Anonymous vs. FBI : « guerre ouverte » sur internet
Article source du site d'Agoravox écrit par Ronny
Comment a-t-on pu arriver à cette situation ? Il se trouve que les noms des domaines (DNS) sont gérés par l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), une organisation théoriquement de gouvernance internationale, qui délègue la gestion de noms de domaines à la société Verisign, une filiale de Symantec, entreprise connue, entre autres, pour ses logiciels antivirus. Or, ces deux sociétés, ainsi que l’ICANN sont installées sur le territoire américain, et relèvent du droit de ce pays, ce qui a permis au FBI de bloquer les DNS. On comprend dès lors pourquoi les États-Unis se sont de tous temps opposés à la création d’une agence permettant une véritable internationalisation de la gestion des DNS, ne relevant du droit américain. Le cas de Megauopload est donc emblématique du risque que fait peser cette main mise états-unienne de la gestion de l’Internet, particulièrement dans un contexte ou se développe des volontés de contrôle fort des informations sur la toile au travers des lois SOPA et PIPA par exemple (2).
Cette fermeture du site Megaupload, et au-delà la démonstration qu’elle fait d’un contrôle de plus en plus forte du net par des groupes de pression politiques et financiers, se heurte cependant à une résistance de nombre d’internautes, dont les plus actifs sont « regroupés » sous le nom d’Anonymous. Ce groupe, qui est davantage une communauté, s'est sans doute construit autour de différentes motivations, certains y adhérant par conviction profonde de leur rôle de gardiens d’une certaine indépendance de la toile, de l’appartenance du web aux utilisateurs, d’autres par jeu, par esprit de rébellion, et ne nous leurrons pas non plus par souhait de ne pas voir disparaitre la gratuité de certains données audiovisuelles du net. Ceci posé, cette dernière motivation peut se comprendre dans la mesure où elle se positionne en regard d’un appétit d’argent toujours plus marqué des multinationales de l’audiovisuel. Madame Joly a d’ailleurs parfaitement analysé ce problème lorsqu’elle a déclaré « La fermeture de MegaUpload et l'arrestation de ces dirigeants est un symptôme supplémentaire de l'incapacité des pouvoirs publics à se projeter au 21ème siècle et à concevoir un projet global éthique associant rémunération des auteurs et fluidité de la culture sur internet. Faute de stratégie publique intelligente, et de réflexion internationale indépendante des lobbies, on continuera à assister à une guerre de l'industrie du copyright face aux créatures qu'elle a elle même engendré » (3).
Quoiqu’il en soit, les Anonymous ont réalisé une véritable démonstration de force au cours des dernières 72 heures, en attaquant plus de 50 sites sur la planète, sites liés à des institutions ou à des entreprises du secteur audiovisuel (4). Cette démonstration est minimisée par les médias dits « mainstream » qui ne l’évoque que de façon anecdotique. Parmi les sites attaqués en raison de leur implication ou du soutien affiché à l’action du FBI, se trouvent ceux du FBI, de la Maison Blanche, du ministère de la justice américain, de la police et de la justice de Nouvelle-Zélande, des premiers ministres du Brésil et de Pologne, de la police du Brésil et des Pays-Bas, celui de l’Elysée, d’Hadopi, et depuis lundi matin, celui du ministère de la défense français (liste non limitative). Des sites de l’industrie audiovisuelle ont aussi été visés, dont ceux de la Motion Picture Association of America, de Warner, de Sony et de Vivendi. Ces deux derniers ont été attaqués hier dans l’après midi et en soirée, et une partie du catalogue de Sony a été mise en ligne gratuitement pour les internautes hier après midi. Certains de sites sont toujours hors service, d’autres ont affiché la devise des Anonymous dans leur bandeau ou sur des pages web (« We are legion. We do not forgive. We do not forget. We are Anonymous »). Les sites de Vivendi (.com et .fr) étaient toujours « tango down » (code utilisé par les forces spéciales pour signifier la mise hors d’état de nuire d’un adversaire), entendez hors service, cette nuit et ce matin. Les lecteurs d’Avox peuvent d’ailleurs suivre en direct l’évolution de la situation, sur Twitter par exemple, au moyens des étiquettes (tags) #Anonymous et #OpMegaupload.
Ces attaques ont été menées par l’envoi de connexions en très grand nombre, une opération connue comme attaque par déni de service (5). Les premières d’entre elles auraient mobilisé plus de 7 000 ordinateurs répartis sur toute la planète, leur nombre grandissant très vite selon Anonymous. Ainsi, ce sont plus de 20 000 machines qui auraient été utilisées hier pour asphyxier les différents sites mentionnés plus haut. Nous sommes donc bien entrés dans une phase de conflit, d’autant que la fermeture de Megaupload a entrainé celle de sites majeurs de compilation de liens - donc légaux - tel qu’Alloshowtv et Allostreaming en raison du déréférencement qu’ils ont subi de la part de moteurs de recherches tel que Google. Par ailleurs, des plates-formes de partage comme MixtureVideo, VideoBB ou Videozer sont partiellement inaccessibles ce lundi 23, probablement en raison du nettoyage des fichiers en cours. FileServe a par ailleurs supprimé le programme de rétribution de son site.
Anonymous ne compte pas en rester là : dans un message récent ces derniers comptent s’en prendre aux sites Xbox Live, Capital One, et à différents sites de banque ainsi qu’à celui de Wall Street si Megaupload n’est pas remis en ligne. Le site Mastercard a d’ailleurs déjà été attaqué. Des sites de réseaux sociaux ont aussi été menacés, en particulier Twitter qui a procédé semble-t-il à un nettoyage des messages portant le tag #OpMegaupload dans la nuit de samedi à dimanche. Hier soir, le site affichait d’ailleurs une surcharge de trafic inhabituelle et s’est trouvé inaccessible pendant plus d’une heure. Cette « guerre du net »est totalement silencieuse pour l’opinion publique. Elle est pourtant majeure parce qu’elle démontre que les USA sont susceptibles de contrôler l’ensemble du réseau mondial en raison de la localisation d’entreprises clefs sur leur sol, que plusieurs sites importants présentent des vulnérabilités majeures, et que l’action concertée d’un groupe d’individus peut toujours remettre en cause « l’ordre établi », quel qu’en soit le poids. Cette dernière leçon est importante dans le contexte social tendu que nous connaissons, où d’autres combats seront à mener principalement dans l’hypothèse où les politiques au pouvoir – dont certains se sont levés à 2H00 du matin pour se féliciter de l’action du FBI - seraient reconduits dans leurs fonctions…
Références :
1. voir :
http://www.agoravox.fr/actualites/t...
2. voir :
http://www.agoravox.fr/culture-lois...
http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
3. Voir :
http://evajoly2012.fr/2012/01/20/co...
4. Voir :
http://cylaw.info/?p=72
5. Voir :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Attaqu...
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A moins de vivre sur une autre planète, nos concitoyens ont sans nul doute entendu parler de la fermeture du site d’échange et de stockage Megaupload. Ce site hébergeait en effet bon nombre de fichiers son et vidéo, dont des copies de CD et de films. A la suite d’une enquête de plus de 12 mois, menée sous la pression des ayants droits (entendez des compagnies détentrices des droits) dont des majors telles que Sony, Universal, Warner et la très puissante Motion Picture Association of America, le FBI a procédé à la fermeture du site Megaupload et à l’arrestation d’un certain nombre de ses responsables (1).
Outre le fait que le site hébergeait aussi des données parfaitement légales, cette intervention du FBI pose un problème de droit puisqu’il semblerait que cette agence ait fait procéder à des modifications des noms de domaine de la galaxie Megaupload pour « fermer les sites », répartis entre Hong-Kong, les États-Unis, l’Europe et la Nouvelle-Zélande. Ces sites ne sont en effet pas fermés à proprement parlé, mais leur accès est impossible. Ceci devrait laisser du temps disponible aux agents du FBI pour « éplucher » l’ensemble des fichiers stockés, y compris d’ailleurs des fichiers privés, industriels, scientifiques, et légaux.Comment a-t-on pu arriver à cette situation ? Il se trouve que les noms des domaines (DNS) sont gérés par l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), une organisation théoriquement de gouvernance internationale, qui délègue la gestion de noms de domaines à la société Verisign, une filiale de Symantec, entreprise connue, entre autres, pour ses logiciels antivirus. Or, ces deux sociétés, ainsi que l’ICANN sont installées sur le territoire américain, et relèvent du droit de ce pays, ce qui a permis au FBI de bloquer les DNS. On comprend dès lors pourquoi les États-Unis se sont de tous temps opposés à la création d’une agence permettant une véritable internationalisation de la gestion des DNS, ne relevant du droit américain. Le cas de Megauopload est donc emblématique du risque que fait peser cette main mise états-unienne de la gestion de l’Internet, particulièrement dans un contexte ou se développe des volontés de contrôle fort des informations sur la toile au travers des lois SOPA et PIPA par exemple (2).
Cette fermeture du site Megaupload, et au-delà la démonstration qu’elle fait d’un contrôle de plus en plus forte du net par des groupes de pression politiques et financiers, se heurte cependant à une résistance de nombre d’internautes, dont les plus actifs sont « regroupés » sous le nom d’Anonymous. Ce groupe, qui est davantage une communauté, s'est sans doute construit autour de différentes motivations, certains y adhérant par conviction profonde de leur rôle de gardiens d’une certaine indépendance de la toile, de l’appartenance du web aux utilisateurs, d’autres par jeu, par esprit de rébellion, et ne nous leurrons pas non plus par souhait de ne pas voir disparaitre la gratuité de certains données audiovisuelles du net. Ceci posé, cette dernière motivation peut se comprendre dans la mesure où elle se positionne en regard d’un appétit d’argent toujours plus marqué des multinationales de l’audiovisuel. Madame Joly a d’ailleurs parfaitement analysé ce problème lorsqu’elle a déclaré « La fermeture de MegaUpload et l'arrestation de ces dirigeants est un symptôme supplémentaire de l'incapacité des pouvoirs publics à se projeter au 21ème siècle et à concevoir un projet global éthique associant rémunération des auteurs et fluidité de la culture sur internet. Faute de stratégie publique intelligente, et de réflexion internationale indépendante des lobbies, on continuera à assister à une guerre de l'industrie du copyright face aux créatures qu'elle a elle même engendré » (3).
Quoiqu’il en soit, les Anonymous ont réalisé une véritable démonstration de force au cours des dernières 72 heures, en attaquant plus de 50 sites sur la planète, sites liés à des institutions ou à des entreprises du secteur audiovisuel (4). Cette démonstration est minimisée par les médias dits « mainstream » qui ne l’évoque que de façon anecdotique. Parmi les sites attaqués en raison de leur implication ou du soutien affiché à l’action du FBI, se trouvent ceux du FBI, de la Maison Blanche, du ministère de la justice américain, de la police et de la justice de Nouvelle-Zélande, des premiers ministres du Brésil et de Pologne, de la police du Brésil et des Pays-Bas, celui de l’Elysée, d’Hadopi, et depuis lundi matin, celui du ministère de la défense français (liste non limitative). Des sites de l’industrie audiovisuelle ont aussi été visés, dont ceux de la Motion Picture Association of America, de Warner, de Sony et de Vivendi. Ces deux derniers ont été attaqués hier dans l’après midi et en soirée, et une partie du catalogue de Sony a été mise en ligne gratuitement pour les internautes hier après midi. Certains de sites sont toujours hors service, d’autres ont affiché la devise des Anonymous dans leur bandeau ou sur des pages web (« We are legion. We do not forgive. We do not forget. We are Anonymous »). Les sites de Vivendi (.com et .fr) étaient toujours « tango down » (code utilisé par les forces spéciales pour signifier la mise hors d’état de nuire d’un adversaire), entendez hors service, cette nuit et ce matin. Les lecteurs d’Avox peuvent d’ailleurs suivre en direct l’évolution de la situation, sur Twitter par exemple, au moyens des étiquettes (tags) #Anonymous et #OpMegaupload.
Ces attaques ont été menées par l’envoi de connexions en très grand nombre, une opération connue comme attaque par déni de service (5). Les premières d’entre elles auraient mobilisé plus de 7 000 ordinateurs répartis sur toute la planète, leur nombre grandissant très vite selon Anonymous. Ainsi, ce sont plus de 20 000 machines qui auraient été utilisées hier pour asphyxier les différents sites mentionnés plus haut. Nous sommes donc bien entrés dans une phase de conflit, d’autant que la fermeture de Megaupload a entrainé celle de sites majeurs de compilation de liens - donc légaux - tel qu’Alloshowtv et Allostreaming en raison du déréférencement qu’ils ont subi de la part de moteurs de recherches tel que Google. Par ailleurs, des plates-formes de partage comme MixtureVideo, VideoBB ou Videozer sont partiellement inaccessibles ce lundi 23, probablement en raison du nettoyage des fichiers en cours. FileServe a par ailleurs supprimé le programme de rétribution de son site.
Anonymous ne compte pas en rester là : dans un message récent ces derniers comptent s’en prendre aux sites Xbox Live, Capital One, et à différents sites de banque ainsi qu’à celui de Wall Street si Megaupload n’est pas remis en ligne. Le site Mastercard a d’ailleurs déjà été attaqué. Des sites de réseaux sociaux ont aussi été menacés, en particulier Twitter qui a procédé semble-t-il à un nettoyage des messages portant le tag #OpMegaupload dans la nuit de samedi à dimanche. Hier soir, le site affichait d’ailleurs une surcharge de trafic inhabituelle et s’est trouvé inaccessible pendant plus d’une heure. Cette « guerre du net »est totalement silencieuse pour l’opinion publique. Elle est pourtant majeure parce qu’elle démontre que les USA sont susceptibles de contrôler l’ensemble du réseau mondial en raison de la localisation d’entreprises clefs sur leur sol, que plusieurs sites importants présentent des vulnérabilités majeures, et que l’action concertée d’un groupe d’individus peut toujours remettre en cause « l’ordre établi », quel qu’en soit le poids. Cette dernière leçon est importante dans le contexte social tendu que nous connaissons, où d’autres combats seront à mener principalement dans l’hypothèse où les politiques au pouvoir – dont certains se sont levés à 2H00 du matin pour se féliciter de l’action du FBI - seraient reconduits dans leurs fonctions…
Références :
1. voir :
http://www.agoravox.fr/actualites/t...
2. voir :
http://www.agoravox.fr/culture-lois...
http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
3. Voir :
http://evajoly2012.fr/2012/01/20/co...
4. Voir :
http://cylaw.info/?p=72
5. Voir :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Attaqu...
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