Wikileaks?
Article source de TV5Monde
Depuis plusieurs mois, WikiLeaks est sous le feu des projecteurs. D'après The National, le site aurait publié plus de scoops depuis sa naissance fin 2006 que le Washington Post en 30 ans. Décryptage.
Des gens regardent un bandeau d'annonce sur WiliLeaks qui publie des documents secrets sur la guerre d'Irak, le 22 octobre 2010 à New York
24.10.2010Par Laure ConstantinescoQu'est-ce que WikiLeaks ? Le site, né en décembre 2006, s'autoproclame «service de renseignement du peuple » et veut « changer le monde en abolissant le secret officiel ». « Nous voulons trois choses: libérer la presse, révéler les abus et sauvegarder les documents qui font l'Histoire », avait expliqué en août dernier le numéro un de WikiLeaks, Julian Assange, à l'AFP à Stockholm. WikiLeaks met en ligne des documents secrets provenant de "fuites" (leaks en anglais), tout en préservant l'anonymat des sources. Les fameux « lanceurs d'alerte » ou« whistleblowers » sont ainsi invités à divulguer leurs informations compromettantes à WikiLeaks via un système informatique totalement sécurisé. WikiLeaks n'a pas d'employés - seulement des bénévoles - pas de bureau, pas d'adresse. Julian Assange dit n'avoir pas lui-même de maison.
Qui a fondé WikiLeaks ?
C'est Julian Assange. Né en 1971 - il refuse d'être plus précis - sur Magnetic Island, dans le nord-est de l'Australie, il passe une enfance nomade qui lui vaut de fréquenter 37 écoles et 6 universités, comme il l'a raconté à des médias australiens. Adolescent à Melbourne, il se découvre un talent de pirate informatique. Mais la police lui met la main dessus et il s'en tire, en plaidant coupable, avec une amende et un serment de bonne conduite. Ensuite, « j'ai été conseiller en sécurité, j'ai fondé une des premières compagnies de services informatiques en Australie, j'ai été consultant en technologie, chercheur en journalisme, j'ai coécrit un livre ». Il fonde WikiLeaks en 2006, avec « une dizaine de personnes venant du milieu des droits de l'homme, des médias et de la haute technologie ». Cet été, Julian Assange a été accusé dans une affaire de viol en Suède, qu'il a démenti catégoriquement et qualifié de « coup monté ». Le 18 novembre, la justice suédoise a ordonné son arrestation - un mandat d'arrêt international devrait être lancé. Enfin, le numéro deux du site a récemment démissionné, accusant Assange d'autoritarisme.
Grand, mince, poli, le sourire volontiers ironique, Assange pèse chaque mot et semble se plaire à entretenir le mystère autour de lui, ainsi qu'à goûter à la célébrité... Son Twitter compte 165 005 abonnés (au 24 octobre 2010) mais lui ne suit personne !
Quels sont les scoops de WikiLeaks ?
Parmi les cibles épinglées, on trouve des informations très variées : le blanchiment d’argent opéré par la banque suisse Julius Baer (en procès avec le site), la faillite frauduleuse de la banque islandaise Kaupthing, la pollution mortelle de la société Trafigura en Côte d’Ivoire, la corruption de membres du pouvoir au Kenya, ou encore les violations des droits de l’homme de l’administration américaine dans le camp de prisonniers de Guantanamo à Cuba.
En juillet 2010, le site publie 90 000 documents américains sur la guerre menée en Afghanistan Certains n'hésitent pas à comparer ce scoop avec les fameux « Pentagon papers » du New York Times. Pourtant, pas de révélation fracassante dans ces documents, mais la simple réalité crue du bourbier afghan. Cette fois, le barnum médiatique est savamment orchestré : WikiLeaks confie les documents en avant-première à un trio de médias renommés (The Guardian, Der Spiegel et The New York Times).
Vendredi 21 octobre 2010, WikiLeaks livre 400.000 rapports sur « l'histoire secrète » de la guerre en Irak, qui racontent par le menu détail le sombre quotidien de la guerre (voir encadré). Là encore, le site piloté par Julian Assange s'est offert la caution et la coopération d'autres médias célèbres - Le New York Times, The Guardian, le Monde, Der Spiegel et un site, The Bureau of Investigative Journalism - pour décortiquer les pièces du puzzle. Et cette fois WikiLeaks a aussi pris ses précautions : les différents rapports sont parsemés d'acronymes et de trous, afin de masquer l'identité des personnes impliquées, de faire disparaitre les informations personnelles, ou d'éviter toute localisation.
Dernière révélation en date, le 28 novembre 2010, WikiLeaks dévoile 250 000 câbles diplomatiques américains. Ces « statelogs » offrent « un panorama inédit des négociations d'arrière-salle telles que les pratiquent les ambassades à travers le monde », observe le New York Times, auquel Wikileaks a donné accès aux câbles secrets comme à nombre d'autres titres de référence de la presse du monde entier.
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