Quand Pécresse achète des gilets pare-balles... avec l'aide au relogement d'urgence
Source de l'article (LePost)
Passée assez inaperçue le jour où elle fut prononcée, c'est par le biais du site Médiapart qu'une discussion houleuse de l'Assemblée Nationale entre Valérie Pécresse et les député Jean Pierre Brard (divers gauche) et Gilles Carez (UMP) a été remise en lumière. Elle date du 2 décembre et est disponible, comme tout compte rendu officiel, sur le site de l'Assemblée Nationale.
Dans cette discussion on apprend qu'afin "d'éviter le gaspillage" et pour s'assurer que "chaque euro doit être dépensé", Valérie Pécresse propose que les gilets pare-balles de la police soit en parti financés par l'excédant des fonds d'amorçage. C'est un tollé étant donné que l'argent de ce fond sert aussi aux relogements d'urgence.
Extraits choisis :
Mme Valérie Pécresse, ministre. Il s’agit de soutenir les communes pour l’acquisition de gilets pare-balles destinés à équiper les polices municipales. Il est donc proposé d’élargir les missions du fonds d’amorçage pour l’équipement des communes au titre du procès-verbal électronique institué l’année dernière et doté de 7,5 millions d’euros.
M. Jean-Pierre Brard. Quel rapport entre le procès-verbal électronique et les gilets pare-balles ?
Mme la présidente. Quel est l’avis de la commission ?
M. Jean-Pierre Brard. Cette proposition est invraisemblable. Je ne sais pas lequel de vos conseillers a eu cette idée, madame la ministre, mais si nous décernions comme le Canard enchaîné des « Noix d’honneur », il y aurait droit ! Vis-à-vis de l’opinion, vis-à-vis des associations, troquer des crédits destinés au relogement d’urgence contre des gilets pare-balles… Si encore, madame la ministre, vous aviez proposé, compte tenu de la situation dramatique des SDF, de troquer une partie des crédits pour le relogement d’urgence contre des couvertures chauffantes, j’aurais compris. Mais contre des gilets pare-balles, non ! Le ridicule a ses limites, même si je sais comme vous tous que, depuis Mme de Sévigné, il ne tue plus, hélas !
Cette histoire n'aurait pu rester qu'une enième bourde ministérielle de plus, comme le gouvernement Fillon en a produites, en produit et en produira, ainsi que le gouvernement appelé à lui remplacer à la mi-2012.
Mais elle est révélatrice de la position des sarkozistes envers la pauvreté : Lorsque l'on rappelle aux fanas de l'UMP ce discours surréaliste du candidat Nicolas Sarkozy il y a bientôt 5 ans où il disait que sous son mandat, plus personne ne serait obligé de vivre dans la rue, ceux-ci vous répondent invariablement que s'il ne l'a jamais fait c'est à cause de la crise. C'est le discours officiel depuis le début de son mandat, qui débuta par un fameux "les caisses de l'état sont vides" lorsqu'on lui avait posé une question sur sa possibilité de promouvoir le pouvoir d'achat.
En réalité, on a la preuve flagrante que ça n'est qu'un prétexte à leur désintérêt total des questions sociales : Lorsqu'on trouve par hasard un peu d'argent qui se libère, ils préfèrent le donner à la sécurité plutôt qu'aux fonds d'aides, et on a l'impression qu'ils n'y avaient pas pensé. "Ha oui, c'est vrai, il y a des pauvres, suis-je donc bête, j'avais complètement oublié." Et d'ici quelques temps, Sarkozy en discours de campagne nous dira que "promis, dès qu'on est sorti de la crise, on s'occupera d'un plan social d'aide pour que "plus-jamais-un-sdf-ne-meure-dans-la-rue."
D'un côté, je l'avoue, ça n'est pas 2 petits millions qui risquent de faire quelque chose contre la précarité et la dégradation sociale qu'une partie de la population risque de vivre dans les années à venir : pour cela il faudrait refonder une grosse partie de notre économie et surtout changer la manière dont sont redistribuées les richesses. J'ai conscience que cette dernière phrase sonne comme un cliché, mais c'est là tout le fond du problème : tant que les fonds sociaux seront vus comme une aumone qu'on peut donner ou retirer aux pauvres selon la situation ou le mérite, aucune solution durable ne sera appliquée.
Valérie Pécresse | Max PPP
Passée assez inaperçue le jour où elle fut prononcée, c'est par le biais du site Médiapart qu'une discussion houleuse de l'Assemblée Nationale entre Valérie Pécresse et les député Jean Pierre Brard (divers gauche) et Gilles Carez (UMP) a été remise en lumière. Elle date du 2 décembre et est disponible, comme tout compte rendu officiel, sur le site de l'Assemblée Nationale.
Dans cette discussion on apprend qu'afin "d'éviter le gaspillage" et pour s'assurer que "chaque euro doit être dépensé", Valérie Pécresse propose que les gilets pare-balles de la police soit en parti financés par l'excédant des fonds d'amorçage. C'est un tollé étant donné que l'argent de ce fond sert aussi aux relogements d'urgence.
Extraits choisis :
Mme Valérie Pécresse, ministre. Il s’agit de soutenir les communes pour l’acquisition de gilets pare-balles destinés à équiper les polices municipales. Il est donc proposé d’élargir les missions du fonds d’amorçage pour l’équipement des communes au titre du procès-verbal électronique institué l’année dernière et doté de 7,5 millions d’euros.
M. Jean-Pierre Brard. Quel rapport entre le procès-verbal électronique et les gilets pare-balles ?
Mme Valérie Pécresse, ministre. Cette dotation sera complétée par 2 millions d’euros prélevés sur les excédents du fonds d’aide au relogement d’urgence.
Mme la présidente. Quel est l’avis de la commission ?
M. Gilles Carrez, rapporteur général. Je ne suis pas favorable à cet amendement, madame la ministre. On financerait ces gilets pare-balles en prélevant 2 millions d’euros sur le fonds pour le relogement d’urgence. Franchement, ce n’est pas possible. Je sais bien que le FARU a un excédent, que l’on a d’ailleurs déjà utilisé pour abonder la DGF. Mais aller prélever de l’argent destiné au relogement d’urgence pour financer des gilets pare-balles, même si ce sont ceux des polices municipales, non !
M. Jean-Pierre Brard. Cette proposition est invraisemblable. Je ne sais pas lequel de vos conseillers a eu cette idée, madame la ministre, mais si nous décernions comme le Canard enchaîné des « Noix d’honneur », il y aurait droit ! Vis-à-vis de l’opinion, vis-à-vis des associations, troquer des crédits destinés au relogement d’urgence contre des gilets pare-balles… Si encore, madame la ministre, vous aviez proposé, compte tenu de la situation dramatique des SDF, de troquer une partie des crédits pour le relogement d’urgence contre des couvertures chauffantes, j’aurais compris. Mais contre des gilets pare-balles, non ! Le ridicule a ses limites, même si je sais comme vous tous que, depuis Mme de Sévigné, il ne tue plus, hélas !
Cette histoire n'aurait pu rester qu'une enième bourde ministérielle de plus, comme le gouvernement Fillon en a produites, en produit et en produira, ainsi que le gouvernement appelé à lui remplacer à la mi-2012.
Mais elle est révélatrice de la position des sarkozistes envers la pauvreté : Lorsque l'on rappelle aux fanas de l'UMP ce discours surréaliste du candidat Nicolas Sarkozy il y a bientôt 5 ans où il disait que sous son mandat, plus personne ne serait obligé de vivre dans la rue, ceux-ci vous répondent invariablement que s'il ne l'a jamais fait c'est à cause de la crise. C'est le discours officiel depuis le début de son mandat, qui débuta par un fameux "les caisses de l'état sont vides" lorsqu'on lui avait posé une question sur sa possibilité de promouvoir le pouvoir d'achat.
En réalité, on a la preuve flagrante que ça n'est qu'un prétexte à leur désintérêt total des questions sociales : Lorsqu'on trouve par hasard un peu d'argent qui se libère, ils préfèrent le donner à la sécurité plutôt qu'aux fonds d'aides, et on a l'impression qu'ils n'y avaient pas pensé. "Ha oui, c'est vrai, il y a des pauvres, suis-je donc bête, j'avais complètement oublié." Et d'ici quelques temps, Sarkozy en discours de campagne nous dira que "promis, dès qu'on est sorti de la crise, on s'occupera d'un plan social d'aide pour que "plus-jamais-un-sdf-ne-meure-dans-la-rue."
D'un côté, je l'avoue, ça n'est pas 2 petits millions qui risquent de faire quelque chose contre la précarité et la dégradation sociale qu'une partie de la population risque de vivre dans les années à venir : pour cela il faudrait refonder une grosse partie de notre économie et surtout changer la manière dont sont redistribuées les richesses. J'ai conscience que cette dernière phrase sonne comme un cliché, mais c'est là tout le fond du problème : tant que les fonds sociaux seront vus comme une aumone qu'on peut donner ou retirer aux pauvres selon la situation ou le mérite, aucune solution durable ne sera appliquée.
Sources : Mediapart, Assemblée nationale
Anonyme
16 janvier 2012 à 12:02
une info que j'ai voulu faire passer sur le site actu orange mais qui a été supprimé ; peu de gens sont au courrant de ça ;