Radioactivité, évacuations, pertes... où en est le Japon?
Article de L'expansion.com
Quatre mois jour pour jour après l'accident de la centrale nucléaire, le quotidien des Japonais est bouleversé. Et pas seulement à Fukushima. L'Expansion.com fait le point.
Séisme Japon, Natori City. Maisons emportées par le tsunami. le 11 mars 2011.
REUTERS/KYODO
23.000 morts et disparus à cause du séisme
C'est le douloureux bilan du tsunami qui a frappé le Japon le 11 mars dernier. Au total 23.000 personnes sont mortes ou portées disparues après le séisme de magnitude 9 et le tsunami géant.
Au moins 150 milliards d'euros de dégâtsFin juin, le gouvernement nippon chiffrait à près de 150 milliards d'euros les dégâts provoqués par le cataclysme, soit l'équivalent de 3,5% du PIB japonais, ce qui en ferait la catastrophe naturelle la plus coûteuse de l'histoire. Un total qui ne comprend pas les conséquences économiques indirectes de ce tsunami, comme les pénuries d'électricité et les perturbations pour l'activité des entreprises notamment automobiles, ni les retombées de l'accident nucléaire. Mi-mars, la Banque du Japon a injecté 309 milliards d'euros dans les circuits économique. Pour financer la reconstruction, le gouvernement a déjà voté une rallonge budgétaire de 51 milliards d'euros auxquels pourraient bientôt s'ajouter 34 milliards supplémentaires.
20 microsievert/ heure, la nouvelle norme autoriséeDifficile de se faire une idée sur le niveau de radioactivité au Japon. Certaines grandes villes comme Tokyo semblent présenter des niveaux tout à fait conformes à la norme internationale (0,1 microsieverts par heure). Mais récemment, les autorités japonaises ont décidé de relever ce seuil de 1 mSv/an à 20 mSv/an (norme habituellement autorisée pour les travailleurs du nucléaire). Une décision jugée incompréhensible par l'opinion, et notamment à Fukushima où les enfants risquent plus encore la contamination. Récemment une des quatre mesures effectuée dans cette cité de près de 300.000 habitants a fait état d'un taux de césium radioactif de 46.540 becquerels par kilogramme, alors que le taux maximum légal est de 10.000 becquerels au Japon. Résultat, les habitants de la ville, aidés par de multiples collectifs associatifs, sont de plus en plus nombreux à demander leur évacuation, mais les autorités s'y refusent obstinément. Samedi, de forts taux de césium - plus de six fois les niveaux de radioactivité autorisés - ont été découverts dans du boeuf de la préfecture de Fukushima.
100.000 tonnes d'eau contaminée à la centrale de FukushimaLes ingénieurs de Tepco, l'opérateur de la centrale, sont toujours à pied d'oeuvre pour reprendre le contrôle des six réacteurs du site. Près de 100 000 tonnes d'eau contaminée sont en effet toujours bloquées dans les bâtiments. Pour refroidir les réacteurs - en attendant le système de refroidissement annoncé pour janvier 2012 - les Japonais sont obligés de verser 500 tonnes d'eau chaque jour afin d'empêcher le combustible nucléaire de chauffer. Malheureusement, une partie de cette eau s'accumule dans les installations, ce qui pourrait provoquer un débordement si le système de pompage ne se remet pas en route très rapidement. A en croire les autorités, le nettoyage et le déclassement de la centrale " prendra trois, cinq, dix ans voire plusieurs décennies pour gérer l'accident", déclarait ce week-end le premier ministre japonais, Naoto Kan. Pas très rassurant... Malgré cela le gouvernement japonais a réaffirmé ce lundi qu'il était hors de question de remettre en cause le nucléaire.
- 15% de consommation électrique pour TokyoDepuis l'accident, 35 réacteurs sur les 54 installés au Japon n'ont pas été relancés. 19 sont donc actuellement en activité, les autres étant stoppés soit directement à cause d'un séisme, soit pour des opérations de maintenance. Le manque d'électricité commence à se ressentir par les habitants inquiets de ne pas pouvoir faire face aux grosses chaleurs humides de l'été qui arrivent. Sur injonction gouvernementale, les entreprises et administrations de la région de la capitale doivent réduire de 15% leur consommation d'électricité depuis le 1er juillet, afin d'éviter des coupures de courant.
11 milliards de pertes pour TepcoL'exploitant de la centrale a publié fin mars une perte de près de 11 milliards d'euros lors de l'année budgétaire 2010-2011, la plus lourde jamais connue par une entreprise japonaise, hors secteur financier. En cause, la dépréciation massive d'actifs et le coût des opérations d'urgence consécutifs à la catastrophe. Le groupe devra également dédommager 160.000 victimes pour un montant total d'environ 8,5 milliards d'euros. Pour éviter la faillite de l'électricien japonais, le gouvernement a prévu un mécanisme de financement public des dédommagements au cas où Tepco ne pourrait faire face, mais son projet de loi est englué au Parlement.