FUKUSHIMA – L’évacuation de Tokyo aurait été envisagée
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Selon une enquête indépendante, révélée lundi 27 février par le New York Times, les autorités japonaises auraient secrètement envisagé d'évacuer les 35 millions d'habitants de l'agglomération de Tokyo au moment où elles craignaient de perdre le contrôle de la centrale de Fukushima. La Rebuild Japan Initiative Foundation, une commission indépendante composée de trente professeurs d'université, de journalistes et de juristes a enquêté pendant six mois sur la réaction des autorités japonaises au moment de la crise nucléaire.
L'étude révèle que pendant plusieurs jours le gouvernement n'avait plus d'informations sur l'état des dangereuses piscines de refroidissement du réacteur n° 4. Comme le souligne, Yuka Hayashi, dans un article du Wall Street Journal, cela montre surtout que malgré le calme affiché pour rassurer la population mondiale, le gouvernement japonais, envisageant le pire, a paniqué. Poussant le scénario catastrophe jusqu'au bout, il a envisagé rien de moins que la destruction de la ville. Yukio Edano, qui était porte-parole du gouvernement au moment de l'accident consécutif au tremblement de terre et au tsunami du 11 mars 2011, a déclaré aux enquêteurs : "J'ai pensé à un scénario diabolique" où les réacteurs nucléaires auraient explosé les uns après les autres. "Si ça arrive, Tokyo est fini", a-t-il dit avoir pensé.
La préfecture de Tokyo compte 13 millions d'habitants. En y ajoutant la population des trois préfectures voisines, qui constituent le "grand Tokyo", la mégapole compte 35 millions d'habitants, la plus importante agglomération urbaine du monde.
LE PREMIER MINISTRE A ÉVITÉ LE PIRE
La base de ces informations avait déjà été révélée il y a quelques mois par le premier ministre de l'époque, Naoto Kan, démissionnaire depuis. Mais l'enquête précise les événements entourant la pire crise nucléaire planétaire depuis l'accident de Tchernobyl, en Ukraine, en 1986.
D'après cette étude, Tokyo Electric Power (Tepco), l'entreprise gérant la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, située à 220 km au nord-est de Tokyo, a pensé évacuer le site où ses employés tentaient de maîtriser le désastre. Mais Tepco, qui a refusé de répondre aux questions de la commission, s'est vu ordonner à l'époque par Naoto Kan de continuer le travail en maintenant ses travailleurs sur place. D'après les experts, si le premier ministre n'avait pas insisté et obtenu gain de cause, l'accident de Fukushima aurait dégénéré davantage, entraînant des conséquences catastrophiques.
Près d'un an après le début de la crise, l'accident est aujourd'hui en cours de contrôle et les réacteurs sont en état "d'arrêt à froid", c'est-à-dire que leur température interne est descendue sous les 100 °C. Une centaine de milliers de personnes habitant les environs de la centrale dans la préfecture de Fukushima ont été évacuées dans les premières semaines de l'accident. Certaines des zones vidées de leur population vont rester inhabitables en raison d'une forte radioactivité, a prévenu le ministère de l'environnement.