Fukushima, le mensonge organisé
Article source de Olivier Cabanel
Un tragique feuilleton se déroule sous nos yeux, dans l’indifférence générale des médias, qui préfèrent commenter la maternité de l’épouse du chef de l’état, que de s’intéresser à la situation et au mensonge organisé dans le monde du nucléaire japonais.
Pour ceux qui s’étonneront à la lecture de ces lignes du décalage énorme qu’il y a entre la réalité, et ce que les médias traditionnels veulent bien dire, il faut découvrir avant toute chose le témoignage d’Eisaku Sato, ancien préfet japonais, qui explique de quelle façon la politique du secret est mise en place, au Japon, dans le domaine du nucléaire.
« Il ne faut pas parler, il faut garder le silence » ce sont des mots qui reviennent régulièrement dans la bouche des techniciens du nucléaire. « S’ils se mettaient à parler aux médias, il y aurait de très grandes protestations et on devrait fermer la centrale, et ça ils le détesteraient »
Il témoigne : « pour les dirigeants de Tepco, ce qui compte c’est la tranquillité, pas la sécurité ».
Devant la difficulté d’obtenir des renseignements sur le fonctionnement des centrales, Eisaku Sato va s’appuyer sur une loi votée en 2000, laquelle permet de témoigner en gardant l’anonymat.
Il obtient 22 courriers émanant du personnel de la centrale, lesquels dénoncent divers disfonctionnements, et défauts techniques : « on s’inquiète beaucoup de fissures dans l’enveloppe du réacteur, mais il y a aussi des fissures dans le moteur de la turbine, personne n’a mentionné l’explosion qui s’est produite en juin 1998 dans la centrale de Fukushima Daiichi, au réacteur n°3 ». lien
On apprend donc seulement aujourd’hui ce qui s’est passé il y a 13 ans.
Aujourd’hui Tecpo reconnait avoir falsifié le rapport dénonçant les dégâts provoqués sur deux réacteurs par cet accident.
Dès lors, il est aisé de se rendre compte que l’on ne peut pas mettre toutes les responsabilités de la catastrophe de Fukushima sur le dos du Tsunami, et qu’il nous faut nous armer de vigilance et prudence pour traiter les informations que Tepco veut bien donner, car comme le dit l’ex-Préfet, l’autorité nucléaire et l’état japonais protège ses intérêts, par la dissimulation et le mensonge.
Sur cette vidéo, on voit de quelle manière Tepco donne aux médias toutes les 3 heures des informations plus ou moins floues, d’une voix neutre, afin d’occuper l’espace médiatique.
Michio Kaku, physicien nucléaire de premier plan, affirme que le cauchemar de Fukushima n’est absolument pas fini, et que c’est une bombe sur le point d’éclater à tout moment, persuadé que le gouvernement Japonais ment continuellement. lien
Ce qui est sur, c’est qu’aujourd’hui, comme l’explique Hidehiko Nishiyama, porte parole de NISA (agence de sureté nucléaire) ils ne savent plus ce qu’il faut faire, comme on peut le découvrir dans cette vidéo publiée le 13 mai.
Autre mensonge dévoilé : 5 heures après le séisme du 11 mars, le combustible du réacteur n°1 avait totalement fondu (lien), les températures avoisinant les 2800 degrés centigrades, alors que Tepco a continuellement donné pendant des semaines des chiffres farfelus oscillant entre 30 et 50% en ce qui concernait la dégradation des réacteurs.
C’est d’ailleurs ce qu’affirmait des le 12 mai Dominique Leglu. lien
Le 12 mai, Tepco ne disait pas avoir menti, mais seulement s’être « trompé ». lien
Ce qui est encore plus grave, c’est que nous savons aujourd’hui que c’est l’ensemble des 3 réacteurs dont la fusion est constatée, que le sous sol du bâtiment n°1 est inondé d’eau radioactive, que l’eau des unités 2 et 3 fuient dans la mer, que les cuves des réacteurs sont percées, que le niveau de radiation se trouve entre 1000 et 2000 mSv/heure, niveau extrêmement dangereux pour les travailleurs qui voudraient se risquer dans ces zones. lien
Cette fusion totale des trois réacteurs ne s’est donc pas passée au mois de mai, mais dès le 11 mars, mais ce n’est que le 17 mai 2011, soit 66 jours après, que Tepco finit par l’admettre.
C’est Mr Hosono, assistant du premier ministre Japonais, a raconté dans le détail ce qui s’est passé : le réacteur n°1 à connu la fusion totale 6h après la rupture du système de refroidissement, le réacteur n°2 a suivi, 29 minutes après, et le réacteur n°3, 14 minutes après celui-ci.
Encore mieux, Haruki Madarame, président de l’agence de sécurité nucléaire était parfaitement au courant de la situation des le début, ce qui ne l’avait pas empêché d’assurer, le 12 mars « qu’aucune enceinte de confinement n’était percée ».
On sait aujourd’hui que les enceintes de confinement des 3 réacteurs ne sont plus que des passoires. lien
La presse japonaise à confirmé le 16 mai que les réacteurs 2 et 3 sont en fusion. Les niveaux de césium 134 et 137 sont plus de 2000 fois supérieurs à la norme (près de l’entrée d’eau du réacteur n°3), (lien) et une fuite d’eau radioactive dans l’océan, pour le même réacteur, en césium 134 est 32 000 fois supérieure à la norme. lien
Aujourd’hui, de très fortes concentrations de plutonium ont été découvertes à près de 50 km du site accidenté, alors qu’il était convenu d’affirmer que les lourdes particules du plutonium ne retombaient que dans l’immédiate proximité de l’explosion. lien
Il ne faudrait pas pour autant oublier le réacteur 4 qui penche dangereusement du coté ou il pourrait tomber. lien
En attendant, le seuil mortel est atteint à l’intérieur du site de Fukushima. lien
L’historique de la situation est sur ce lien.
Pour la centrale d’Hamaoka, l’exploitant CEPC (Chubu Electric Power Company) connait aussi des déboires, ayant découvert la présence de 400 tonnes d’eau de mer dans le condensateur, et qu’une partie de cette eau est dans le réacteur. lien
Récemment, l’un des ouvriers qui est allé travailler en milieu hostile, dans une zone très irradiée de Fukushima, est mort, suite à un « malaise », mais Tepco assure que cela n’a aucun lien avec les radiations. lien
Un 3ème ouvrier est décédé le 16 mai. lien
Le plus étonnant, c’est la lenteur de la part de l’exploitant à prendre les bonnes décisions.
En effet, deux bons mois se sont écoulés, et c’est seulement maintenant que Tepco envisage de construire un sarcophage sur l’ensemble des bâtiments de Fukushima (lien) alors que la centrale continue de polluer la planète entière depuis plus de deux mois. lien
Par ailleurs, à Kawamata, et à Iliate, des habitants ont été évacués, direction les camps de réfugiés, et 7000 habitants devraient l’être aussi d’ici la fin juin. lien
Le 6 mai, on a pu constater que la pollution nucléaire a largement dépassé la zone des 30 km autour du site, atteignant maintenant les 80 km au-delà de Fukushima, et des milliers de japonais vivent encore aujourd’hui dans cette zone dangereuse. lien
La contamination au Césium 137 y atteint les 14,7 millions de Bq au m2, alors qu’à Tchernobyl, ceux qui vivaient dans des zones mesurées à 555 000 Bq avaient été expulsés depuis longtemps de la zone polluée. lien
Ailleurs dans le monde, le doute s’est installé au sujet des centrales nucléaires de chaque pays, comme en Allemagne par exemple, ou on affirme que 7 centrales devraient être bientôt fermées, suivant l’avis des experts, chargés par le gouvernement allemand d’évaluer les risques de l’énergie nucléaire. lien
En France, malgré l’attitude intransigeante du chef de l’état, qui continue, malgré les évidences, de croire au nucléaire dur comme fer, Christophe de Margerie, le directeur de Total, retire ses billes de l’EPR de Penly et préfère investir dans le solaire. lien
A Bugey, l’une des plus vieilles centrales française, l’ASN (l’autorité de sureté nucléaire) dénonce la dégradation des conditions de sécurité : un départ de feu s’est produit récemment, et de l’eau radioactive a été déversée à plusieurs reprises dans la zone des réacteurs.
Le chef de la division de l’ASN, Grégoire Deyirmendjian, affirme sans sourire « si nous devions décider la fermeture d’une centrale, nous le ferons ». lien
Déclaration surprenante, alors que André-Claude Lacoste, président de l’ASN estimait il y a peu qu’il « n’y a aucune raison de fermer quelque centrale que ce soit en France ». lien
Sarközy joue double jeu : en affirmant qu’il est « prêt à fermer les centrales pas sures », (lien) mais il refuse de faire expertiser les centrales française par des experts indépendants, et à limité le cahier des charges des expertises, excluant que l’attentat terroriste soit pris en compte, (lien) tout comme la chute d’un avion de ligne sur un réacteur nucléaire, sachant pertinemment que ce risque est réel, et que nos centrales n’y résisteraient pas. lien
En attendant, d’étranges lumières apparaissent ici ou là, sans autres explications, même si certains évoquent HAARP, ou plus prosaïquement des transformateurs en feu ? (Liens 1, 2, 3) ou des phénomènes atmosphériques.
De son coté, Jean-Pierre Petit, tout comme de nombreux autres scientifiques, s’inquiète (lien) de cette situation, sur laquelle les médias font aujourd’hui largement l’impasse,, préférant se passionner pour une naissance à l’Elysée. lien
Car comme aurait pu dire mon vieil ami africain : « le nucléaire, c’est l’énergie du désespoir »
Merci aux nombreux internautes qui par les informations qu’ils m’ont fait parvenir ont permis cet article.