Fukushima : corruption locale, danger mondial
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Fukushima n’est pas un problème japonais. Ou pas seulement.
Certes, les japonais sont les premiers exposés et le moment approche où l’on verra Tokyo se vider de ses habitants encore valides, pendant que les autres en submergent les hôpitaux. Le lac Kasumigaura, le deuxième plus grand lac du Japon avec une surface de 220 km2, est situé à 60 km au Nord-Est de Tokyo. Il absorbe depuis 2 ans des matières radioactives, notamment du césium. Il approvisionne 960 000 personnes en eau “potable”.
Partout où l’on mesure à Tokyo, on trouve de la radioactivité: voir par exemple cet articlesur des mesures réalisées dans un appartement au centre de la ville. Les taux communiqués par les agences officielles sont truqués car les dosimètres sont isolés par des blindages en plomb. Pareil pour les travailleurs sur le site contaminé, obligé de porter des coques en plomb autour de leurs dosimètres personnels… Rien d’étonnant à cela depuis que l’on sait, suite à l’enquête parlementaire japonaise, que la catastrophe nucléaire est avant tout le résultat de négligences facilitées par la collusion entre le gouvernement japonais, l’agence de régulation et l’opérateur Tepco. Il n’y aucune raison de croire que cette situation est unique au Japon, elle existe très probablement partout où il existe un “pouvoir nucléaire” important, à commencer par la France.
La situation à Fukushima n’est pas sous contrôle, même si personne n’en parle dans les médias officiels. Toutes les enveloppes des réacteurs 1, 2 et 3 sont percées et le corium (un magma de combustible et des éléments fondus du coeur du réacteur) se balade un peu partout dans les canalisations, les failles souterraines… L’injection d’eau de refroidissement ne sert plus à grand chose vu que le corium n’est plus dans les réacteurs, l’eau ne faisant finalement que faciliter la dispersion des radionucléides. Idem pour les piscines 3 et 4, qui représentent le principale danger en termes de contamination mondiale: il y a d’une part un très grand risque que, volontairement ou non, cette eau mortelle se retrouve dans le Pacifique suite à l’effondrement des piscines (par manque d’entretien ou lors d’un prochain tremblement de terre) et d’autre part, une fois l’eau partie, les 220 tonnes de carburant fissile (dont 88 tonnes de MOX) partiront en une colonne de fumée très hautement radioactive qui se déposera partout où la poussera le vent.
C’est à ce moment-là que le spectre de Fukushima apparaîtra au monde entier dans toute son horreur et que, peut être, les lobbies du nucléaire se feront hara-kiri dans un prout final et définitif (maigre compensation, certes); mais entre-temps, déjà, ce qui s’échappe de Fukushima arrive sur les côtes chinoises et américaines par les airs et par la mer. Des plumes radioactives traversent actuellement le Pacifique en direction des côtes Ouest de l’Amérique, qui fût contaminée par le césium 137 dès le mois de mars 2011.
Avec une demi-vie de 30 ans, le césium 137 est un élément hautement toxique avec une palette d’effets conséquents sur nos organismes. Il n’y a guère de raisons de penser que les côtes européennes ne seront pas touchées.