Ces voleurs qui doivent 600 milliards d’euros à la République
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L’écœurement : voilà ce qui a inspiré à Nicolas Dupont-Aignan son livre Les voleurs de la République. Enquête sur les parasites fiscaux, véritable brûlot lancé contre la fraude fiscale, l'escroquerie... et le laisser-faire de l’État.
Le député souverainiste, candidat à la présidentielle de 2012, est parti à la traque de tous ces « pilleurs de bien public ». Il raconte dans son livre toutes ces réunions du mardi après-midi, à l'Assemblée Nationale, où il auditionne ceux qui participent au système en cause. Affaire trop immense pour être combattue seul, Sherlock Holmes fait équipe avec son Watson, Alain Bocquet, député-maire de Saint-Amand-les-Eaux. L'un est gaulliste, l'autre communiste : et pourtant, les deux députés ne cachent pas leur « dégoût » et leur« colère » devant une fraude qui se trafique sous leurs yeux.
Le chiffre donne le vertige, comme la réalité qui se cache derrière. Selon Nicolas Dupont-Aignan, ce sont bien 600 milliards d'euros que les contribuables français cachent à l'étranger. Les récupérer, ce serait réduire d'un tiers notre dette publique. Chaque année, le manque à gagner est de 60 milliards, ce qui correspond au premier budget de l’État, celui de l’Éducation Nationale.
Comme si la fraude ne suffisait pas, voilà que certains s'adonnent à l'escroquerie, en l’occurrence à l'escroquerie à la TVA sur les quotas de carbone. Déjà un milliard d'euros serait passé par-là.
L'incurable mal français
L’écœurement est légitime. Surtout, raconte l'auteur, que ces pratiques ont lieu alors que le gouvernement dépouille de plus en plus les français (sur les retraites, la sécu, les allocations, etc.), le tout pour« grappille[r] quelques dizaines de millions d'euros ici et là ». L'intérieur du gouvernement se voit lui aussi infliger un carton rouge. NDA pointe ces « élites politico-économiques [qui] créent d'autant plus d'impôts nouveaux qu'ils sont les premiers à s'en exonérer ». Il n'épargne pas non plus les anciens chefs d’État « qui se font payer 100 000 euros l'heure par des banques aux pratiques douteuses ». (Allusion à Nicolas Sarkozy ?)
Comment ne pas penser au Mal Français d'Alain Peyrefitte quand il écrit que tout est cause d'un« laisser-faire des gouvernements successifs et [de] l'esprit de démission qui imprègne les élites françaises » !Et quand il ajoute que l’État cherche systématiquement à « concilier les contraires et à ne pas froisser les puissants » !
Les faux-semblants
Comment tuer l' « ennemi » ? Certainement pas au moyen des discours des bureaucrates, qu'ils soient parisiens ou bruxellois. « Il faut, insiste NDA, aller au contact des enquêteurs, des policiers et des douaniers », ceux-là qui les premiers sont confrontés à la réalité de la vaste escroquerie.
L' « ennemi » est d'autant plus redoutable qu'il a un « double visage » : celui du banquier à la cravate bien nouée, ou celui du mafieux international, qui fait dans le crime, le trafic d'armes ou le trafic de drogue. Leur monde est un monde fait de circuits parallèles sinueux, de sociétés suspectes à la sombre opacité, de toutes choses qui ne rejoignent qu' « un seul but, [celui] de profiter du système ».
Seuls des « moyens exceptionnels », comme ceux qui ont été décidés par les États-Unis, peuvent endiguer le vol fiscal. Point de timidité, mais de la rigueur punitive. Les français, conclut Nicolas Dupont-Aignan, doivent se mobiliser autour de ce « nouveau civisme ». Et qui l'aura lu sera une flèche à son arc.
Les Voleurs de la République. Enquête sur les parasites fiscaux, par Nicolas Dupont-Aignan. Fayard, 263 p., 17 €