Témoin Indésirable
Sans relâche, Hollman Morris dénonce les ravages de la guerre civile en Colombie. Le portrait saisissant d'un journaliste courageux et intègre et, à travers lui, d'un pays déchiré.
Le film commence par des images bleutées : une voiture sur laquelle on a hâtivement inscrit "presse" s'avance dans Toribio. Dans cette bourgade colombienne dévastée par la guérilla, on aperçoit des blessés, des décombres, un homme qui témoigne en pleurant. Puis la caméra s'éloigne, laissant ces images là où elles sont : l'écran d'un petit téléviseur noyé dans l'agitation de la cuisine d'un restaurant, où la clientèle passe un moment agréable à mille lieues de ces problèmes. L'homme qui se trouve aux côtés des habitants de Toribio se nomme Hollman Morris. Journaliste et producteur, il réalise et anime Contravía, émission de reportages diffusée par intermittence sur la chaîne publique Canal Uno. Il va dans les coins reculés du pays, pour filmer les exactions de l'armée, des paramilitaires ou des guérilleros et donner la parole aux victimes de cette guerre civile.
Critiques et ménaces
Sorti en salles en avril 2009, Témoin indésirable est une formidable plongée dans un pays qui compterait 20 000 personnes disparues et 4 millions de déplacés, et où les citadins ignorent ce qui se passe dans les campagnes, à quelques centaines de kilomètres de chez eux. Il témoigne aussi des pressions qui pèsent sur le journalisme indépendant en Colombie. Couvert de prix, Hollman Morris n'en a pas moins été la cible des critiques d'Alvaro Uribe (président du pays jusqu'en juin 2010) et de menaces de mort anonymes. Le film montre la grandeur et les aléas du métier : la reconnaissance internationale, la fierté de témoigner, mais aussi le service de sécurité qui fait défaut, les proches qui craquent... Il souligne cette dichotomie en alternant au montage la violence des reportages et la vie paisible de la famille Morris, qui paraît d'autant plus fragile. Ce qui n'empêche pas le journaliste de tenir bon. Contraint plusieurs fois de s'expatrier pour raisons de sécurité, il est toujours revenu. "Pour moi, l'exil, c'est accepter qu'il n'y ait pas d'autres solutions face à la barbarie d'un petit nombre et l'indifférence de la majorité, déclare-t-il. C'est fuir en courant, et laisser à mes enfants le même semblant de pays que mes parents m'ont laissé."
Le film commence par des images bleutées : une voiture sur laquelle on a hâtivement inscrit "presse" s'avance dans Toribio. Dans cette bourgade colombienne dévastée par la guérilla, on aperçoit des blessés, des décombres, un homme qui témoigne en pleurant. Puis la caméra s'éloigne, laissant ces images là où elles sont : l'écran d'un petit téléviseur noyé dans l'agitation de la cuisine d'un restaurant, où la clientèle passe un moment agréable à mille lieues de ces problèmes. L'homme qui se trouve aux côtés des habitants de Toribio se nomme Hollman Morris. Journaliste et producteur, il réalise et anime Contravía, émission de reportages diffusée par intermittence sur la chaîne publique Canal Uno. Il va dans les coins reculés du pays, pour filmer les exactions de l'armée, des paramilitaires ou des guérilleros et donner la parole aux victimes de cette guerre civile.
Critiques et ménaces
Sorti en salles en avril 2009, Témoin indésirable est une formidable plongée dans un pays qui compterait 20 000 personnes disparues et 4 millions de déplacés, et où les citadins ignorent ce qui se passe dans les campagnes, à quelques centaines de kilomètres de chez eux. Il témoigne aussi des pressions qui pèsent sur le journalisme indépendant en Colombie. Couvert de prix, Hollman Morris n'en a pas moins été la cible des critiques d'Alvaro Uribe (président du pays jusqu'en juin 2010) et de menaces de mort anonymes. Le film montre la grandeur et les aléas du métier : la reconnaissance internationale, la fierté de témoigner, mais aussi le service de sécurité qui fait défaut, les proches qui craquent... Il souligne cette dichotomie en alternant au montage la violence des reportages et la vie paisible de la famille Morris, qui paraît d'autant plus fragile. Ce qui n'empêche pas le journaliste de tenir bon. Contraint plusieurs fois de s'expatrier pour raisons de sécurité, il est toujours revenu. "Pour moi, l'exil, c'est accepter qu'il n'y ait pas d'autres solutions face à la barbarie d'un petit nombre et l'indifférence de la majorité, déclare-t-il. C'est fuir en courant, et laisser à mes enfants le même semblant de pays que mes parents m'ont laissé."
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