Biocarburants et agro-terrorisme Part. 2
Article écrit par Rahan pour Realinfo
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1.1. A propos d’un VRAI problème…… mais de fausses solutions !
[...] Comme nous vivons dans une civilisation où le pragmatisme comptable sert de seule référence, il faut bien se conformer à la seule Loi qui semble compter aujourd’hui. Nous nous tournerons donc vers l’industrie et l’économie, elles auront bien des réponses à nous donner. On pourra ainsi faire d’une pierre, deux ou trois ou même quatre coups…
Ce monstre à deux têtes, économie et industrie, est une création extraordinaire de l’humanité. Il était sensé nous libérer de beaucoup de difficultés, nous rendre la vie meilleure, libérer nos esprits de basses préoccupations pour nous rendre libre de penser, philosopher, créer, inventer encore, et faire progresser notre humanité au-delà de toute imagination, faciliter la fraternité entre les peuples.
Hélas, il a totalement échappé à notre contrôle, et c’est maintenant NOUS qui sommes à son service.
Nous ne pouvons plus rien faire sans lui, comme nous ne pouvons plus prendre aucune décision qui n’aie son accord et qui ne serve d’abord SES intérêts en priorité.
Donc, le monstre produit des solutions qui le renforcent LUI d’abord.
Au départ, concernant la question des agrocarburants, la question posée par les politiques qui sont à son service semble simple. Il ne s’agit que d’atteindre un objectif mineur qui aura bien peu d’effets réels sur le climat…..
Il n’est pas question diminuer le nombre de véhicules à moteur, ou même de penser à un modèle de civilisation qui les rende moins indispensables, ha non…. ! Se serait mauvais pour l’industrie et pour les banques.
On va les rendre écologique ces bagnoles, selon les critères du moment et supprimer la seule cause apparente à notre vision étriquée, qui est le carburant fossile, ou faire semblant. Et si ces critères sont discutés ou discutables, on dépensera des sommes considérables en lobbying, comme toujours, pour faire accepter aux multitudes les solutions rentables que nous avons concoctés à la hâte avec nos analystes financiers et nos industriels.
Ah bien sur… n’allez pas croire que ceux qui proposent ces solutions y croient vraiment !
On leur a posé un problème, ils y ont répondu avec un faisceau croisé de solutions simples et rentables, sur lequel tout le monde s’accorde, qui ne menacent en rien l’industrie du pétrole et garantissent au moins que les reconversions se feront dans les mains de cette industrie. Se sont toujours les mêmes qui vont agir, mais cette fois en se faisant financer … tenez vous bien, par les fonds publics destinés à résoudre les problèmes qu’ils ont causé depuis 50 ans.
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Cet objectif négocié c’est bêtement celui là :
L’union Européenne souhaite atteindre 20% d’énergie renouvelable dans les transports d’ici 2020.
Elle s’y est « engagée ». Se serait comique si ce n’était tragique. Cet objectif est ridicule par rapport aux enjeux supposés, mais en plus il va faire intervenir les seules technologies réellement capables de faire rouler des véhicules pour l’instant, les agrocarburants.
Et pour atteindre ces 20% on va devoir mettre en culture des millions et des millions d’hectares dans le monde, évidement là où la terre ne coute presque rien.
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Les programmes sont d’ores et déjà ambitieux. En Europe, il est prévu que ces combustibles issus de la biomasse couvrent 5,75 % des besoins en carburants routiers en 2010 et 20 % en 2020. Les Etats-Unis visent trente-cinq milliards de gallons[1] par an. Ces objectifs dépassent de loin les capacités de production de l’agriculture des pays industrialisés de l’hémisphère Nord. L’Europe serait tenue de mobiliser 70 % de ses terres arables pour tenir son pari si elle voulait le faire sur ses seules terres; la totalité des récoltes de maïs et de soja des Etats-Unis devrait être transformée en éthanol et en biodiesel. Une telle conversion mettrait sens dessus dessous le système alimentaire des nations du Nord. C’est IMPOSSIBLE!
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En dehors de quelques adaptations pour réduire les émissions de carbone des moteurs, on a trouvé un concept porteur, qui devrait séduire le consommateur des pays du Nord, facile et surtout rapide à mettre en œuvre, faisant fonctionner bien des mécanismes très en vue dans l’industrie mondiale, permettant de surfer sur la vague imprécise de « développement durable », de créer (soi-disant) des emplois au Sud…tout en boostant nos entreprises du Nord, tout cela en ponctionnant le contribuable des pays « développés ». Et scientifiquement c’est très simpliste. Quelques mensonges, quelques contorsions intellectuelles, quelques mercenaires de l’agrobusiness rassemblés dans des multiples sociétés aux noms évocateurs.
Les complicités enthousiastes des gouvernants dans les pays du Sud ne manqueront pas, comme toujours et d’ailleurs des programmes vastes utilisant la couverture et les fonds de l’aide internationale ont été mis en place pour que la terre deviennent progressivement une marchandise comme une autre. Et on va usurper, voler, trahir, galvauder, salir, trois lettres associées qui jusqu’ici symbolisaient une lutte scientifique et sociale des plus honnêtes et désintéressée qui soit, mais qui faisaient depuis trop longtemps de l’ombre à notre industrie.
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Le concept mensonger de « biocarburant » est né. Se sera un nouveau souffle à cette économie de croissance qui prétend croître dans un monde limité, en consommant à grande vitesse les ressources d’une planète sans soucis du lendemain. Le concept se lie dans une union efficace et parfaitement naturelle avec les mécanismes planétaires de marchandisation des terres qui visent principalement l’Afrique (comme le MCC par exemple).
- Faut-il rappeler que l’agriculture sert d’abord à nourrir 6 milliards d’êtres humains et bientôt 9 ?
- Faut-il rappeler que ce secteur économique donne du travail et un cadre de vie à des milliards de personnes ?
- Faut-il rappeler que l’agriculture joue un rôle essentiel d’occupation et de gestion -bonne ou mauvaise- de l’espace où nous vivons ?
- Faut-il rappeler aussi son rôle de terreau culturel dans le maintient des valeurs sociales d’un pays, d’un peuple, à travers un paysannat, disparu dans les pays industrialisé, et en voie de l’être dans les pays émergents, mais encore en relative bonne santé dans une bonne partie du globe?
Aujourd’hui, ces fonctions sont menacées par un modèle agricole destructeur commencé depuis les années 50 dont les OGM et les agrocarburants ne sont que les dernières trouvailles.
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