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Quand le nucléaire prend eau de toute part...


Article provenant d'Agoravox écrit par Olivier Cabanel


 


Le 8 juin 2011, dans l’indifférence médiatique dont nous sommes désormais habitués lorsqu’il s’agit de nucléaire, la centrale nucléaire de Fort Calhoun, dans l’Etat du Nebraska est encerclée par les eaux d’un Missouri en crue, et le niveau 4, comme à Fukushima au début de la catastrophe, a été décidé.



Et pourtant, ce n’est peut-être pas le plus important, car cette inondation vient de mettre en évidence des problèmes graves de sécurité nucléaire concernant cette centrale, problèmes que les autorités nucléaires espéraient garder secrets. lien

C’est un rapport du 8 juin qui confirme que la centrale a momentanément perdu le système de refroidissement qui sécurise les piscines de combustible usagé (et peut-être neuf !). lien

Pour mieux contrôler l’information, les autorités ont demandé à la FAA (Federal Aviation Administration) de mettre en place une « no-fly-zone » qui en toute vraisemblance est destinée à empêcher les curieux de venir photographier le site inondé, montrant que les aires de stockage extérieures étaient sous l’eau. lien

Elisabeth Cory Ishan, porte parole de la FFA, a bien au contraire justifié la décision en argumentant « il y a un risque de collision en vol qui pourrait compromettre les opérations sur le terrain. Nous devons garantir la sécurité des personnes sur la zone de la centrale nucléaire ».

Actuellement, la centrale nucléaire est donc devenue une ile, et il est devenu difficile, voire impossible de s’en approcher, même pour les journalistes, et même en bateau, puisqu’il y a interdiction de naviguer sur le fleuve. lien

Tout comme à Fukushima, la communication est essentielle, et Victor Drick, porte parole de la NRC (Nuclear Regulatory Commission), a déclaré le 16 juin : « Nous pensons qu’ils ont les mesures adéquates pour protéger la centrale nucléaire et assurer en permanence la sécurité  ». lien

Tim Burke, vice président de l’OPPD (Omaha Public Power District) gestionnaire de la centrale lui a répondu en écho : « les digues de la centrale sont en cours de construction pour un niveau qui permettra de protéger contre la pluie et la libération prévue d’important lâchers de barrage, en amont du fleuve ».

Le mot de la fin, on le doit au maire d’Omaha : « nous ne voyons pas de préoccupation autour de la centrale nucléaire de Fort Calhoun ».

Ce n’est pas tout à fait l’avis de David Lochbaum, directeur d’une association de premier plan « l’Union des scientifiques » qui s’occupe particulièrement de la sécurité nucléaire et ses conclusions sont diamétralement opposées à l’optimisme officiel.

Il a déclaré : « à Fukushima, l’opérateur avait moins d’une heure pour réagir à la catastrophe, et à Fort Calhoun nous avons eu plusieurs semaines pour nous préparer à l’inondation de la centrale ».

Il n’a cessé d’alerter les autorités, avec d’autres spécialistes américains, des graves problèmes de sécurité susceptibles d’impacter la sécurité nucléaire, affirmant que tous les clignotants étaient au rouge, que les responsables le savaient, et qu’ils n’ont rien fait.

Un an auparavant, les inspecteurs de la NRC avaient dénoncé une totale impréparation en cas d’une prévisible crue du Missouri, et que des sacs de sables étaient largement insuffisants comme réponse à une éventuelle inondation.

L’OPPD, gestionnaire de la centrale affirme qu’il attendait début juin, en vain, que l’agence fédérale signe l’autorisation de modernisation contre le risque d’inondation.

Dès le mois de mai 2011 l’ACE (Army Corps of Engineers) avait prévenu les autorités d’un risque imminent d’inondation.

Le 21 mai, des sacs de sable avaient été mis en place pour protéger les bâtiments de la centrale, ce qui n’a pas empêché l’incendie d’une installation électrique, qui a perturbé le refroidissement des barres de combustible usagées, stockées dans la piscine de refroidissement.

Actuellement le problème essentiel serait de maintenir le refroidissement des combustibles nucléaires, et pour cela, des monticules de terre ont été érigés afin de protéger les installations électriques qui permettent l’alimentation de la centrale.

Victor Drick, de la NRC, affirme, calculs à l’appui que la piscine de stockage du combustible pourrait tenir 83 heures avant l’ébullition.

Comme l’écrit le site « cartoradiations » : « les autorités n’ont plus conscience de ce qu’elles disent, elles semblent être dans ce que nous pourrions appeler le « délire nucléaire » qui sous entend que tout est sous contrôle prévoyant avec « précision » la hauteur de la crue en cours, soit 1,60 m à 2,30m au dessus du niveau d’alerte d’inondation  ».

On peut raisonnablement douter de l’efficacité des sacs de sable et des digues tubulaires en caoutchouc remplies d’eau, car ce type de protection ne tient pas si le niveau de crue dépasse les 2/3 de leur propre hauteur, et à ce moment, sous la poussée de l’eau, toute l’installation se disloquerait.

La question qui se pose maintenant étant : si la crue en cours dépasse les prévisions, que se passera-t-il, sachant que beaucoup d’installations névralgiques sont au niveau du sol, ou même en sous sol ?

Et question subsidiaire, comment réagiront les containers de stockage, actuellement sous l’eau ?

Pendant ce temps, à Fukushima, on est dans un scénario digne des Danaïdes, en tentant de remplir des vases qui se vident, et en tentant de dépolluer des milliers de tonnes de litres d’eau radioactive avant que tout ne déborde, et ne rejoigne l’océan.

On commence à peine à parler de l’explosion qui s’est passé le 14 juin dans le réacteur n°3, celui qui contient du mox (plutonium et uranium enrichi). vidéo

La Corée du Sud s’inquiète à son tour, puisque d’importants taux de radioactivité, provenant de Fukushima ont été mesurés. lien

Pendant que l’Italie, après une bonne partie de l’Europe, rejoint le clan de la sortie du nucléaire, isolant un peu plus la France dans son obscurantisme entêté, la Chine s’interroge sur le nucléaire, en suspendant la ratification de nouvelles centrales. lien

Bernard Laponche a beau démontrer qu’il y a une forte probabilité d’accident nucléaire majeur en Europe, le petit chef de l’état français, droit dans ses bottes, campe sur ses positions. lien

En Egypte, on a encore très peu de nouvelles sur l’explosion qui a eu lieu le 4 juin dernier, suite à une fuite d’eau radioactive, sur un réacteur, à Inchas. lien

D’autant que de nombreux accidents nucléaires survenus récemment ont été passés sous silence, comme celui du 9 avril à Washington, celui du 11 avril en Corée du Nord, celui du 14 avril en Tchécoslovaquie, celui de Surry aux USA le 19 avril, etc.…lien

Comment tout cela va-t-il finir ?

Pour l’instant personne n’a la réponse, et comme dit parfois mon vieil ami africain :
« le sage s’organise, le fou regrette ».

L’image illustrant l’article provient de « static6.businessinsider.com »






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