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The Economist prévient les français : Gare à vous !


Source


Dans son édition du 31 mars 2012, l’hebdomadaire britannique The Economist a fait sa couverture sur ce titre “France : le déni”, l’élection la plus frivole du monde occidental. L’article est disponible en ligne sur http://www.economist.com/node/21551478


Le déjeuner sur l’herbe

Le numéro a fait du bruit dans le landerneau des commentateurs français. Rappelons ici que The Economist est un des journaux les plus influents de la planète. Tirant à 1,5 millions d’exemplaires, 50% de plus qu’en 2000, le journal défie la crise de la presse écrite. Lu par les décideurs économiques mais aussi politiques, vous le trouverez en bonne place dans la plupart des aéroports du monde au même titre que Cosmopolitan et Psychologies. Fondé en 1843 pour promouvoir la liberté du commerce (Free-trade), l’hebdomadaire est une des voix des “marchés” au même titre que son actionnaire à 50%, le Financial Times ou encore le Wall Street Journal.


Que nous dit The Economist ?
  1. Les réformes en cours en Europe revigorent l’observateur. MM. Monti en Italie et Rajoy en Espagne s’attaquent au marché du travail (entendez par là qu’ils démantèlent le droit du travail et les droits syndicaux) et les Grecs malgré leurs problèmes ont compris que le temps de la dépense sans limite et de l’évasion fiscale est fini.
  2. Seule la France n’a pas compris que les temps ont changé. Les fondamentaux sont mauvais : dette publique à 90% du PIB et en augmentation, exportations stagnantes alors que celles de l’Allemagne progressent.
  3. Les politiciens français sont face à une population qui, quasi-seule dans ce cas dans le monde développé, croit que la mondialisation est une menace aveugle plutôt qu’une source de prospérité. Donc, les politiques font des promesses extravagantes. Beaucoup de patrons français s’accrochent à l’espoir, qu’une fois élu, le nouveau président, quelque qu’il soit, se rendra à la raison, oubliera ses promesses et poursuivra le même programme de réformes que les autres gouvernements européens. The Economist doute toutefois que cela sera possible.
  4. En fait, le journal voit une possibilité encore plus inquiétante que le manque de sincérité, c’est celle que MM. Sarkozy et Hollande croient vraiment ce qu’ils disent (sic). Et avec M. Hollande, le vainqueur le plus probable, ceci pourrait avoir des conséquences dramatiques. The Economist rappelle le précédent de 1981. Il fallut deux dévaluations et des mois de “punitions” par les marchés pour forcer M. Mitterrand à faire marche arrière. Or, The Economist ajoute qu’à l’époque, il y avait le contrôle des changes, un marché commun beaucoup moins intégré et pas de monnaie unique. En mai 2012, quelques semaines, non des années seraient suffisantes aux investisseurs pour assécher le marché des titres de la dette souveraine française. Même avec M. Sarkozy, ce risque ne disparaitra pas bien qu’il ne propose rien d’aussi stupide qu’un taux d’imposition à 75%. Et le journal de conclure en déplorant qu’aucun candidat ne propose les réformes radicales et la réduction structurelle des dépenses dont la France aurait besoin.

Il est tout de même remarquable que des vues aussi biaisées soient la vulgate de la pensée économique et politique actuelle. Commentons les quatre affirmations que nous avons relevées :

  1. La réforme-démantèlement du droit du travail et des droits syndicaux en cours en Italie et en Espagne a été effectué dans les années 1980 par Mme Thatcher et M. Reagan. Donc, le Royaume Uni et les Etats-Unis ont accompli les “bonnes” réformes que l’Europe continentale, à l’exception de l’Allemagne, tarderait à faire. Par conséquent, les deux pays que séparent un océan et la même langue devraient avoir des résultats bien meilleurs que ceux de la France.

  2. Or, qu’en est-il ?
    * Déficit public en pourcentage du PIB cumulé à fin 2010 : Etats-Unis, 89%, France, 84%, Royaume-Uni, 79% et Allemagne... 79%.
    3 Déficit public annuel en 2012 en pourcentage du PIB selon les propres statistiques de The Economist : Etats-Unis -7,8%, Royaume-Uni, -7,6%, France -4,7%... Sauf erreur de ma part, les dettes publiques des deux pays anglo-saxons croitront en 2012 encore plus vite que celle de la France et sont à un niveau comparable voire supérieur pour les Etats-Unis.
    * Pour les déficits de la balance courante prévus en 2012, indicateur qui mesure ce que le pays doit emprunter à l’étranger, les Etats-Unis sont en pourcentage du PIB à -3%, le Royaume-Uni à -1,4% et la France à -2,1%. Pas de quoi pavoiser donc pour les soit-disant bons élèves. Tout le monde semble logé à la même enseigne.
    * Quand on compare l’évolution de la dette publique entre 2006 et 2010, mesurant ainsi une sorte de cout de la crise, on voit que la dette publique du Royaume-Uni est passée de 43% à 77% du PIB soit une augmentation de 34%. Celle des Etats-Unis est passée de 65% à 89% soit 24% de plus alors que celle de la France a cru de 17%. Notons que l’Italie de l’infâme Berlusconi a augmenté sa dette publique de 11% pendant la crise. Bien sûr, l’Italie était beaucoup plus endettée en 2006. Il reste que la France fait plutôt mieux que les anglo-saxons. On voit donc que The Economist utilise les données macro-économiques de façon sélective, sans les mettre en perspective et sans les comparer. Le but est d’asséner son message qui est clairement idéologique. Source : CIA factbook 
    1

  3. Selon The Economist, la mondialisation est par définition bonne et apporte la prospérité. Les Grecs et les Argentins qui vivent ou ont vécu un désastre social, les Russes dont la transition vers l’économie de marché aura couté dix ans d’espérance de vie apprécieront. Il en va de même des pays du Sud qui restent exportateurs nets de capitaux vers le Nord. La Chine elle-même paie un lourd tribut en termes écologiques et sociaux pour ses excédents commerciaux. Entre 2000 et 2010, les salaires allemands ont baissé en termes réels, c’est-à-dire déduction faite de l’inflation, de 2,5%. Cette baisse a atteint 20% pour les bas salaires.2 L’espérance de vie des 15% les plus pauvres a baissé en Allemagne sur la dernière décennie. Comment mesurer ces “externalités” de la mondialisation ?
     
  4. Enfin, et ce me semble le plus intéressant, The Economist ne nous promet pas les chars soviétiques à Paris en cas de victoire de M. Hollande mais plutôt les traders de Goldman Sachs. Sans fard, le magazine annonce que quelques semaines suffiront aux marchés pour faire capituler n’importe quel gouvernement français. Dans son style assez inimitable, The Economist se demande crument comment il se fait que les électeurs français et leurs responsables politiques soient assez stupides pour ne pas s’en rendre compte. Pour ce dernier point, nous pouvons faire toute confiance au journal. Il soutiendra et justifiera de toute sa crédibilité pseudo-scientifique ce qui sera une attaque spéculative coordonnée.

 En fait, il me semble que, sans doute involontairement, l’hebdomadaire britannique conforte les candidats souverainistes. En effet, Mme Le Pen et M. Dupont-Aignant vont répétant que l’Euro ne donne pas de marge de manoeuvre à la France. La politique proposée par M. Mélenchon est encore plus anathème pour The Economist et pourtant Jean-Luc Mélenchon n’en tire pas la conclusion que, pour la mener, il faudrait sortir de l’Euro. C’est ce que M. Mitterrand avait finalement décidé de ne pas faire en choisissant de rester dans le Système Monétaire Européen (SME) en 1983. S’il y a une frivolité des hommes politiques français, c’est celle de ne pas dire qu’en effet, les marchés financiers vont se déchainer si on ne se comporte pas comme ils le souhaitent. Il faut excepter des frivoles M. Sarkozy qui est le candidat désigné par les marchés et par ses pairs en Europe. Les autres candidats, M. Hollande en tête, me semblent manquer de clarté en ne préparant pas l’électorat au fait qu’il y a un prix à payer pour mener la politique qu’ils proposent. Relancer par la consommation sans intervenir sur le commerce aux frontières, c’est-à-dire par des mesures protectionnistes incompatibles avec les règles européennes, creusera le déficit commercial comme en 1981. Et alors, ne pas changer les règles du jeu monétaire rendra très difficile le financement de la dette publique et coutera beaucoup plus cher. Les capitaux fuiront en masse. Ce scénario est déjà à l’oeuvre en Hongrie qui elle, n’est pas dans la zone Euro. Promettre du sang et des larmes est britannique, pas électoraliste.

Par ailleurs, on voit que, sous couvert d’expertise économique, The Economist ne se gêne pas pour intervenir sans complexe de manière partisane et biaisée dans le débat politique. Cette utilisation de la science économique à des fins idéologiques est bien connue et a fait l’objet de nombreuses publications récentes.3

1 Le classement des dettes publiques proposés par Wikipedia est celui du CIA factbook :http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_pays_par_dette_publique


3 Pour la situation en France, lire Laurent Mauduit, Les imposteurs de l’économie, Avril 2012. Pour les Etats-Unis, voir le remarquable documentaire de Charles Fergusson Inside Jobs (2010) et pour une analyse universitaire, lire “The Puzzle of Modern Economics, Science or Ideology ?”, Roger E. Backhouse (2010).







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  1. Anonyme

    18 avril 2012 à 07:39

    bien sur que pour les français le retour de baton va faire mal ; mais quitte à en baver , j'aime autant que ce ne soit pas sous le joug de sarkozy qui en plus se vengerait du désamour des français à son encontre ;

  1. Asnieb

    18 avril 2012 à 08:25

    La crise c'est sûr qu'on ne l'évitera pas.

    Le comportement du futur président fera soit retarder l'échéance soit l'approcher. On ne peut pas grand chose face à cette immense dette qui finira par nous tomber dessus tôt ou tard.

    Il y a un lien intéressant sur lequel je suis tombé concernant l’endettement "provoqué" ou plutôt subit par les partis en place depuis 1974 :

    http://www.sincerites.org/article-qui-de-la-droite-ou-de-la-gauche-a-le-plus-endette-les-francais-e-s-de-1974-a-2010-inclus-103359881.html

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