au sein du comité ECON. A défaut, on sait que la fonction cruciale du comité économique et monétaire dans l'équilibre des pouvoirs, au niveau de l'UE, est compromise. Nous avons montré des indices, par ailleurs, que le comité ECON, dans sa configuration actuelle, n'avait pas pour priorité de se tenir à jour des audits de Eurostat. On peut déduire de cela et les priorités affichées de ESMA (la police des marchés financiers), que donner une impulsion politique à la mise en marche de la justice dans l'affaire de la falsification de la dette grecque n'est pas au RV. Sur la période étudiée, Jean Claude Trichet a pour sa part bloqué avec force l’accès aux documents internes de la BCE détaillant ces transactions. Or, l'utilité du travail législatif de Sharon Bowles, en étroite collaboration avec ses partenaires à la Commission et l'ESMA, est conditionné à une bonne gouvernance.
Notes

[1] Rappelons ce qu'a été la « défense véhémente » de Mario Draghi au cours de l'audience. Elle reposait sur deux arguments. La première était que, puisque la transaction litigieuse a été faite en 2001, l'année précédant son embauche par Goldman Sachs, il s'ensuit qu'il n'avait aucun lien avec elle. Premièrement, les contrats étaient encore en vigueur pendant son mandat, et continuaient donc de revêtir un caractère frauduleux. Plus précisemment, Goldman Sachs a été le gestionnaire principal de la dette grecque en 2002, l'année Mario Draghi a été embauché. Deuxièmement, une renégociation a eu lieu en 2005. En conséquence, le montant de la dette grecque non divulguée, est passé de € 2,830 milliards en 2001 à € 5,125 milliards en 2006, d'après les chiffres de Eurostat dans son rapport de Novembre 2010, soit un accroissement de 81%. Le second argument est qu'il n'avait aucun contact avec les gouvernements, parce que ça ne l'intéressait pas, et réservait son talent au négociations avec le secteur privé. Qui a pu croire que Goldman Sachs avait renoncé à mettre à profit le carnet d'adresse de Mario Draghi ? En fait, la banque a publié un communiqué invalidant cette version à son embauche ( lien ). Un article de Bloomberg le 29 Décembre 2005 ( lien ) soit juste avant son entrée en fonction à la Banque d'Italie dit la même chose sur son profil au sein de la firme.

[2] La commission (jusqu'à 200 millions d'euros) semble élevée. Son au montant de la dette ainsi camouflée (€ 2,830 milliards en 2001) est de 7.1%.

[3] Pour être clair, Eurostat dit que ces montants doivent avoir été enregistrés comme des emprunts, avec Goldman Sachs en tant que prêteur. Le camouflage a consisté en deux types de swaps. La première transaction, un swap de devises, était censé neutraliser le risque de change résultant emprunts préexistants libellés en devises étrangère, ce qui est normal. Le hic, cependant, est que c'était en utilisant un taux de change différent de celui du marché, résultant en un paiement immédiat de Goldman Sachs à la Grèce. En verité il fallait considérer que c'était un prêt, alors que c'était comptabilisé comme un gain sur produits dérivés. Le second swap, également conclu avec des paramètres hors marché, équivalait à une promesse par la Grèce de faire une séries de paiements à Goldman Sachs—en réalité le remboursement du prêt, étalé sur une longue période. Cette période devait, d'après l'accord de 2001, se terminer en 2019. La renégociation en août 2005 a poussé cette échéance à 2037.

[4] La première a trait à l'harmonisation des règles à travers les états membres de l'UE. La seconde, "liée à la première", traite d'un autre aspect de l'harmonisation législative. Le troisième, se rapporte à l'"analyse des tendances des marchés financiers et d'identifier les risques » pour protéger les investisseurs, avec « comme ultime bâton », le pouvoir d' « interdire certains produits financier, si nécessaire ». Le quatrième est la supervision des agences de notation (CRA en anglais). Le cinquième, c'est la promotion de la stabilité financière en « contribuant activement à la production de données et de l'analyse »

[5] Articles à propos de la falsification de la dette grecque

Les intitulés apparaissant entre [ et ] sont traduits de l’anglais.  

* 17 Février 2010 : [Goldman Sachs, la Grèce n'a pas révélé les contrats de swap], Bloomberg (lien)

* 22 Février 2010 : [La femme derrière accord sur la dette de la Grèce], le Wall Street Journal (lien)

* 22 Février 2010 : [Auerback / Wray : Mémo pour la Grèce : faire la guerre, pas l'amour, avec Goldman Sachs], Nakedcapitalism, (lien)

* 23 Février 2010 : [Dans la tête d'un banquier d'investissement : la Grèce, Goldman et dérivés], Creditwritedowns (lien)

* 25 Février 2010 : [L'UE veut la divulgation des Swaps grecs], Bloomberg (lien)

* 26 Février 2010 : [La Fed enquête sur les contrats grecs de Goldman Sachs], Bloomberg (lien)

* Printemps 2010 : [Qu'est-ce qu'on sait sur la Grèce et Goldman Sachs], Diplomatic World Nº 26 (lien)

* 5 Novembre 2010 : [La BCE rejette la demande pour les fichiers sur dérivés grecs - Cite des risques aigus], Bloomberg (lien)

* 22 Décembre 2010 : [Bloomberg Sues BCE de forcer la divulgation des swaps grecs], Bloomberg (lien)

* 3 Janvier 2011 : [Éclairer Goldman Sachs & la Grèce], Hellenesonline (lien)

* 13 mai 2011 : [La BCE demande à la Cour de bloquer la divulgation de swap grec, Cites risque de marché], Bloomberg (lien)

* 16 Juillet 2011 : [Goldman a parié contre toute l'Europe —ses propres clients— Comme elle avait fait dans la crise des subprimes], ​​Washington's blog (lien)






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Sarközy, présidandidat


Source de l'article 


C’est à Jérôme Commandeur, le chroniqueur-humoriste, que nous devons cette trouvaille, entendue sur l’antenne d’Europe 1, le 14 décembre, et jamais un tel qualificatif n’est allé aussi bien à l’autocrate président.


Il est vrai que depuis mai 2007, date à laquelle celui-ci a été élu, on en vient à penser qu’il n’a pas encore réalisé qu’il avait gagné l’élection.

Il n’a cessé depuis près de 5 ans de multiplier les déplacements, faisant d’audacieuses déclarations, dans tous les domaines de la politique.

Bien sur, ces déplacements ne sont pas imputés aux « comptes de campagne », mais on serait tenté de se demander s’ils ne devraient pas l’être, d’autant que cette campagne interminable coute très cher aux français et que la crise se contenterait d’une campagne plus courte.

Le déplacement de Toulon 2011 aurait couté 325 000 €, et avec tous les déplacements additionnés, on arrive à un total de près de 20 millions d’euros par an.


Il faut savoir qu’outre les diverses locations de salle, de matériel, la protection policière du présidandidat coûte chaque fois 220 000 € en moyenne. lien

Entre les discours d’avant 2007, avec leurs lots de promesses, et le dernier discours de Toulon, et son même lot de promesses (lien), il n’y a pas l’ombre d’une feuille de papier à cigarette. lien

Façon comme une autre d’admettre dans le fond que ces promesses n’étaient que des paroles en l’air.
Prenons la production nationale : le présidandidat vient de décider de défendre le « produire en France », alors que depuis 5 ans, la délocalisation de la production nationale s’est aggravée avec la bénédiction gouvernementale, contradiction que l’on retrouve avec le « made in France », cette curieuse expression qui veut promouvoir le produit français, en utilisant la langue anglaise. lien

La réalité est plus grise : alors que les emplois délocalisés ne représentaient que 37% des délocalisations entre 1995 et 1999, le pourcentage passant à 57% entre 2000 et 2003, (lien) n’a cessé de grimper depuis. lien

Les délocalisations détruisent au moins 36 000 emplois par an en France, soit depuis l’élection présidentielle, soit près de 180 000 français privés de travail pour le plus grand profit des entreprises qui ont délocalisé. lien

Prenons les grandes entreprises d’état, comme par exemple « la Poste », entreprise dans laquelle œuvre un certain Jean-Paul Bailly.

Récemment, il a acheté 3000 scooters à Taiwan au moment même ou la branche Peugeot qui en fabriquait fermait ses portes, faute de commandes. lien

La même entreprise nationale n’a-t-elle pas offert récemment à ces cadres méritants pour 900 000 euros de BMW, curieuse manière d’encourager la production française. lien

En tout cas, l’économie allemande, qui a déjà plusieurs longueurs d’avance sur l’économie française remercie surement l’entreprise nationale française, même si elle n’avait pas besoin de ce geste généreux pour améliorer son score.

Avec 150 milliards d’euros d’excédent commercial pour l’Allemagne, contre nos pauvres 75 milliards de déficit, il doit y avoir d’autres manières d’encourager la production française. lien

Pourtant s’il est vrai que le présidandidat roule en Renault Velsatis, il n’en est pas moins vrai que celle-ci a été blindée par l’entreprise « centigon », laquelle a été achetée par le groupe américain « O’Gara-Hess & Eisenhardt », lui-même avalé par « Armor Holdings », acheté il y a un an par « BAE System » qui n’est pas plus française que Sarközy n’est esquimau. lien

Mais il y a mieux : Renault, cette entreprise 100% française ne l’est pas autant que l’on veut bien nous le dire, et la remplaçante de la « Vel Satis » la « Latitude  », sera fabriquée à Busan, en Corée du Sud (lien) alors que 400 000 véhicules sont déjà fabriqués au Maroc.

Les délocalisations touchent tous les domaines, et même si l’autocrate président s’est ému en janvier 2011 des délocalisations dans le domaine de la sous-traitance aéronautiques, notamment chez EADS, déclarant « quand on appauvrit les sous-traitants, on appauvrit toute la filière, je voudrais qu’on arrête le phénomène des délocalisations sur les sous-traitants ». lien

Mais les mises en garde ne coutent pas cher lorsqu’elles ne sont pas suivies d’effet.

Les Coréens ne se sont pas montrés très reconnaissants puisqu’ils ont raflé un marché nucléaire aux Emirats arabes unis, à Abu Dhabi, remporté haut la main par le consortium coréen de Kepco, devant un consortium français emmené par Areva, EDF, GDF Suez, Total, Vinci et Alstom. lien

Personne n’a oublié le combat des ouvrières de « sodimédical  » dont le patron a décidé la délocalisation en Chine. lien

Il est évident qu’avec les salaires chinois, avoisinant les 260 €, même avec la récente augmentation de 20% qu’ils ont obtenus, un patron français n’hésite pas très longtemps à délocaliser. lien
Et quid de ces milliers d’entreprises françaises qui se sont délocalisées avec la bénédiction de l’Etat aux quatre coins du monde, et notamment au Maroc.

Axa, BNP, Paribas, Bull, Atos Origin, Ubisoft, Bouygues Telecom, Orange, SFR, Renault, La Redoute, Ipsos etc… y sont installées, ou y sous-traitent une partie de leurs activités, à tel point qu’ils occupent un quartier complet de Casablanca.

Pourtant, connaissant les liens qui unissent notre présidandidat à Martin Bouygues, on ne peut que regretter qu’il n’ait pas tenté de dissuader ce dernier de ne plus produire français. lien

D’autant que les entreprises d’état se délocalisent aussi dans ce pays, afin de profiter des exonérations d’impôts pendant 5 ans, des faibles charges sociales, des semaines de 44 heures, et du salaire mensuel de 400€.


Un centre d’appel au Maroc revient 2 fois moins cher qu’en France.
Comme s’en flatte Youssef Chraibi, président de l’AMRC (association marocaine de la relation client) : « nous sommes 40 % moins chers qu’en France  ».

Pas étonnant dès lors que la RATP, ou la SNCF avec leur passe Navigo, ou la carte Imagine R, ne se soient laissés tentés, sans que le présidandidat n’y ait trouvé à redire. lien

Le Maroc y trouve son compte, et les économistes se demandent si ce pays n’est pas devenu la nouvelle banlieue économique de la France  ? lien

Ceci dit les (...) saoudiens ne sont guère reconnaissants : la France a été recalée pour un projet de TGV destiné à transporter les pèlerins de la Mecque.

Une ligne de 450 km pour accueillir 60 millions de voyageurs par an a en effet échappé à la SNCF, en toute discrétion, et ce sont les espagnols qui ont raflé la mise. lien
Mais on peut aller encore plus loin.

En signant un « accord de coopération stratégique à long terme » avec le ministère chinois des chemins de fer, le présidandidat court-circuite l’industrie française, mettant la technologie TGV dans l’escarcelle chinoise. lien

Les chinois ont, semble-t-il adapté le proverbe africain qui dit : « si tu veux aider celui qui a faim, ne lui donne pas de poisson, apprends lui a pêcher  ».

D’autant qu’aujourd’hui, la délocalisation ne touche pas que la production, elle concerne aussi les activités de recherche et de développement, comme l’a constaté le sénateur Philippe Adnot.

D’ailleurs, un autre sénateur, Jean Arthuis s’inquiétant que certaines entreprises françaises aient bénéficié du « crédit d’impôt recherche », suspecte ces dernières « d’avoir externalisé leurs travaux de recherche, notamment dans des pays d’Europe Centrale  ». lien

Il semble bien que Renault, autant que Citroën aient profité de l’aubaine, direction la Chine ou le Brésil. lien

Alors le présidandidat peut bien taper de ses petits poings nerveux sur les tables des plateaux médias nationaux, évoquant « le produire français », (lien) tentant de reprendre l’avantage sur les "LePen et Hollande et autres Bayrou" sur ce sujet brûlant, (lien) personne n’arrive vraiment à le croire sincère.

Il a déclaré vouloir lutter contre les délocalisations dès 2004, alors qu’il était ministre de l’économie (lien), puis en 2007, en 2008, en 2009, affirmant devant les ouvriers « ébahis » de St Nizier, en tordant tragiquement ses mains « la France pour être compétitive et garder ses usines doit arrêter la délocalisation  ». lien

Personne n’a de doutes qu’il refera le même discours en 2012.


D’ailleurs, la classe politique dénonce ces contradictions.

Noël Mamère déclare « ça veut dire quoi acheter français, c’est acheter une Toyota construite en France ou une Twingo construite en Roumanie ?  », et le député PS Christian Paul d’ajouter : « ce sera un slogan électoral sans lendemain ».

Pour Nicolas Dupont-Aignan, « c’est du verbiage  » et André Chassaigne du PCF s’étonne « d’un coté on veut accentuer la concurrence libre et non faussée, et de l’autre coté on affirme qu’il faut revenir à la production française ».

Comme dit mon vieil ami africain : « Les hommes sont comme les ordinateurs, durs à comprendre, et manquant parfois de mémoire ».

L’image illustrant l’article provient de « contre-info.com »


Olivier Cabanel




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Pays Riches, Pauvreté Extrême


Article source d'Agoravox écrit par Tanguy


Voici plusieurs mois que des nouvelles alarmantes nous proviennent des USA : des « villes de tentes » se dressent, nombre de personnes vivent dans leur « mobil-home » devant leur maison saisie, des personnes âgées ayant cotisé pour une pension durant plusieurs dizaines d'années sont contraintes de chercher un emploi rémunéré car leur employeur est en faillite (lien) ou que les revenus de leur épargne se sont évanouis dans l'une des grandes faillites qui ont eu lieu. Plus grave encore, l'insécurité alimentaire est présente et une large part de la population a connu la faim ou des restrictions sévères, à tel point que des chaines de télévision ont fait des reportages dans les écoles, posant la question « qu'est-ce que cela fait de ne pas manger ? » !(lien)

Plus près de nous, les populations grecques sont aussi victime de ce qu'il est convenu d'appeler « la crise » : chômage massif, faillite des petits commerçants et entrepreneurs, augmentation sans précédent des prix de l'énergie, baisses drastiques des salaires, nouvelles taxes sur « tout et n'importe quoi » : maisons, voitures, énergie,... Les Grecs sont maintenant, pour une large part, paupérisés et proches de ce que l'on peut appeler la misère.

Témoignage d'un français d'origine grecque





note : Madame Kremastinou, directrice du Centre de Prévention a bien annoncé cette recrudescence des cas de SIDA et avancé l'explication de la prime !!! Il y a d'autres explications à l'épidémie, voir note en bas d'article

En France aussi, la situation sociale se dégrade très rapidement et de nombreuses personnes et associations essaient d'alerter leurs dirigeants et leurs concitoyens de ce qui est en train de se passer, mais restent inaudibles, leurs cris étant noyés dans le brouhaha permanent entretenu pas la société du spectacle. Des informations émergent tout de même : augmentation drastique des personnes ayant recours à l'aide alimentaire, plus de huit millions (8,000,000) de personnes ayant des difficultés à se chauffer -dont de nombreux propriétaires de maison unifamiliale, augmentation du chômage, …. Cette situation fait dire à Julien Lauprètre qu'un "raz de marrée de pauvreté s'installe sur la France"




D'autres pays sont dans la même situation : le Portugal, l'Espagne, l'Italie, l'Irlande, bientôt la Belgique... Tous les pays de la « zone euro » sont touchés et sont appelés à connaître la même situation que la Grèce, même si l'intensité de leurs malheurs variera. Cette pauvreté risque de s'accélérer à cause de la situation économique et des mesures prises mais aussi des attaques de plus en plus violentes contre les systèmes de protection sociale, attaques qui se matérialisent à nouveau par des "notations" d'agences internationales qui, malgré leurs cuisants échecs dans l'évaluation du risque des entreprises cotées, se mettent à "analyser" les comptes des hopitaux, des chemins de fer... (lien)

Une fois ceci lu, la réaction habituelle est d'avoir une pensée compatissante pour toutes ces personnes et de s'en retourner à ses préoccupations quotidiennes, certain de sa valeur et de sa place dans la société et confiant en ses possibilités d'avenir. La télévision divertit et les possessions actuelles rassurent : possession d'une maison, d'une voiture, salaire honorable permettant de faire face à des imprévus, voire petite « fortune personnelle » allant de quelques milliers à quelques millions d'euros permettant de ne pas craindre une période de chômage...

Cette manière de faire n'est plus de mise, tant les ressorts de la crise actuelle sont puissants et laisseront peu de personnes indemnes de ses conséquences. Les politiques sont actuellement menées par ceux-là même qui ont conduit les pays de la zone euro dans cette situation, utilisant les techniques de choc permettant à leurs commanditaires de prendre les rennes des affaires, débarrassés qu'ils sont des contraintes sociales et politiques (lien). Leur faire confiance alors qu'ils persévèrent sur cette voie est faire preuve d'un aveuglement coupable ou d'une bêtise sans borne.

Nombres de solutions existent, tant au niveau d'un rééquilibrage de la fiscalité (note) que de la lutte contre la criminalité et les paradis fiscaux, que du refus de payer les "dettes illégitimes" des états. Tout cela est faisable sans sortir du droit, à l'inverse de ce qui se passe actuellement au niveau européen, et sans "changement de système" (ce qui serait pourtant hautement souhaitable), sans "révolution", émeute ou autre cas de figure extrême...

Ces solutions sont possibles à mettre en place. Il faut garder les données de base à l'esprit : les pays de la zone-euro sont considérés comme des "pays riches", qu'ils possèdent des infrastructures considérables et une population hautement qualifiée (qui malheureusement est de moins en moins cultivée pour être de plus en plus "employable"), que le capitalisme est, depuis de nombreuses années en "crise de surproduction". Ces fondamentaux ne sont pas compatibles avec l'idée qu'il faille diminuer les ressources des populations pour que "tout aille mieux". Il faut se rappeler aussi qu'un des fondements du capitalisme est l'accroissement du profit et que la manière la plus simple d'accroitre le profit est de diminuer le salaire (car la production est la somme des profits et des salaires). La limite est donc, dans la configuration actuelle et si rien ne change : LE BOL DE RIZ !

Peut être cela ne suffira-t-il pas, peut être les populations sont elles trop amorphes et abruties pour se rendre compte de quoi que ce soit ? Ou trop cynique ? Après tout, elles ont montré une insensibilité totale face aux soufrances des populations africaines victimes d'un "génocide par la faim" entretenu par ceux-là même qui prennent aujourd'hui leur destin en main, une insensibilité totale aussi pour le peuple palestinien vivant dans des conditions épouvantables depuis des décennies, une insensibilité totale face aux souffrances des habitants de Cuba victimes d'un embargo aussi injuste qu'inhumain, une insensibilité totale face aux populations libyennes qui furent détruites sous leurs yeux par leurs soldats et pour lesquelles elles continuent de marquer leur mépris, acceptant des discours tels celui du Ministre Reynders déclarant, heureux, "grâce à la Libye, on écoute la Belgique à l'OTAN" ou comme celui du Ministre Juppé déclarant que "l'intervention française en Libye est un investissement sur l'avenir". Entendront-elles les bruits de bottes qui grondent ? Seront elles plus vigilantes pour elles-même et leurs enfants ? Auront-elles la capacité de réaction nécessaire ? Peut-être, si chacun y travaille sans délai !


Notes 

En Belgique, 50 sociétés affichent un bénéfice total de 42,7 milliards d’euros, sur lequel elles payent à peine 0,2 milliard d’impôts. Soit un taux d’imposition de 0,57 %. Si elles avaient payé le taux normal de 33,99 %, l’état aurait économisé 14,3 milliards(voir Le Soir).En France, plus de 50 % des niches fiscales et sociales sont inefficaces ou inutiles, selon un rapport remis au Parlement. Les supprimer permettrait à l'État français d’économiser près de 40 milliards d’euros par an !!!(France24)

Note sur les recrudescences de cas de SIDA en Grèce : même si les propos de Madame Kremastinou ne doivent pas être remis en cause, d'autres facteurs à notre sens plus significatifs jouent. Une augmentation de l'usage de drogue et un coût important pour se procurer des seringues est l'explication avancée par BFM qui a mené l'enquête. Des personnes se sachant séropositives et ayant voulu garder l'anonymat peuvent être poussées à demander maintenant cette fameuse prime...





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Koweïtgate : après l’Etat français, M. Basano attaque le Koweït en justice


Source de l'article


Le 7 décembre 2011, l’avocat Emmanuel Ludot a assigné l’État du Koweït pour le compte de Christian Basano devant le Tribunal de grande instance de Paris. Il veut obtenir réparation d’un préjudice subi par son client dans une affaire supposée d’« escroquerie internationale » suite aux opérations d’extinction des puits de pétrole en 1991.

A la clé de cette rocambolesque et ténébreuse affaire (voir références en fin d´article), une malversation présumée pesant 23 milliards de dollars de l’époque. Rappelons-en très brièvement les éléments : Christian Basano, expert-comptable niçois, est chargé de mission et associé de Joseph Ferrayé inventeur d’un procédé breveté grâce auquel, selon eux, les puits de pétrole incendiés au Koweït par les Irakiens lors de la Guerre du Golfe en 1991 ont pu être éteints très rapidement.

Or, non seulement les deux hommes n´ont rien vu des 23 milliards de dollars versés par le Koweït pour avoir permis d´éviter une catastrophe à la fois économique et écologique, mais en outre l´identité de M. Basano a été usurpée dans cette affaire, en lien, affirme-t-il, avec des services de l´État français (INPI, ambassade).

Le Koweït « invité » à fournir des pièces à la justice française

Déjà, le 6 mars 2001, la justice française, saisie par l’inventeur Ferrayé, avait « invité » l’État du Koweït à lui communiquer « l’ensemble des contrats et toutes autres conventions ayant trait à l’extinction des puits de pétrole » après la guerre. Le Koweït fit appel, mais la Cour d’appel de Paris, dans un « arrêt définitif » en date du 1er février 2002, confirma sa décision.

M. Basano prend cette fois-ci le relais de M. Ferrayé contre le Koweït et réclame 100 millions d’euros pour réparer le « préjudice subi » (« vingt années sacrifiées à la recherche de la vérité »). Un montant élevé mais justifié par l’énormité des « enjeux financiers » (23 milliards de dollars).

« Un fond de vérité gravissime »

Le Koweïtgate est évoqué par Yves Bertrand, ancien directeur des Renseignements généraux, dans son livre "Je ne sais rien mais je dirai (presque) tout", paru en 2007 : « Nous sommes confrontés typiquement à un fond de vérité gravissime qui, faute d’avoir été examiné sérieusement en temps voulu, risque bien d’être enseveli ». Et il ajoute : « [Cette] affaire (…) semble porter malheur à ses protagonistes puisque, parmi eux, trois décès suspects sont à déplorer : un ancien agent de la DST, un financier suisse de la société BSC Finances et le président de la société Oil SA… »

De même, dans son livre "La Boîte noire" qui expose les mécanismes de corruption du scandale Clearstream, le journaliste Denis Robert note : « L’affaire Basano a commencé quand ce dernier s’est rendu compte qu’on s’était servi de son identité et de ses papiers pour transférer, via une banque hollandaise, des fonds provenant du Koweït. Ces fonds seront investis en titres grâce à un compte non publié de Clearstream ».

Juge et partie ?

M. Basano est déjà en lice contre l’État français dans cette affaire. A l’automne 2010, il l´avait assigné par l’intermédiaire de son avocat Dominique Kounkou. Or, le cabinet de ce dernier a été mis en liquidation judiciaire. La mesure a été ordonnée le 24 mars 2011 par le TGI de Paris. La chambre qui a prononcé la liquidation du cabinet Kounkou était présidée par Sylvie Leroy : « Le principe de l´impartialité objective a été violé, estime maître Kounkou, parce que Mme Leroy était aussi juge de la mise en état dans l´affaire de M. Basano contre l´agent judiciaire du Trésor [l’État français]. Elle aurait dû se déporter dans l´affaire de la liquidation de mon cabinet. Elle ne l´a pas fait ».

Il explique : « J’avais accumulé 18 000 € de retard de paiement de mon loyer. La liquidation est une réponse disproportionnée à cette situation, d’autant plus que j’avais déjà réglé la moitié de cette somme. On aurait pu bien plutôt concevoir un échéancement… Ce n’est pas une bonne façon d’administrer la justice ».
La Cour d’Appel a rejeté la requête en récusation de Mme Leroy. La prochaine audience a été fixée au 25 janvier 2012. Mais, d’un autre côté, elle vient d´infirmer la décision de liquidation du cabinet Kounkou.
L’imbroglio judiciaire autour du Koweïtgate se complique à l’infini. Dans le silence total de la "grande presse"…

> Sur Ouvertures :

- L’affaire des puits de pétrole du Koweit incendiés en 1991 rallumée

- Koweïtgate : une bien étrange affaire

- Pourquoi Maître Kounkou veut-il entendre M. Strauss-Kahn devant la justice ?

Manipulations, une histoire française - La République des mallettes [6/6]


Voilà maintenant le nom de Nicolas Sarkozy sur les listes ! On ne peut plus attendre : Jean-Louis Gergorin transmet anonymement les listes au juge Van Ruymbeke.

L'hebdomadaire "Le Point" en fait sa Une en juillet 2004. Le feuilleton médiatique commence alors que le juge découvre que les documents sont faux. Entièrement faux ? L'affaire se retourne contre ses initiateurs.

Deux procès vont avoir lieu. Mais un mystère plane toujours autour du mobile du falsificateur Imad Lahoud. Pourquoi a-t-il fait cela ? A-t-il agi seul ?













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Gouvernance mondiale ou dictature planétaire ?


Article source d'Agoravox écrit par Bernard Pinon


Face aux problèmes que pose la mondialisation, on nous explique que la seule solution serait une gouvernance mondiale. Est-ce vraiment si souhaitable ?

Tout d’abord, la mondialisation n’est pas quelque chose qui est apparu spontanément, comme une conséquence inéluctable du progrès des moyens d’échange. C’est quelque chose qui a été réfléchi, théorisé, et progressivement mis en place de manière volontaire.

Dans son livre « La marche irrésistible du nouvel ordre mondial », Pierre Hillard fait l’historique des courants de pensée qui ont conduit à la mise en place d’institutions transnationales, de forums et de réseaux, de clubs de réflexion et de fondations, d’associations et de regroupements au service de la vision d’un monde unifié sur le modèle occidental, et où les Etats-Unis tiendraient un rôle prépondérant.

Aujourd’hui déjà il existe une « gouvernance » mondiale effectuée par des institutions comme le FMI qui joue le rôle du procureur des grands argentiers, l’OMC qui prêche les bienfaits du libre-échange, l’OMS qui préconise des politiques de consommation de médicaments santé, mais aussi l’OTAN qui se pose en gendarme du monde (occidental) ou l’Union Européenne, laboratoire de la mondialisation heureuse. Sans oublier des institutions plus discrètes comme la BRI (Banque des Règlements Internationaux) qui fixe les règles du jeu bancaire.

On constate que ces institutions ont des points communs : elles sont issues des travaux de groupes de réflexions (think-tanks) « indépendants » (de qui ?), essentiellement Anglais, Américains (US) et Allemands dont les plus connus sont le Council of Foreign Relations (US), la Fondation Bertelsman (D) ou le Club de Rome (UE), et ont été mises en place à travers des forums internationaux, que ce soient les G* (G8, G20…) ou les divers clubs tels la conférence de Bielderberg, la commission Trilatérale, ou, dans une moindre mesure, le forum de Davos ; ensuite, leur mise en place n’a que très peu fait l’objet d’un souhait populaire ni d’une consultation, et, lorsque cela a été le cas, on a vu avec la constitution européenne que ce n’était qu’une formalité dont on pouvait s’affranchir. Ces institutions fonctionnent sans aucun contrôle démocratique sinon au troisième degré. Enfin, on constate qu’elles semblent plus à l’écoute des lobbys industriels et financiers que des populations.

Ce n’est pas un accident. Lorsqu’on lit ce que les groupes de réflexions à l’origine de ces institutions publient, on constate que la démocratie y est toujours pointée comme sujette à des « errances » préjudiciables à la bonne marche des affaires du monde, et inadaptée pour faire face aux défis mondiaux. Il semblerait que la Suisse, où l’on vote pour à peu près tout, soit aux yeux de certaines personnes un enfer sur terre. Bizarrement, nombre d’entre elles y séjournent…

De fait, on voit mal comment on pourrait mettre en pratique des votations au niveau mondial. Mais les pays dits démocratiques auraient pu organiser des consultations ; ils ne l’ont pas fait, ou si peu. Cela aurait été certainement qualifié de populiste (populiste : adjectif péjoratif employés par de prétendus démocrates pour disqualifier ceux qui prônent la consultation des citoyens).

Si ces institutions se contentaient d’émettre des avis qui passeraient ensuite par le circuit démocratique pour les pays qui le sont, tout irait pour le mieux, mais ce n’est pas le cas : elles exercent, selon la propre expression de Jacques Delors à propos de l’UE, un « despotisme éclairé » (par qui ?). Le droit européen prime sur le droit national, les conseils de « bonne gouvernance » du FMI (rigueur, privatisation des services publics, ouverture des marchés… ) sont la condition pour l’obtention d’aide financière… et gare à celui qui aurait l’outrecuidance de consulter le peuple comme on l’a vu récemment en Grèce.

Si tout cela marchait, si cela apportait effectivement la paix et la prospérité… mais non, sauf pour un petit nombre de privilégiés qui en tirent bénéfices et qui, quelle coïncidence, sont ceux qui financent les groupes de réflexions et autres forums à l’origine de la mise en place de cette « gouvernance ». Même un prix Nobel d’économie comme Joseph Stieglitz qui a pourtant été un grand zélote mondialiste lorsqu’il travaillait à la Banque Mondiale, reconnaît dans son livre « La grande désillusion » l’échec des politiques du FMI, et d’autres auteurs les échecs de l’UE, de l’OMS, de l’OMC, de l’ONU… Cette « gouvernance » mondiale n’a apporté que crises, rigueurs, inégalités, sans compter l’anxiété délétère que ses politiques distillent, ou l’ethnocide à petit feu de l’uniformisation. Et aussi son lot de guerres, militaire à l’extérieur, économique un peu partout.

Si vous êtes citoyen d’un pays au gouvernement despotique et que votre voix ne compte pas, vous avez toujours espoir d’émigrer vers d’autres pays plus à l’écoute de leurs concitoyens. Mais si ce despotisme est mondial, n’espérez pas aller sur la lune. Dans l’état actuel de la « gouvernance » mondiale, il ne reste plus que quelques pays non alignés : ils sont faciles à reconnaître, ce sont ceux qu’on diabolise ou qu’on bombarde. Combien de temps encore avant qu’ils ne voient la lumière de ce « despotisme éclairé » qu’on parfume de « démocratie » et de « droits de l’homme » ?

Plus inquiétant encore, alors que cette construction mondialiste est largement documentée dans des livres ou sur Internet, elle fait l’objet d’un silence assourdissant dans les média. La couverture des G* est présentée comme une rubrique « people » et il faut un scandale comme celui des campagnes anxiogènes de l’OMS incitant à se faire vacciner contre une pandémie imaginaire, pour qu’un embryon de questionnement apparaisse, bien vite oublié. Et trop souvent, lorsque quelqu’un aborde le sujet sur un plateau, il se voit qualifier de « conspirationiste ». (conspirationiste : adjectif péjoratif employé par de prétendus défenseurs de la liberté d’expression pour disqualifier ceux qui questionnent le narratif officiel). Mais n’allons surtout pas dire que les média sont complices de la mise en place d’une dictature mondiale, ce serait à coup sûr être un paranoïaque ennemi de la démocratie.

Car nous vivons, nous dit-on, dans le meilleur des mondes possibles. Comment osez-vous penser le contraire ? Prenez bien vos pilules et n’oubliez pas de vous informer auprès de vrais professionnels.






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Article provenant de Centpapier écrit par Olivier Cabanel


Alors que les lobbies nucléaires, pratiquant un humour discutable, font remarquer la quasi absence de morts suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima, les premières retombées sur la santé se font jour.

 On se souvient de la flagornerie d’Otsuka Norikazu, ce célèbre animateur de télévision japonais qui, cédant à la provocation facile, avait en direct mangé des produits agricoles japonais pollués par la centrale nucléaire, encourageant ses compatriotes à suivre son exemple, convaincu de l’innocuité des produits consommés, avec le désir patriotique de sauver la production agricole de son pays.

Mal lui en a pris, on apprend qu’il a été hospitalisé le 7 novembre atteint d’une leucémie aiguë et Tepco aura des difficultés cette fois à affirmer que la catastrophe nucléaire de Fukushima n’y est pour rien. lien
Les avis médicaux lui donnent 70% de « chances » de mourir d’ici 5 ans (lien) ce qui a été confirmé par des experts allemands. lien

On se souvient de la réponse donnée par le célèbre biologiste Jean Rostand à qui on demandait quelle dose de radioactivité on pouvait ingérer sans danger : « c’est comme si vous me demandiez quelle quantité d’arsenic un bébé peut absorber sans danger !  ».

Ce grand scientifique nous a quittés en 1977, et malheureusement, on a peu tenu compte de son avis et de ses écrits, lorsqu’il dénonçait les dangers évidents générés par l’industrie nucléaire. lien

Aujourd’hui le gouvernement japonais reconnait s’être trompé lorsqu’il affirmait qu’il n’y avait pas de risques à consommer de la nourriture polluée à la radioactivité sous le seuil des 500 Bq/kg.

On se souvient de la phrase célèbre prononcée par un responsable japonais : « à court terme, il n’est pas nocif  ».

Il s’excuse en disant maintenant qu’il a été mal compris et qu’il voulait seulement dire : « si vous consommez des produits pollués une ou deux fois, ce n’est pas dangereux, ça l’est seulement si vous le faites régulièrement  ». lien

Ce qui est un peu tardif, car aujourd’hui, 9 mois après la catastrophe, les produits radioactifs relâchés par la centrale ont été largement ingérés par les japonais.

On a aujourd’hui la preuve que la carte officielle de contamination radioactive a largement masqué la vérité, et grâce à des chercheurs japonais, nous pouvons comparer sur ce lien la réalité de la pollution et la désinformation gouvernementale.

La carte de gauche est la carte officielle, datant du 11 novembre, et celle de droite est celle de chercheurs japonais indépendants. (Il faut noter les différences de couleur entre les deux cartes : sur la carte de droite on va du bleu, lequel correspond à 10 000 Bq/m2 au rouge pour 50 000 Bq/m2 et plus, alors que la carte gouvernementale va du marron foncé au bleu)

Le professeur Yukio Hayakawa de l’université de Gunma à publié une carte encore plus précise, et a reçu un avertissement du président de son université pour avoir diffusé cette carte.

On voit clairement sur sa carte qu’il existe des zones polluées à 1µSv/h à 200 km de la centrale, ce qui signifie que la surface polluée du Japon est bien plus polluée que dit. lien

On est loin des propos lénifiants et cyniques de Jean marc Jancovici qui se refusait à donner autant d’importance à la catastrophe de Fukushima qu’à celle de Tchernobyl (lien) alors que le professeur Chris Busby, de l’université de l’Ulster, avait déclaré en aout dernier que la catastrophe de Fukushima pourrait générer un million de morts. lien

En attendant, la vive lumière au sol, feu d’hydrogène pour certains, est toujours visible, (lien) et l’on a appris qu’il y a un différé de 30 secondes entre l’image prise, et l’image montrée, ce qui peut permettre à l’opérateur de cacher ce qu’il souhaite. lien
 
En mai dernier, un ouvrier de Fukushima, d’une soixantaine d’année est mort, tombé inconscient sur le lieu de travail, mais le porte parole de Tepco affirme que c’est sans rapport avec la contamination (lien) tout comme pour cet ouvrier de 50 ans, dont le nom n’a pas été communiqué, mort au début du mois d’octobre. lien

Et quid d’Abe Hiroto, décédé à 23 ans d’une leucémie aiguë après avoir défendu dans les colonnes d’un magazine pour pécheurs, (Rod & Reel) la qualité des poissons des pécheurs de la région de Fukushima ? Il habitait à 30 km de la centrale nucléaire (lien) tout comme Nagashima Kazuyuki, un athlète de 30 ans qui risque aussi de mourir d’une leucémie aiguë.

On le voit sur ce lien combattre et triompher lors des 16ème Jeux Asiatiques de 2010.
Il est aujourd’hui à l’hôpital.

Et ne parlons pas de ces sauveteurs dont le gouvernement japonais tente de dissimuler la mort. lien
Mais plutôt que de continuer ce décompte macabre, il faut plutôt s’intéresser aux 17 780 travailleurs qui se relaient depuis 9 mois pour nettoyer les décombres de la centrale nucléaire.

Malgré les protections qu’ils ont fini par recevoir, ils sont au moins 169 à avoir reçu des doses supérieures à 100 millisieverts. lien

Il faut se souvenir aussi qu’à l’époque de Tchernobyl, les méthodes de « com » étaient les mêmes, on tentait de cacher en haut lieu le véritable nombre de morts, et ce n’est que 25 ans après que des chercheurs américains nous ont appris la triste vérité : 985 000 morts, chiffre dépassé depuis, dus à la catastrophe. lien

Et puis, au-delà de la mort, les pneumonies, les problèmes hormonaux se multiplient chez les 2 millions d’habitants de la région au point qu’un appel à été lancé.

« La santé de nos enfants est maintenant en danger. Nous constatons des symptômes tels que thyroïdes enflées, saignements de nez, diarrhées, toux, asthme… » lien

Un laboratoire français indépendant, agréé par l’ASN (autorité de sureté nucléaire), l’ACRO (association pour le contrôle de la radioactivité dans l’ouest) a mené une enquête sur une vingtaine d’enfants de la région de Fukushima démontrant que la totalité des enfants examinés étaient contaminés par du césium radioactif, et d’après une étude japonaise, 1 enfant sur 13 aurait des problèmes hormonaux et souffrirait d’un dysfonctionnement de la thyroïde.

Pour cacher la triste vérité, les « responsables » japonais ont multiplié par 20 la norme de radioprotection du secteur, passant de 1 à 20 millisievert/an, ce qui correspond au seuil maximum d’irradiation en France pour un travailleur du nucléaire.

20% des écoles de la préfecture de Fukushima dépassent ce taux.
La CRIIRAD à mesuré en juillet une contamination de 370 000 Bq/kg de la terre prélevée sous les balançoires d’une école primaire, et a déclaré : « ce sol est devenu un déchet radioactif qui devrait être stocké dans les meilleurs délais sur un site approprié ».

Le gouvernement qui devait organiser des mesures dans 600 lieux publics de la préfecture de Fukushima vient de reporter ces opérations à février 2012, justifiant le report en expliquant que l’entreprise qui devait fournir les équipements n’a pu respecter les délais de livraison. lien

D’ailleurs l’ambiance est à l’optimisme dans la ville de Fukushima, puisque le marathon Ekiden, prévu tous les ans, a été maintenu, et des sportives ont couru les 40 kilomètres dans l’une des régions les plus contaminées du Japon, des taux de 1,4 microsieverts/h y ont été mesurés, soit 12 fois la limite d’exposition.

L’organisateur de la course a toutefois pris la précaution de faire signer un document dégageant sa responsabilité, en cas de problème de santé. lien

Quant à Meiji, fabricant japonais entre autres de lait en poudre, il va devoir retirer 400 000 boites, lesquelles ont été contaminées au césium 137 et 137, espérant qu’elles n’ont pas déjà été consommées. lien
A Hitachinaka, à 100 km de la centrale, le taux de radiation est de 40 000 Bq/m2, soit 970 000 fois le niveau de 2009. lien

Quand aux 100 000 évacués, ils sont toujours sans nouvelles depuis 9 longs mois des indemnités promises par TEPCO, ce dernier ayant adopté une attitude pour le moins cynique, contestant la fiabilité des mesures effectuées, mais aussi assurant ne pas être responsable des matériaux radioactifs dispersés ça ou là, déclarant « les matériaux radioactifs qui ont été disséminés par le réacteur n°1 de la centrale de Fukushima appartiennent aux propriétaires des terres où ils sont retombés, mais plus à Tepco ». lien

Pourtant Tepco avait vendu ses parts dans l’éolien, pour un montant de 188 millions d’euros, afin de pouvoir dédommager les victimes de la catastrophe nucléaire. lien

Tokyo n’a pas été épargné par la catastrophe, et on sait maintenant que dans le quartier de Shinjuku, le taux de radioactivité est encore de 17 000 Bq/m2 (lien) et que dans certaines régions montagneuses, du coté de Midori et Kiryu à 180 km de Fukushima, la radioactivité se situe entre 100 000 et 300 000 Bq/m2.
(Sur ce lien, on peut découvrir les résultats des mesures dans chaque préfecture.)

En attendant, le gouvernement tente manifestement de cacher ce qui attend la population japonaise, et lorsque l’on voit comment sont recrutés les « liquidateurs », à qui on a proposé jusqu’à 3500 euros par jour, (lien) on ne se fait guère d’illusion sur le terrible destin qui les attend, (ils absorbent en 15 minutes l’équivalent de 100 mS/v par an) et il est probable que tout sera fait pour que leur disparition soit cachée. lien

Car comme dit mon vieil ami africain : « l’expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs ».

Merci à Corinne Py et aux nombreux internautes pour leur aide précieuse.

Olivier Cabanel

L’image illustrant l’article provient de « Bastamag.net ».

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